Entre la parole de James Comey et celle de Donald Trump, laquelle vous prendriez au sérieux ? La question est d’importance car dans ce Bureau Ovale le 14 février 2017 dans lequel les deux protagonistes donnent une version des faits opposés, c’est bien parole contre parole. A moins que des enregistrements existent. Ces mêmes enregistrements qui ont fait tomber Richard Nixon en 1974.
Dans l’audition sous serment (cette précision est importante car elle est lourde de conséquence pour James Comey s’il ne disait pas la vérité, toute la vérité, rien que la vérité). Et sur ce point, les institutions américaines ne plaisantent pas.
Cette audition été suivie aux Etats-Unis avec autant d’intérêt que le Superbowl. On pouvait le constater lors de cette audition, tant que les sénateurs républicains que leurs homologues démocrates ont de l’estime pour l’ancien directeur du FBI même s’ils n’ont pas toujours été d’accord avec lui. Les démocrates quand il a déclaré qu’il rouvrait l’enquête sur les mails d’Hillary Clinton quelques jours avant l’élection, les Républicains quand il avait dit en juillet que l’affaire était bouclé.
Maintenant quels sont les points essentiels sur lesquels, Jamey Comey et Donald Trump – via son avocat qui a fait une déclaration après l’audition de Comey – ont une version différente de la réalité :
– Le 27 janvier, James Comey indique le président lui a demandé : « I need loyalty, I expect loyalty » ; Marc Kasowitz affirme que Trump n’a jamais dit ça, tant formellement qu’en substance ;
– James indique que c’est Donald Trump qui l’a invité à dîner ; Trump prétend le contraire. On imagine assez mal le directeur du FBI demander de diner avec le président ;
– Lorsqu’ils se sont retrouvés seuls dans le bureau ovale, James Comey indique que le président lui demande de laisser l’investigation sur Michael Flynn. Il a été viré la veille, mais « c’est un bon gars ». I hpe you can let this go aurait dit Donald Trump. Ce dernier dément.
– Après qu’il viré James Comey, Donald Trump a déclaré que le FBI avait perdu confiance dans son directeur. Comey affirme « c’est un mensonge ».
– Trump a de manière répétée affirmé que les Russes n’étaient pas intervenus dans les élections qualifiant cette affirmation de « Fake News » (Tout ce que Donald Trump n’aime pas est une fake news). James Comey a redit qu’il n’avait aucun doute sur le fait que les Russes soient intervenus de manière concertée et coordonnée. Avec les membres de l’équipe de campagne de Donald Trump, cela reste à vérifier.
Ce dernier point est d’ailleurs troublant. Comme le faisait remarquer Bob Woodward, l’un des deux journalistes du Washington Post qui ont fait tomber Nixon, à aucun moment, Donald Trump n’a demandé à James Comey des informations complémentaires sur cette affaire pourtant cruciale.
Lors de la conférence conjointe avec le président Roumain a maintenu sa version des faits en disant qu’il n’avait dit ce que James Comey prétend qu’il a dit. Et qu’il était prêt à témoigner sous serment.
Les médias américains rapportent que l’entourage de Donald Trump essaye de le détourner de son média favori, twitter, qui lui permet de communiquer directement avec 32 millions de followers, sans filtre, avec peu de mots (on se demande si Twitter n’a pas été inventé pour Donald Trump. En fait, la question n’est pas de savoir s’il va utiliser cette arme fatale mais combien de temps il va pouvoir sans passer. Car tous ces messages qui sont égrenés au fil des jours pourront peut-être se retourner contre lui. Sur le travel ban par exemple qui est actuellement examiné par la Cour Suprême. Dans la première version comme dans la seconde de l’Executive Order, tous ses conseillers et porte-paroles se sont évertués à expliquer qu’il ne s’agissait pas d’un travel ban mais d’un « extreme vetting ». Et patatras, Donald Trump parle de de travel ban dans ses tweets
On attendait avec une certaine curiosité cette après-midi de l’audition, avant, pendant et après. Déception. Rien, nada, nothing. Et puis finalement, aujourd’hui, la machine à tweets s’est remise à fonctionner : « James Comey est une balance ». On est rassurés sur la santé mentale du président des Etats-Unis.