Présenté par Jean-David Levitte en tant que Tim McKaine (Confusion assez compréhensible étant donné l’actualité récente et les charges répétées de Donald Trump contre John McCain et qui arrive tout le temps selon l’intéressé), Tim Kaine a rappelé la nécessité de l’existence de l’OTAN largement attaquée depuis deux ans par la Maison Blanche. En tant que membre des commissions Armed Servcies Committed et Senate Foreign Relations, Tim Kaine a naturellement placé son intervention sur le terrain de la politique internationale lors de la conférence organisée par la French-American Foundation.
Depuis la création de l’OTAN il y a 70 ans, l’implosion de l’Union Soviétique, un succès sans succès, a créé un déséquilibre. Citant un article qui a fait date en son temps de George Kennan (« The sources of Soviet conduct » – Foreign Affairs (July 1947), ancien ambassadeur des Etats-Unis en Union Soviétique, l’ancien colistier d’Hillary Clinton considère que si la raison d’être de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord est toujours plus d’actualité que jamais, ses missions originelles de containment doivent être réorientées, d’objectif purement militaires vers une mission de défense des valeurs de la démocratie libérale. Car nombreux sont les pays aujourd’hui – la Chine, la Russie, l’Arabie Saoudite, l’Iran, la Corée du Nord, le Venezuela – qui ne les partagent pas et défendent un autre modèle, celui des régimes autoritaires. Certains d’entre eux vont même plus loin en semant le trouble dans les démocraties grâce aux moyens que leur offre la technologie.
« La menace est sans doute moins militaire que sur le plan des valeurs et des idées » considère Tim Kaine qui propose trois axes pour réorienter l’OTAN. D’abord en faire une organisation plus globale en allant au-delà des pays de la zone de l’Atlantique Nord incorporant des nations adhérant aux valeurs de la démocratie. Ensuite, disséminer les bonnes pratiques permettant de défendre la démocratie. Enfin, consolider la notion d’alliance dépassant le simple regroupement de membres défendant chacun ses propres intérêts.
S’il est très critique de l’administration actuelle, il n’en reconnait pas moins que certaines considérations sur la situation actuelle sont justifiées. Depuis que l’Union Soviétique a laissé place à la Russie, les pays européens ont réduit leurs dépenses en matière de défense. S’il n’est pas inconcevable de leur demander un effort, il est totalement incongru et inacceptable de menacer de se retirer comme le fait le président actuel. D’ailleurs, le sénateur de la Virginie a introduit un projet de loi rendant la chose impossible sans l’accord du Congrès. Sans succès pour l’instant.
Si la Russie est une puissance déclinante mais qui possède l’arme atomique et des capacités d’attaques et de nuisance notamment dans le domaine cyber, la Chine est le grand défi posé au monde actuel. Alors que la Russie a nourri de grandes ambitions sans disposer des moyens pour les réaliser, la Chine au contraire entend bien d’abord avoir les moyens afin de pouvoir définir et assumer ses ambitions. C’est précisément ce qu’elle est en train de faire en construisant la deuxième économie du monde, en passe de devenir la première dans quelques années.
Si nous incluons plus dans le jeu mondial, la Chine adoptera les règles et les valeurs des démocraties. Tel a été le pari de ces trente dernières années. « Nous avons certainement été beaucoup trop optimiste », reconnait Tim Kaine. Face à une Chine sûre d’elle-même et de son modèle et dont on a compris qu’il serait difficile de modifier sa trajectoire, « il faut consolider les démocraties qui l’entourent » poursuit-il. L’exemple du Vietnam est exemplaire. Alors qu’il fut l’adversaire acharné que l’on sait des Etats-Unis – 55 000 Américains y ont laissé leur dans cette stratégie de containment du communisme, il ne demande aujourd’hui qu’à en être un partenaire privilégié. Certes encore à classer dans les régimes autoritaires mais soucieux de la puissance de son grand voisin.
Si les questions internationales ont largement dominé les échanges, Tim Kaine n’a pu échapper aux problèmes intérieurs. Alors que la liste des candidats démocrates est déjà bien longue, pourquoi ne se présente-t-il pas lui -même ? « Il faut avoir l’intime conviction que vous pouvez faire mieux que les autres et faire la différence. Et puis les deux années à venir au Congrès vont être critique ». Un peu la stratégie du containment appliquée non pas au Communisme mais à la politique actuelle de la Maison Blanche. Pourquoi, dans ses conditions, n’a pas endossé un des candidats actuels ? J’ai toujours apporté mon soutien très tôt dans la campagne, d’abord à Barack Obama, puis à Hillary Clinton. Il semblerait que cette fois la multiplication des candidatures complique la situation et rende la tâche difficile. Joe Biden qui devrait prochainement annoncer sa candidature la rendra peut-être tout d’un coup plus simple. Mais ce n’est là qu’une supposition.