Les trois prédictions de l’animateur de télévision Bill Maher sont simples :
- Donald Trump se présentera en 2024 à la candidature à la présidence des Etats-Unis
- Il sera élu le candidat du parti républicain
- Et quoi qu’il arrive, il déclarera le lendemain des élections, qu’il a gagné.
Et pourquoi ce plan fonctionnerait-il alors qu’il a échoué en 2020, tout simplement parce qu’il est en train de purger les élus, membres du parti républicain dans les états clés, qui avaient résisté à la pression exercée en 2020.
Cette notion de « coup d’état au ralenti » n’est pas nouvelle. Elle a émergé au lendemain de la publication des résultats par les chaines de télévision, le vendredi qui a suivi le mardi des élections, vers 11 heures du matin. « Donald Trump refuse de concéder la victoire à Joe Biden, ce que rien ne l’oblige à faire, empêchant ainsi une transition fluide, mais surtout essaie de trouver tous les moyens possibles de contester et de renverser l’élection. Une tentative de coup d’état en “slow motion”, mais qui n’a aucune chance d’aboutir » écrivais-je le 22 novembre 2020 (Les Etats-Unis à l’épreuve de la démocratie).
Les événements du 6 janvier 2021 et informations qui ont été expurgées depuis, notamment par la Commission 1/6, révèlent que les Etats-Unis ne sont pas passés loin de la crise institutionnelle. Les yeux ont été fixés sur les recours en justice lancés par Donald Trump (plus d’une soixantaine) qui ont tous été déboutés, certains n’ont même pas été examinés tant ils manquaient de substance. Alors qu’en fait Donald Trump avait lancé des initiatives diverses – intimidations, pressions – auprès des responsables des élections dans les états clés. « Trouvez-moi 11 780 voix » n’avait-il pas demandé à Brad Raffensperger, le ministre des affaires étrangères de l’état de Géorgie (It can happen here, in slow motion!).
Et depuis, Donald Trump est en train de purger le parti républicain avec un seul critère : reconnaître que les élections ont été faussées et qu’il est le président légitime. Les dix représentants républicains qui ont voté le second impeachment auront été balayés d’ici 2022, soit parce qu’ils sont contraints à ne pas se représenter soit parce que le parti soutiendra un opposant pro Trump. Liz Cheney, conservatrice parmi les conservatrices, fille de Dick Cheney (Dark Vator selon Bill Maher), qui est co-présidente de la commission 1/6 chargée d’enquête sur l’insurrection du 6 janvier, sera dans une position difficile pour réélue en 2022 dans l’état du Wyoming alors qu’elle avait gagné avec une majorité confortable de 68 %. Les Etats gouvernés par des Congrès républicains ont voté des lois restrictives qui vont les favorisées. Les officiels qui supervisent les élections vont être remplacés par des administrateurs partisans. Sur les 15 candidats républicains qui se présentent au poste de Secretary of State dans les états qui font la différence, deux seulement reconnaissent officiellement que Joe Biden a gagné les élections. Lorsqu’ils seront élus, ce sont eux que Donald Trump appellera à leur bon souvenir en 2024. Ils trouveront bien le nombre de voix nécessaires ou ne fatigueront même pas et proposeront une liste alternative de Grands électeurs.
Pour Bill Maher, ce drame politique en quatre actes à venir se déroulera comme suit :
1 – les républicains gagneront largement les élections de mi-mandat. Pourquoi ? parce que c’est le scénario le plus fréquent (rappelons les défaites cuisantes de 1994 et 2010). Ils reprennent donc la Chambre des représentants où les voix des grands électeurs sont certifiées. Kevin McCarthy, une marionnette de Trump, deviendra Speaker ;
2 – Les républicains gagneront les postes de gouverneurs d’états clés comme le Michigan, la Pennsylvanie ou le Wisconsin ;
3 – En 2023, Donald Trump annonce sa candidature et organise des meetings de plus en plus agités et violents. Il voguera sur l’idée de rependre une présidence qui lui a été volée en 2020 : Deux-tiers des électeurs républicains pensent que les élections ont été frauduleuses et que Joe Biden n’est pas légitime ; Des millions d’Américains considèrent que la force est justifiée pour remettre Donald Trump à la Maison Blanche.
4 – 2024, les élections considérées comme normales par les démocrates seront fondés sur les candidats, les programmes politiques, le nombre de votes… Peu importe qui sera le candidat démocrate, Joe Biden, Kamala Harris, Amy Klobuchar ou Timothée Chalamet. Et même s’il l’un d’entre gagnait, Donald Trump, à nouveau contestera le résultat. Et cette fois, il sera soutenu par des élus à sa botte et des millions d’Américains envoutés. Et ce ne sont pas quelques centaines d’extrémistes qui envahiront le Capitole. A ce jour, des millions d’Américains ont signé un engagement qu’ils le prendront d’assaut.
Pour finir sur une analogie encore plus sombre, Bill Maher rappelle l’attaque terroriste d’Al Qaeda de 1993 contre le World Trade Center. C’était là un tour de chauffe avec le 11 septembre.
Tout ceci semble peut sembler improbable, exagéré ou totalement hors de propos. Et pourtant, nombre d’hypothèses se sont déjà réalisées ou sont en train de l’être.