Pour tout Français qui a eu affaire avec le système de santé américain (sa partie administrative), l’impression d’être sur une autre planète est flagrante. Alors que la carte Vitale est le sésame du patient français, lui donnant facilement accès à tout établissement et lui permettant d’entrer dans une pharmacie pour obtenir les médicaments dont il a besoin sans presque bourse délier, son homologue américain devra, lui, présenter sa carte de crédit.
Barack Obama avait fait du système de santé un de ses principaux objectifs politiques. Si certains de ses prédécesseurs s’y étaient cassé les dents, il a réussi à imposer sa réforme de ce système, l’Obamacare, qui reste néanmoins un véritable labyrinthe administratif et un chemin du combattant pour le patient. Ce nouveau système est certainement loin d’être parfait, mais il avait permis en son temps de donner accès à quelque vingt millions d’Américains afin de pouvoir contracter une assurance santé. De leur côté, les républicains ont critiqué cette réforme qu’ils n’ont pas votée et ont essayé d’invalider. Ils ont essayé une soixantaine de fois sans succès. On se souvient de ce vote au Sénat où John McCain avait fait basculer le vote en faveur du maintien de l’Obamacare, un système est assez largement plébiscité par les Américains (la différence entre démocrates et républicains est considérable : 94 % pour les premiers, 19 % pour les seconds).
Pourtant, malgré ces avancées, la qualité du système de santé est mal jugée par les Américains et au plus bas depuis un quart de siècle. 44 % d’adultes américains qui déclarent que la qualité des soins de santé est excellente (11 %) ou bonne (33 %), un pourcentage qui a diminué de 10 points depuis 2020 après s’être régulièrement érodé chaque année.
De même, les Américains évaluent la couverture des soins de santé aux États-Unis encore plus négativement qu’ils n’évaluent la qualité. Seulement 28 % disent que la couverture est excellente ou bonne, soit quatre points de moins que la moyenne depuis 2001 et bien en dessous du sommet de 41 % de 2012. C’est ce qu’indique l’institut Gallup dans une note récente (View of U.S. Healthcare Quality Declines to 24-Year Low).
Les évaluations de la qualité des soins de santé aux États-Unis parmi les républicains et les indépendants à tendance républicaine sont en forte baisse depuis que le président Donald Trump a quitté ses fonctions en 2021. Les évaluations positives de la qualité des soins de santé chez les démocrates et les indépendants à tendance démocrate ont été moins variables depuis 2001 et généralement inférieures aux évaluations chez les républicains. Cependant, leur dernier chiffre de 50 % est supérieur de huit points à celui des républicains.
En plus d’enregistrer des évaluations médiocres de la qualité et de la couverture des soins de santé aux États-Unis, peu d’Américains – 19% – se disent satisfaits de son coût. Cette lecture est inchangée par rapport à l’année dernière et se situe dans le bas de la fourchette, qui s’est établie en moyenne à 22 % depuis 2001.
Une question ouverte mesurant l’opinion des Américains sur le problème de santé le plus urgent auquel le pays est confronté révèle que deux problèmes liés au système de santé – le coût (23%) et l’accès (14%) – et un problème de santé spécifique – l’obésité (13%) – sont mentionnés le plus souvent. 6 % citent chacun l’abus de drogues ou d’alcool et l’avortement, tandis que 4 % citent chacun la maladie mentale et le cancer. Le diabète et la grippe ou les virus sont cités par 3 % des adultes américains.
Lorsque Gallup a posé cette question pour la première fois en 1987, le sida a été mentionné par 62% des Américains, et il est resté le principal problème jusqu’en 1999. Depuis 2000, le problème de santé le plus urgent des adultes américains est lié au système de santé du pays, à savoir le coût ou l’accès, plutôt qu’à des conditions de santé spécifiques.
Les exceptions se sont produites en 2001, lorsque le bioterrorisme était le problème le plus urgent parmi les attaques à l’anthrax aux États-Unis, en 2014 lorsque les mentions du virus Ebola étaient liées au coût et à l’accès, et en 2020 et 2021, lorsque la pandémie de COVID-19 a largement dépassé toutes les autres préoccupations.
Contrairement à leurs évaluations largement négatives de la qualité et de la couverture des soins de santé aux États-Unis, une grande majorité d’Américains continuent d’évaluer positivement la qualité et la couverture de leurs propres soins de santé. À l’heure actuelle, 71 % des adultes américains considèrent que la qualité des soins de santé qu’ils reçoivent est excellente ou bonne, et 65 % disent la même chose de leur propre couverture. Il y a eu peu d’écart dans ces lectures depuis 2001.
Il est a noté que le phénomène où les Américains jugent mieux ce qui les touche directement que le système en général concerne de nombreux domaines.
Dans un sondage effectué quasi simultanément, les Américains considèrent, dans une assez grande majorité, que l’assurance maladie est du ressort du gouvernement (beaucoup plus les démocrates que les républicains). Système de santé public ou privé, les Américains sont assez partagés.