Donald Trump est allé à Hunstville en Alabama aux frais du contribuable avec un double objectif : soutenir l’un des deux républicains à l’élection sénatoriale partielle pour remplacer Jeff Sessions devenu ministre de la Justice et garder le contact avec sa base comme on appelle désormais ses supporters qui, quoi qu’il dise, quoi qu’il fasse, le soutienne à condition qu’il fasse du politiquement incorrect, de la provocation, du Trump pour simplifier. Peu importe le contenu, les idées ou plutôt les « non-idées », les électeurs de Trump sont des inconditionnels.
Concernant le premier objectif, Donald Trump ne fait pas preuve d’un grand courage car il dit soutenir Luther Strange tout en affirmant que si son concurrent Roy Moore l’emportait, il ferait campagne pour lui à 100 %. Car il ne veut surtout que les médias puissent dire que le candidat qu’il a soutenu perde. Ainsi il aura soutenu le gagnant.
Ecouter ce discours de plus d’une heure serait amusant, distrayant, récréatif s’il ne s’agissait du président des Etats-Unis et si les problèmes actuels, en particulier la menace nord-coréenne ne nécessitait plus d’attention et de concentration. C’est en fait un monologue incohérent, décousu passant d’un sujet à l’autre sans lien, du niveau du café du commerce.
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Il faut écouter Donald Trump – si ce n’est pas trop insupportable – se moquer des sénateurs qu’il doit convaincre pour voter la dernière mouture de la loi sur l’assurance maladie baptisé Graham-Cassidy du nom de ses deux promoteurs. On peut se demander si c’est la meilleure manière d’attirer leur vote. Et au passage, il fait huer John McCain par la foule selon le procédé habituel exécrable. Et ensuite de revenir sur ses obsessions au rang desquelles Crooked Hillary tient toujours une place centrale. Il ne peut s’en empêcher.
Il a profité de cette adresse aux habitants de l’Alabama pour déployer une nouvelle controverse, comme s’il n’y en avait pas suffisamment. Il a critiqué vertement les joueurs de football américain qui avaient posé genou à terre pendant qu’était joué l’hymne national expliquant au passage que le football américain devenait moins populaire parce qu’il n’était assez « viril », il faut entendre un sport où il n’y a pas assez de contacts. Etonnant ou totalement irresponsable lorsqu’on se souvient de l’étude qui a été publiée cet été qui montrait les effets de ce sport sur le cerveau des joueurs. La NBA en a pris aussi pour son grade. On se demande bien pourquoi il a enfourché ce nouveau cheval de bataille presque anecdotique à l’heure grave que nous vivons.
Mais ces remarques sont faites toujours pour caresser sa base dans le bon sens du poil. Il a d’ailleurs repris son antienne qu’il fallait virer ces joueurs. Cet épisode par lequel la politique s’invite dans le sport nous rappelle les initiatives prises par les sprinters Tommy Smith et John Carlos en 1968 quand ils ont levé leur poing ganté pendant que l’on jouait le Star-Spangled Banner. Ces deux athlètes ont d’ailleurs dû quitter le village olympique et l’on payé très cher ensuite.
Mais plus déprimant encore en écoutant ce discours est le fait qu’une partie importante des Américains soutiennent Donald Trump quels que soient ses excès, ses vociférations, ses manœuvres, ses outrances, ses violences… Il se situe à un bas niveau de popularité (entre 35 et 40 %) mais qui est très stable quoi qu’il arrive. C’est en permanence à ces quelque 35 % qu’il s’adresse faisant comme si les 65 % n’existaient pas, ne comptaient pas. C’est en fait un candidat permanent et non un président. D’ailleurs « faire président » l’intéresse-t-il au-delà du fait que ce poste est de nature à satisfaire son égo. La politique au sens policy lui semble totalement étrangère. L’a-t-on jamais entendu parlé sérieusement d’un problème complexe ? Nombreux sont les observateurs, y compris du côté républicain, qui sont surpris du peu d’intérêt qu’il porte aux questions telles que l’assurance santé, la réforme fiscale dans leur contenu. Mais il “représente clairement une Amérique” expliquait Hubert Védrine à la nouvelle version de l’émission L’Esprit Public de France Culture (Pour écouter l’émission, cliquer ici)