Le népotisme en marche (suite) – Vers la privatisation d’une fonction publique ?, Népotisme : circulez, il n’y a rien à voir ! . Dans la famille Trump, je demande la fille Ivanka ! A l’heure où la France enquête sur la légalité, voire la moralité, pour les députés d’employer leur femme, voire leurs enfants, comme attachés parlementaires, les Etats-Unis s’embarque dans une situation où vous placez le père à la Maison Blanche et toute la famille rapplique. Evidemment, les deux problématiques sont très différentes.
Dans le premier cas, il s’agit de distribuer un peu d’argent public en échange de quelques services (parfois hypothétiques). Dans le second, de participer à la conduite du pays le plus puissant du monde. La pratique du népotisme est courante dans les pays autoritaires, il semblerait qu’elle arrive aux Etats-Unis. On avait déjà approché l’ambiguïté avec le couple Billary, ce qi a sans doute participé à la défaite d’Hillary. Mais avec Donald Trump on dépasse les limites jusqu’ici connues et on applique la nouvelle règle en vigueur de la Maison Blanche selon laquelle il n’y pas de règle.
Il y a d’abord le gendre Jared Kushner, 36 ans, aucune expérience politique, catapulté senior adviser du President et sans aucun doute dans le premier cercle avec Reince Priebus, Chief of Staff (secrétaire général) and Steve Bannon, Chief Strategist ( ?, un titre que l’on rencontre plutôt dans les entreprises). Alors que tous les membres du cabinet, même les plus obscurs doivent être confirmés par la commission ad hoc du Sénat, ces trois personnages clés de l’administration se sont installés dans l’aile Ouest par la simple volonté du président.
C’est au tour de la fille Ivanka, 35 ans, épouse de Jared, de décrocher un bureau dans l’aile Ouest avec le titre désormais officiel d’« advisor to the President ». Mais depuis l’inauguration, et sans avoir été formellement nommée, elle avait déjà assisté à des réunions au plus haut niveau, par exemple avec la chancelière Merkel.
Sans aborder la question de la compétence, cette nouvelle nomination pose à nouveau la question centrale du conflit d’intérêt qui après avoir suscité beaucoup de questions, semblent être passée derrière d’autres plus importantes comme la collusion possible entre les membres de l’équipe de campagne de Donald Trump et le gouvernement russe ou la non publication de ses déclarations de revenus, seule preuve de l’origine de ses revenus et de ses dettes. Mais puisque Donald Trump lui-même n’a pas réglé ses propres conflits d’intérêt, pourquoi demanderait-il à ses enfants de la faire ? Et pourtant les problèmes sont intacts. Il avait organisé une conférence de presse pour expliquer qu’il confiait la conduite de ses affaires à ses deux fils et son avocate d’expliquer qu’il s’engageait à ne pas parler business avec eux.
Le failed and dishonest New York Times a publié un article il y a quelques jours relatant une entrevue en novembre dernier entre lui et la compagnie d’assurance Anbag Insurance Group, une entreprise liée avec des familles du Parti communiste chinois, concernant la prise de participation de cette dernière pour un montant de 400 M$ dans la rénovation d’un prestigieux gratte-ciel de 60 étages de la cinquième avenue appartenant à la famille. Le dîner a eu lieu au Waldorf Astoria et a réuni Wu Xiaohui, chairman d’Anbag et Jared Kushner et arrosé par une bouteille de Château Lafite Rothschild à 2 100 dollars. Comment ne pas penser qu’un tel deal à tendance à faire de Jared Kushner un obligé du gouvernement chinois.
Concernant Ivanka, très présente depuis un an dans la campagne, la transition et les premiers pas de Donald Trump à la Maison Blanche, elle a continué à conduire ses propres affaires. On se souvient de l’épisode où ses lignes de vêtements avaient été désélectionné par Nordstrom provoquant un tweet rageur du papa et un quart de promotion en direct par la porte-parole Kellyane Conway. Suite à cette nomination, les deux sénateurs démocrates Elisabeth Warren et Tom Carper se sont fendus d’une lettre à l’U.S. Office of Government Office posant plusieurs questions fondamentales liées aux conflits d’intérêt et demandent une réponse avant le 13 avril.
Bref, les affaires de François Fillon qui ébranlent à juste titre une grande partie de l’électorat français ne sont que de la roupie de sansonnet à côté de ces affaires outre-Atlantique. Mais quitte à bafouer la loi, autant voir grand.
Affaire à suivre, donc.