Il était l’homme à battre il y a quelques semaines et l’homme à abattre pour Donald Trump, Joe Biden est dans une bien mauvaise passe. Certes, tous les sondages le donneraient gagnant contre Donald Trump. Mais son problème est qu’il est actuellement très mal placé pour être le candidat démocrate. Il a fallu d’abord expliquer sa contre-performance dans l’Iowa, puis celle dans le New Hampshire, mais ce n’était pas grave car il allait se refaire une santé dans le Nevada. Et puis, patatras, les sondages ne sont pas très bons puisqu’ils ne le placent qu’en deuxième position, assez loin derrière Bernie Sanders : 18 % contre 25 % pour le sénateur du Vermont. Même si la marge d’erreur du sondage est de 4,8 %, ce n’est pas bon et de toute façon la tendance de ces derniers jours au niveau national est mauvaise. Joe Biden est très mauvaise passe.
Les primaires du Nevada et de la Caroline du Sud ne seront que des mises en bouche pour affiner les positions des uns et des autres, mais le véritable test sera le Super Tuesday du 3 mars avec en prime l’arrivée dans la bataille de Michael Bloomberg, mini Mike comme l’a baptisé Donald Trump, mais Maxi Bloomberg si l’on considère l’argent qu’il a à sa disposition. Il avait annoncé qu’il dépenserait 1 milliard de dollars pour lui ou le candidat qui sera le mieux placé. Mais au rythme actuel des dépenses, il ne devrait pas rester grand-chose de la tirelire s’il était amené à arrêter sa campagne. Selon le New York Times, il a déjà dépensé 400 millions de dollars en trois mois de campagne. Mais poursuit le quotidien new-yorkais (Bloomberg’s Billions: How the Candidate Built an Empire of Influence), ces dépenses sont encore largement inférieures à ce qu’il a donné à des œuvres philanthropiques, en particulier plus de 3 milliards de dollars à la Johns Hopkins University, son alma mater.
Un argument en forme de dédouanement pour un candidat qui malgré est en mesure de se « payer » une élection. Faut-il s’en réjouir même si c’était le seul moyen de faire battre Donald Trump ? Pas si sûr. D’abord, c’est une immixtion contestable de l’argent dans la politique. Et puis, après Bloomberg, ce sera qui : Mark Zuckerberg, le patron de Facebook, Larry Ellison, le CEO d’Oracle. Toutes les hypothèses les plus farfelues sont permises et tous les milliardaires se penseront en président putatifs.
Il n’est donc pas impossible que l’on se retrouve avec un face-à-face Bernie Sanders contre Michael Bloomberg après le super Tuesday. Une sorte de répétition des primaires de 2016 avec la centriste Hillary Clinton favorite de l’establishment démocrate, et le social-démocrate qui n’hésite pas à se présenter comme socialiste, Bernie Sanders. En 2020, Bernie Sanders reste sur la même ligne tandis qu’Hillary Clinton a été remplacé par Michael Bloomberg, tout aussi centriste, mais moins détesté et surtout avec des poches beaucoup plus pleines. L’establishment démocrate va-t-il rééditer les manœuvres pour favoriser un candidat et en écarter un autre dont les positions ne seraient pas majoritaires dans le parti. Ce serait là un bien mauvais calcul et sans doute une mauvaise stratégie.