La déposition de Sally Yates devant la commission du Sénat américain est claire et sans ambiguïté. Elle a prévenu la Maison Blanche au plus tôt qu’elle avait plus de sérieux doutes sur Michael Flynn. Elle a même téléphoné à la Maison Blanche pour indiquer qu’elle disposait d’informations qu’elle souhaitait en parler de vive voix dans une salle sécurisée pour des raison de confidentialité. Résultat elle a été renvoyé avant la nomination de Jeff Sessions au poste de ministre de la justice alors qu’elle assumait la fonction de manière intérimaire.
A l’inverse, malgré les mises en garde largement que lui avait Sally Yates, Donald Trump a nommé Michael Flynn pour le débarquer 18 jours plus tard. La raison invoquée est que Michael Flynn avait menti au Vice-Président Mike Pence. Un mensonge de plus puisque tant Donald Trump que Mike Pence étaient informés et parfaitement au courant des problèmes que posait Mike Flynn. Pis Donald Trump est jusqu’à critiquer Barack Obama pour avoir nommé Michael Flynn et que, d’une certaine, manière, il était responsable de ce désastre. Il a fallu attendre que ces informations soient publiées dans le Washington Post pour que le président décide finalement de limoger Michael Flynn. Sans cela il pourrait être encore en poste.
Le jour de l’audition de Sally Yates et James Clapper, l’ex-directeur du renseignement national, l’entité qui supervise toutes les agences de renseignements, Donald Trump s’est déchainé sur son compte Twitter, une sur réaction pour le moins surprenante qui montre nervosité et fébrilité et accrédite l’idée que cette affaire est tout sauf anodine.
Le lendemain de cette audition, cette suspicion n’a fait que s’accroitre avec le limogeage de James Comey le directeur du FBI pour une raison qui n’est ni expliquée ni compréhensible. La seule chose dont on soit sûr est que, selon la déposition de James Comey, le FBI conduit depuis le mois de juillet une enquête sur une possible collusion entre les membres de l’équipe de campagne de Donald Trump et les autorités russes. D’autant plus incompréhensible que Donald Trump doit une fière chandelle à James Comey qui, pour le moins, a largement influencé l’élection en informant le 28 octobre quelques jours avant le scrutin qu’il avait de nouveaux éléments sur les emails d’Hillary Clinton.
Nommé en 2013 par Barack Obama pour un mandat de dix ans, James Comey est donc renvoyé à un moment plus que critique, en pleine enquête. La relation de cause à effet semble donc plutôt claire même si actuellement aucune information définitive n’a été publiée.
Mercredi matin, en s’adressant à ses pairs, le sénateur Chuck Schumer, le leader de la minorité démocrate, a appelé pour la nomination d’un procureur indépendant seul moyen pour aller « au fond de cette affaire ». Parallèlement, Donald Trump qui n’a pas été vu officiellement depuis plusieurs jours, recevait à la Maison Blanche, le ministre des affaires étrangères russe. Un agenda pour le moins bizarre.
Une seule fois dans l’histoire des Etats-Unis, le directeur du FBI a été démis de ses fonctions. Il s’agit de William Session, nommé par Ronald Reagan en 1987 et démis par Bill Clinton. Mais le parallèle auquel on pense est le cas du Watergate lorsque Richard Nixon a essayé de virer Archibald Cox, le procureur chargé de l’affaire sans y parvenir. En revanche, Nixon a dû accepté la démission de l’attorney general et de son adjoint le 20 octobre 1973. En août 1974, menacé d’Impeachment, Richard Nixon était contraint d’abandonner ses fonctions.
Les tweets et la conduite de Donald Trump sont troublants à plusieurs niveaux et pourraient conduire à deux charges majeures : menaces et intimidations adressées à une personne (Sally Yates) qui va déposer sou serment et obstruction dans une démarche judiciaire. Bref, l’affaire du Trumpgate, qui s’ajoute au Trumpcare, est tout sauf terminée.