La première mission à laquelle s’est attelée l’administration Biden est de mettre en œuvre la politique de vaccination contre la Covid-19. Jusqu’ici, l’opération est un succès, plus de 220 millions d’Américains ont reçu leur première dose dans les 100 premiers jours de Joe Biden à la Maison Blanche. Un résultat supérieur à l’objectif fixé. 56 % des adultes ont déjà été complètement vaccinés et 150 millions ont reçu leur première dose. Joe Biden a fixé l’objectif de 70 % des adultes vacciné à horizon du 4 juillet. Objectif qui parait relativement facile : vacciner 14 % de la population en 2 mois semble moins imposant que 56 % en 4 mois (c’est deux fois moins). On pourrait penser que le plus dur a été fait. Il n’en est rien. Car après les défis liés à la production, la distribution et l’administration des vaccins, les États-Unis, comme nombre d’autres pays, sont confrontés au mur de la suspicion et du doute.
Le rythme de vaccination a clairement baissé. La raison principale est qu’une proportion importante de la population, que l’institut Gallup a mesuré à 25 %, ne souhaite pas se faire vacciner. Il va donc falloir trouver des trésors d’imagination pour convertir les esprits. Certes 25 % c’est un progrès par rapport à septembre 2020 où il était de 50 % mais à cette époque les vaccins n’étaient pas disponibles. Mais depuis janvier où les premières doses ont été administrées, la proportion des irréductibles est restée relativement stable. Dans une telle situation, les experts rappellent qu’il sera difficile d’atteindre le niveau d’immunité collective nécessaire pour venir à bout de cette épidémie aux Etats-Unis. L’immunité collective au niveau mondiale semble encore bien plus lointaine.
Quelles sont les raisons de ce refus des bienfaits de la biologie moderne dans un contexte de doute sur les progrès de la science ? Certaines des raisons peuvent être entendues, d’autres sont franchement inaudibles. « Want to wait to confirm it is safe » : Attendre jusqu’aux calendes grecques alors que les différents vaccins, quelles que soient les techniques utilisées, sont à la fois sûrs et efficaces. Certains opposants mettront en avant les quelques cas problématiques mais ne les mettront jamais en perspective au regard des millions de doses administrées. La peur est mauvaise conseillère dit-on et les comparaisons des risques ne sont pas toujours efficaces. « Don’t think health effects of COVID-19 would be serious » : n’est-elle pas étonnante alors que le nombre de morts atteint les 600 000.
Dans un article publié par le magazine The Atlantic (Millions Are Saying No to the Vaccines. What Are They Thinking?), le journaliste a rencontré des opposants au vaccins pour comprendre les raisons de leur position. On y retrouve pêle-mêle les raisons répertoriées par l’institut Gallup auxquelles on peut ajouter la méfiance vis-à-vis des institutions et la détestation des laboratoires pharmaceutiques qui vont gagner des milliards de dollars dans cette opération de vaccination (la seconde partie de la phrase qui est réelle doit-elle susciter la première ?). Au premier trimestre 2021, le chiffre d’affaires de Pfizer généré par les vaccins a triplé, le bénéfice net global a augmenté de 45 %).
Parmi les facteurs de différenciations – sexe, âge, Éducation, revenue, appartenance partisane – c’est ce dernier qui est le plus discriminant et de beaucoup : 95 % des démocrates déclarent avoir reçu ou désireux d’être vaccinés contre 53 % seulement des républicains. C’est d’autant plus étonnant que Donald Trump répète que c’est grâce à lui que l’Amérique a accès au vaccin. Il est vrai qu’il n’a pas vraiment fait le service après-vente et n’a pas milité activement pour cette cause. Pour lui, le seul intérêt du vaccin était d’être disponible avant les élections pour servir sa cause. A partir du moment où cela n’a pas été le cas et où il n’a pas été réélu, il s’est totalement désintéressé de cette cause. Cette différence entre républicains et démocrates s’observe nettement sur l’avancement de la vaccination dans les différents états en fonction de leur positionnement politique (voir infographie ci-dessous).