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Une brève histoire des politiques d’immigration aux Etats-Unis

Face à la reprise épidémique et aux décisions et déclarations plus que regrettables de certains gouverneurs, Joe Biden est intervenu pour leur demander de l’aider dans cette lutte commune : « I say to these governors: please help, but you aren’t going to help at least get out of the way (…) The people are trying to do the right thing. Use your power to save lives. » Ron DeSantis n’a pas apprécié et il s’est fendu d’une petite conférence de presse dans pour répondre au président et lui expliquer les raisons de l’explosion épidémique liée au variant delta sont simples. C’est parce que des millions d’étrangers porteurs du virus traversent illégalement la frontière avec le Mexique et infectent les Américains. C’est ce qu’a osé déclarer Ron Desantis après le discours de Joe Biden dans lequel le président suppliait les gouverneurs de les aider dans la lutte contre la Covid.

Cette instrumentalisation de l’immigration avait été faite en son temps par Donald Trump en 2015 quand il avait annoncé sa candidature à la présidence : « They are sending people that they don’t want—the United States is becoming a dumping ground for the world. They’re sending people that have lots of problems, and they’re bringing those problems with us.  They’re bringing drugs, they’re bringing crime, they’re rapists, and some, I assume are good people, but I speak to border guards and they tell us what we’re getting.  And it only makes common sense.  It only makes common sense.  They’re sending us not the right people.  It’s coming from more than Mexico.  It’s coming from all over South and Latin America, and it’s coming probably, probably from the Middle East, but we don’t know because we have no protection and we have no competence.  We don’t know what’s happening.  And it’s got to stop, and it’s got to stop fast. »

DeSantis blasts Biden: “I am standing in your way”

One day after President Joe Biden criticized Florida Gov. Ron DeSantis’ approach to the COVID-19 pandemic, which is spiking again in Florida, the governor fired back. “If you’re coming after the rights of parents in Florida, I’m standing in your way,” DeSantis defiantly responded on Wednesday. “If you’re trying to deny kids a proper in-person education, I’m going to stand in your way and stand up for the kids in Florida. If you’re trying to restrict people and impose mandates and ruin their jobs and livelihood; if you are trying to lock people down, I am standing in your way. I am standing for the people of Florida.” He finished by saying, “Why don’t you do your job, why don’t you get this border secure? Until you do that, I don’t want to hear a blip about COVID from you.”

Cette position n’était traditionnellement pas celle du parti républicain, plutôt favorable à l’immigration, contrôlée et légale. Mais elle devenu assez largement partagée par se base de supporters et par le GOP. Le think tank libertarien Cato Institute a publié un papier sur les évolutions des politiques d’immigration depuis la création des Etats-Unis jusqu’à aujourd’hui (A Brief History of U.S. Immigration Policy from the Colonial Period to the Present Day – From the colonial period through the Industrial Revolution, the Roaring Twenties, the Great Depression, and up to today, radical swings in immigration policy have had their connections to earlier debates and policies).

C’est presque un pléonasme de dire que les Etats-Unis sont un pays d’immigration. Ils se sont créés de cette manière (on n’entrera pas ici sur la question de la quasi-disparition des indiens qualifiés par certains historiens de « péché originel »). De 1783 à 2019, quelque 86 millions de personnes sont entrés légalement sur le territoire américain. Mais cela ne s’est pas fait de manière homogène avec des périodes très favorable à l’immigration et d’autres beaucoup plus restrictives. Et pourtant, ces politiques sont fondées sur trois principes rappellent les auteurs[1]. Le premier est le fait que la citoyenneté américaine est fondée sur le droit du sol (Jus soli). Ainsi tout citoyen né sur le territoire américain est de facto américain. Le second est le droit du sang (Jus sanguinis) selon lequel, selon certaines conditions, toute personne née d’un citoyen américain est de citoyenneté américaine. Et le troisième est le « pledged allegiance », un processus « par lequel ceux qui s’engagent civiquement aux États-Unis deviennent des ressortissants américains. La promesse d’allégeance est liée au concept de naturalisation, le processus par lequel un immigrant se rend volontairement aux États-Unis et jure allégeance au gouvernement pour entrer pleinement dans la vie politique américaine par le biais de la citoyenneté ».

L’article montre clairement que les idées sur l’immigration n’ont pas été constant dans le temps et que se sont succédé des sentiments pro et anti-immigration. Dans les années 1850, à la suite d’une forte immigration catholique irlandaise, l’American Party, appelé aussi des Know-Nothing avait développé ces idées xénophobes qu’ils n’ont jamais vraiment pu mettre en œuvre. En particulier, ce parti voulait porter la période de résidence à 21 ans pour pouvoir demander la naturalisation. Autre moment où un coup d’arrêt important a été porté est dans les années 20 avec l’Emergency Quota Act of 1921 qui établissaient des quotas en fonction des nationalités déjà présentes sur le sol américain. Loi dont les effets se sont fait sentir jusque dans les années 60 et ont été annulés avec la loi Immigration and Naturalization Act votée en 1965 qui a renversé la tendance.

En 2019, les États-Unis ont émis un peu plus d’un million de cartes vertes (green cards). Parmi ces cartes vertes, 63 % étaient basées sur des relations familiales (dont 81 % allaient à des parents proches de citoyens américains et de détenteurs de cartes vertes) ; 5 % étaient basés sur l’emploi ; et le reste sur diverses préoccupations humanitaires ou sur la « diversity green card lottery » (loterie de la carte verte de la diversité). Plus de la moitié des personnes ayant obtenu une carte verte était liée à des ajustements de statut, c’est-à-dire qu’elles étaient déjà aux États-Unis, par opposition aux nouveaux arrivants de l’étranger.

La demande d’immigration aux États-Unis, combinée aux limitation et aux plafonds par pays de la migration familiale et professionnelle, a créé un arriéré de personnes qui ont été approuvées pour les cartes vertes mais qui ne sont pas encore en mesure de les recevoir. En 2019, environ un million de travailleurs étrangers et de membres de leur famille attendaient leur carte verte basée sur l’emploi aux États-Unis, tandis que 3,6 millions d’autres immigrants potentiels attendaient leur visa d’immigration.228 Pour les immigrants de certains pays, comme ceux de l’Inde, cela signifie qu’ils ne recevront pas leurs cartes vertes liées à l’emploi pendant environ une décennie.

Alors que les estimations de la taille de la population d’immigrants illégaux continuent de baisser, la demande de visas de non-immigrants continue d’augmenter. En 2018, le Département d’État a délivré près de 196 409 visas H-2A pour les travailleurs agricoles temporaires, contre 11 004 visas qu’il a délivrés en 1996. De même, la délivrance de visas H-2B pour les travailleurs temporaires non agricoles a considérablement augmenté, passant de 12 200 en 1996 à 97 623 en 2018. La demande de travailleurs hautement qualifiés a été si élevée « que le plafond annuel H-1B a été atteint en les cinq premiers jours ouvrables à huit reprises « entre 2008 et 2020.232 Depuis l’année universitaire 2008-2009, plus de 600 000 étudiants internationaux se sont inscrits chaque année dans des établissements universitaires américains, et nombre de ces étudiants n’ont pas pu obtenir de cartes vertes, compte tenu de la contraintes numériques actuelles 233

Dans l’ensemble, les États-Unis Le système d’immigration reste fragmenté au début de 2021, concluent les auteurs. Par rapport à un système qui priorise les contributions économiques et crée des voies permettant aux immigrants de travailler légalement aux États-Unis, le système actuel limite la croissance économique. La dépendance à la voie et la politique préservent le statu quo et rendent difficile l’obtention d’un consensus sur l’immigration, malgré des opportunités apparemment simples d’exploiter le désir des immigrants potentiels de vivre et de travailler aux États-Unis. Bien que les changements réglementaires puissent apporter des améliorations significatives au système d’immigration des États-Unis, une réforme du Congrès est probablement nécessaire pour remplacer le patchwork des politiques d’immigration actuelles par un système cohérent qui canalise les pouvoirs constructifs de l’immigration plutôt que de les perturber.


[1] Andrew M. Baxter is a former economist with the Council of Economic Advisers (CEA). The CEA disclaims responsibility for any of the views expressed herein; these views do not necessarily represent the views of the CEA or the United States.

Alex Nowrasteh, Director of Immigration Studies and the Herbert A. Stiefel Center for Trade Policy Studies

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