Depuis que Donald Trump est à la Maison-Blanche, l’économie américaine fonctionne à plein régime. Donald Trump lui-même est le premier auteur de ce narratif qu’il répète en boucle. Il est repris de manière unanime par tous ses soutiens républicains. Tout ceci n’est pas surprenant. La réalité est que les États-Unis connaissent une des périodes de croissance la plus longue qu’ont connu les États-Unis. Sans doute, mais si c’est la plus longue alors elle a dû commencer depuis longtemps. En fait depuis 2010. Qui était président jusqu’en janvier 2017 ?
La question est donc de savoir si cette situation est nouvelle et si elle est le résultat de la politique engagée par le 45e président ? A ce stade, il y a d’un côté les faits et de l’autre les opinions. Les secondes devant être conditionnées par les premiers. Ce qui est loin d’être le cas.
En observant les courbes (emploi, chômage, salaire…), on ne constate aucun point d’inflexion depuis que Donald Trump, mais bien une inflexible continuité, avec parfois un avantage à la période précédente.
On peut ainsi comparer les 35 derniers mois du deuxième mandat de Barack Obama avec les 35 premiers mois de Donald Trump (statistiques disponibles) sur ces différents critères. On pourrait observer que l’économie d’un pays a une certaine inertie et que les effets d’une politique ne se font sentir que quelques mois après ont été en vigueur.
Le taux de chômage est au plus bas depuis 50 ans, même si l’on sait très bien que nombre d’emplois ne sont pas correctement rémunérés et ne suffisent pas à une vie décente. La création mensuelle d’emplois a été de 227 000 sous Barack Obama pour tomber à 191 000 depuis que Donald Trump est arrivé à la Maison-Blanche. Avantage Barack Obama même si on pourrait arguer que plus le taux de chômage est bas et plus la création d’emplois peut être difficile. En revanche, l’emploi industriel n’a pas connu la destinée que le président en poste lui avait promise. En fait, il continue son lent, mais assuré, déclin, notamment dans des Etats comme le Wisconsin, la Pennsylvanie, l’Oklahoma, l’Indiana et de New York.
Après la réforme fiscale Tax Cuts and Jobs Act of 2017 voté à la fin l’année, on allait voir ce qu’on allait. Une croissance de 4 %, peut-être plus. Et le déficit ! Qu’à cela ne tienne ! La croissance allait dégager des revenus fiscaux supplémentaires. On a déjà entendu ça. Avec Ronald Reagan et ses fameux Reaganomics, George W. Bush. Le problème est que ça n’a pas fonctionné avec eux, ça ne fonctionne pas plus avec Donald Trump. D’abord la croissance n’a pas été au rendez-vous. Bien sûr, il fallait trouver un coupable. La FED a parfaitement joué ce rôle et son président a été la cible préférée des tweets de Donald Trump. La croissance du PIB sur les deux périodes considérées n’est pas fondamentalement différente et ne donne donc pas un avantage significatif à Donald Trump. Dans cette croissance globale assez moyenne, les Etats qui ont voté Donald Trump s’en sorte plutôt moins bien, en particulier en raison de ce déclin du secteur industriel et du dynamisme qui profite toujours plus aux grandes métropoles au détriment des zones rurales.
Croissance du PIB de 2014 à 2019
Les salaires. Encore grâce à la « magnifique » réforme fiscale, les cols bleus allaient bénéficier d’augmentation de salaire sans précédent. Les augmentations évaluées à 3 % par an depuis trois ans sembleraient donc très rassurantes. Et pourtant, correction faite de l’inflation, le taux horaire des salaires des employés s’établit à 1,3 % pour la période Obama contre 0,8 % pour la période Trump.
Si vous combinez une croissance du PIB assez molle, des baisses d’impôts généralisées et des dépenses publiques en hausse, que pensez-vous qu’il arriva ? Un déficit budgétaire qui va allègrement dépasser les 1 000 milliards de dollars en 2020. Où sont passés les républicains pour qui l’équilibre budgétaire est (ou plutôt était) une sacro-sainte règle qu’il fallait absolument respecter.
Dernier point, les inégalités continuent de progresser au profit des riches, voire des très riches. Les profits ont explosé grâce aux baisses d’impôts entraînant une hausse importante des dividendes et des pratiques pour les entreprises consistant à jeter des milliards pour le rachat de leurs propres actions pour en soutenir le cours. Ces hausses profitent surtout aux 1 % et beaucoup moins aux 99 %. Au moment de passer la loi des réductions des impôts, le Council of Economics Advisers ont proclamé que de cette réforme résulterait une augmentation de 4 000 dollars par an pour les travailleurs. La réalité est que la hausse moyenne s’est établie à 930 dollars. Beaucoup moins reluisant.
Dans la perspective des élections de 2020, les démocrates ont donc quelques cartes à jouer pour infléchir le discours ambiant selon lequel Donald Trump, tel Merlin l’enchanteur, aurait rendu sa puissance à l’Amérique.
« Together, We Will Make America Strong Again.
We Will Make America Wealthy Again.
We Will Make America Proud Again.
We Will Make America Safe Again.
And, Yes, Together, We Will Make America Great Again. Thank you, God Bless You, And God Bless America ».
The Inaugural Address : January 20, 2017