Alors que le président Zelensky organisait son premier voyage hors de son pays en venant plaider la cause de l’Ukraine à Joe Biden et au Congrès américain, la représentante démocrate du 35e district de l’état de Californie Norman Torres rappelle la chronologie de l’échange de bons procédés, du donnant-donnant proposé par Donald Trump au président Zelensky : « donnez-moi des informations sur Hunter Biden et je vous enverrai l’aide militaire dont vous avez besoin ». Chantage proposé lors d’une conversation téléphonique que l’ex-président avait qualifié de « perfect call », comme celui où il avait demandé au Secrétaire d’état de lui trouver 11 780 voix afin qu’il gagne les voix des grands électeurs de l’état lors des élections de 2020.
Timeline of President Trump’s quid pro quo
– Since 2014, the United States has provided nearly $1.5 billion worth of military aid to Ukraine to help them fight off Russia which invaded the country in August of that year.
– By July 2019, the Trump Administration had not delivered nearly $400 million in US support – including weapons, training and advisors – that Congress had previously approved for Ukraine’s continued efforts.
– On July 25th, 2019, Ukrainian President Volodymyr Zelensky asked about the aid on a phone call with President Trump, to which Trump now infamously responded, “I want you to do us a favor though.” Trump asked the Ukrainian President to investigate Vice President Joe Biden – a potential political opponent in the 2020 presidential election. Withholding desperately-needed military aid for a political favor is, by definition, a quid pro quo.
– On September 26, 2019, the White House released a summary of the phone call that confirms President Trump’s effort to pressure the Ukrainian president into searching for political dirt on Vice President Joe Biden.
– On October 17, 2019, Mick Mulvaney, President Trump’s acting Chief of Staff, admitted at a White House news conference that President Trump froze the military aid in an effort to pressure Ukraine into investigating Democrats. After confirming the existence of a quid pro quo, Mulvaney said: “Get over it.
Cette chronologie commence en 2014 lors de l’annexion de la Crimée par les Russes face à laquelle on ne peut que constater la réaction relativement molle de Barack Obama alors qu’il avait qualifié la Russie de « pouvoir régional » peu de temps avant. L’ex-président avait bien sûr mentionné l’Ukraine dans son discours sur l’état de l’Union de 2015 : « We’re upholding the principle that bigger nations can’t bully the small — by opposing Russian aggression, and supporting Ukraine’s democracy, and reassuring our NATO allies. Last year, as we were doing the hard work of imposing sanctions along with our allies, as we were reinforcing our presence with frontline states, Mr. Putin’s aggression it was suggested was a masterful display of strategy and strength. That’s what I heard from some folks. Well, today, it is America that stands strong and united with our allies, while Russia is isolated with its economy in tatters. That’s how America leads — not with bluster, but with persistent, steady resolve ».
Et pourtant, l’annexion s’est réalisée, sans coup férir.
Dans un article publié par le magazine The Atlantic (The Brutal Alternate World in Which the U.S. Abandoned Ukraine), la journaliste Anne Applebaum imagine ce qui aurait pu se passer si Volodymyr Zelensky n’avait organisé une résistance farouche à l’agression russe, avec l’aide des Etats-Unis et de l’Europe. Article glaçant qui montre que l’histoire n’est jamais écrite d’avance et que tout est toujours possible. Ce qui est arrivé était relativement improbable : « Zelensky’s very survival was not inevitable. Ukraine’s continued existence as a sovereign state was not inevitable either. Back in February, many considered these things to be improbable ».
La réaction initiale de Joe Biden en proposant d’exfiltrer le président Ukrainien n’augurait pas vraiment de ce qui s’est passé ensuite. « Le combat est ici. J’ai besoin de munitions, pas d’un chauffeur » avait répondu Volodymyr Zelensky à la proposition américaine. Si le plan russe s’était déroulé comme prévu, c’est-à-dire un contrôle du pays en six semaines, les abominations occasionnées sur les régions occupées du Donbass constatées après qu’elles soient libérées auraient été appliquées au pays tout entier : concentration camps, torture chambers, makeshift prisons… « A generation of Ukrainian writers, artists, politicians, journalists, and civic leaders would already be buried in mass graves. Ukrainian books would have been removed from schools and libraries. The Ukrainian language would have been suppressed in all public spaces. Hundreds of thousands more Ukrainian children would have been kidnapped and transported to Russia or trafficked farther around the world ».
Et les conséquences ne se seraient pas limitées à la seule Ukraine : « Russian soldiers, strengthened by their stunning victory, would already be on the borders of Poland, setting up new command posts, digging new trenches. NATO would be in chaos; the entire alliance would be forced to spend billions to prepare for the inevitable invasion of Warsaw, Vilnius, or Berlin ».
Cette idée de l’effet domino qu’est venu présenter Volodymyr Zelensky devant le Congrès : « This battle is not only for the territory, for this or another part of Europe. The battle is not only for life, freedom and security of Ukrainians or any other nation which Russia attempts to conquer » a-t-il voulu rappeler aux élus de la nation américaine.
Certains commentateurs font remarquer que les Etats-Unis « profitent » de cette guerre sur de nombreux plans : militaires en faisant tourner l’industrie d’armement, économiques notamment en vendant son gaz aux Européens largement plus cher qu’à ses clients intérieurs, diplomatiques et géopolitiques en remettant les Etats-Unis au centre du jeu et leur permettant d’essuyer l’affront de la guerre perdue d’Afghanistan. Peut-être, mais si les Etats-Unis n’avaient pas apporté cette aide massive à l’Ukraine (50 milliards de dollars dont 20 pour les seuls équipements militaires à comparer aux 200 milliards de dollars de PIB de l’Ukraine et aux 65 milliards de dollars du budget militaire de la Russie en 2021), l’Ukraine aurait disparu en tant que pays indépendant et souverain.