Certes la popularité de Barack Obama est au plus bas et l’argument selon lequel la situation aurait pu être bien pire si certaines mesures n’avaient pas été prises n’est pas très vendeur. Mais cela ne change pas l’appréciation qu’ont les Américains ont sur son prédécesseur dont une majorité le tien pour principal responsable des problèmes économiques actuels.
Selon une enquête réalisée par AP/Roper/GfK, 51 % des Américains pensent que George W. Bush porte la plus grande part de responsabilité de la situation économique actuelle, 44 % l’attribuent aux républicains du Congrès, 36 % aux démocrates du Congres et seulement 31 % à Barack Obama.
Barack Obama va commencer la deuxième année de son premier mandat avec 50 % d’Américains approuvant sa « job performance » et 44 % le désapprouvant. C’est là un niveau largement inférieur au 68 % dont il était crédité les premiers jours de son entrée en fonction, mais relativement stable depuis le mois de septembre.
C’est là un mauvais résultat dont on a du mal à prendre la mesure de ce côté de l’Atlantique tant le présent président bénéficie d’un capital de sympathie élevé. Et pourtant, sur les 9 présidents élus depuis Eisenhower en 1952, c’est le plus mauvais résultat à l’exception de Ronald Reagan qui bénéficiait de 49 % d’approbation contre 40 % de désapprobation. Il faut dire que Barack Obama hérite d’une situation difficile dont il n’avait certainement pas conscience lorsqu’il s’est présenté comme candidat démocrate à la présidence des Etats-Unis, mais qui l’a certainement aidé pour son élection.
Avec seulement 47 % d’opinions favorables, Barack Obama poursuite sa lente, mais constance descente dans l’esprit des Américains. Cela au moment même où le 44e président des Etats-Unis reçoit un prix Nobel de la Paix (voir le discours ci-dessous) dont on ne comprend pas trop les raisons.
Barack Obama vérifie donc la dure loi selon laquelle « nul n’est prophète en son pays » car peu de président - sinon aucun - auront changé l’opinion qu’a l’ensemble des pays du monde sur les Etats-Unis.
Ce résultat est le mauvais d’après-guerre : Ronald Reagan était à 49 % et Bill Clinton à 53 %. Mais ce n’est là qu’une mesure éphémère qui peut changer rapidement. Pour preuve, le score de 86 % digne des Pays de l’Est de George W. Bush à la même période de son premier mandat. Mais ce dernier héritait d’une situation très particulière, deux mois après 9/11. Il venait tout juste de déclarer la guerre contre l’axe du ml et bénéficiait d’un soutien massif des Américains, des médias, du Congrès, y compris des démocrates (29 sénateurs d’entre eux dont Hillary Clinton ont voté pour, 21 contre). Emettre une objection à cette initiative était suspect d’antipatriotisme. En décembre 1961, John Kennedy bénéficiait d’un score presque aussi positif alors qu’il n’avait pas fait grand-chose.
Ce chiffre de 47 % amène à se poser plusieurs questions : qu’est-ce qui peut l’expliquer ? Est-ce que ça modifie l’appréciation que l’on peut porter sur le président actuel ? Quelles conséquences à moyen terme, on pourrait dire à mid-term puisque l’on va rentrer bientôt dans la campagne des élections du Sénat de 2010.
C’est en France que l’arrivée de Barack Obama a eu l’effet le plus important sur l’opinion qu’ont les citoyens sur les Etats-Unis. En un an, le taux d’opinions favorables des Français est passé de 42 % en 2008 à 75 % en 2009. C’est l’amélioration la plus importante parmi 25 pays dans lesquels l’institut Pew…
On ne peut s’empêcher d’établir le parallèle entre le parti républicain américain et le parti socialiste français : ils sont tous les deux dans le creux de la vague et on ne voit pas vraiment ce qui pourrait changer cette situation. Tous deux se cherchent un positionnement. Côté parti républicain, la question se pose de savoir s’il devrait prendre des positions encore plus conservatrices ou, au contraire, adopter une position plus au centre pour attirer des indépendants égarés.
Le trou d’air est relativement normal après une élection qui a porté les démocrates à la Maison Blanche, au sénat et à la maison des Représentants. Mais après six mois, les premiers signes de reprises ne semblent pas se manifester. C’est plutôt le doute qui envahit la droite américaine.
Selon un sondage réalisé par l’institut Gallup, 4 américains républicains sur 10 déclarent avoir une opinion défavorable de leur propre parti. Alors que, de l’autre, Ils ne sont que 7% côté démocrate.
Cela se traduit évidemment au niveau global : 59 % des Américains ont une vision défavorable des Républicains, le niveau le plus élevé depuis une quinzaine d’années.
Mais il y a aussi des différences. D’abord, le PS pourrait bien disparaître sous sa forme actuelle alors qu’il y a bien peu de chances de voir disparaître le parti républicain en raison du régime bi partisan américain. Ensuite, alors que les républicains se cherchent un vrai leader, le PS en aurait plutôt trop.
"Et oui, vous êtes bien, vous êtes très bien avec Barack Obama dont on va célébrer mercredi 29 avril prochain les 100 jours de présidence et oui déjà". C'est ce qu'on aurait pu dire en paraphrasant Serge Moati présentant son émission Ripostes. De fait, les Américains sont plutôt satisfaits de leur président, jusqu'ici s'entend.
100 jours et pour puis après
Devant l'étendue de la tâche qu'il avait devant lui, faire un bilan au bout de 100 jours n'est-il pas dérisoire ? Il se trouve que parmi les expressions couramment employées à l'occasion d'élections présidentielles, celle des Cent Jours revient assez fréquemment indiquant que le nouvel arrivant doit, pendant cette période de grâce généralement de courte durée, lancer des réformes importantes avant de retomber dans la gestion des affaires courantes et de faire face à un effritement plus ou moins rapide du soutien populaire.
Le titre est tiré du livre de Jacques Mistral (1) et reprend un thème développé depuis quelques mois sur une nouvelle ère qui vient de s'ouvrir avec l'élection de Barack Obama et qui met un terme à près de trente années de libéralisme, de dérégulation et de moins d'état. La phrase de Reagan de son investiture « l'État n'est pas la solution à nos problèmes... L'État est le problème » était caractéristique de cette ère qui vient de se clore avec le départ de George W. Bush.
La crise va sans doute marquer un tournant majeur dans l'évolution des Etats-Unis et faire émerger un pays nouveau. Plus rien ne sera comme avant sous la conjugaison de deux phénomènes :
- la crise, elle-même, qui réduit considérablement la confiance que les américains accordent à leurs institutions financières et restaure celle qu'ils avaient perdu dans leur gouvernement ;
- l'évolution de fond de l'opinion américaine engendrée par l'arrivée des nouvelles générations (The Millennial Generation ou génération Y) et le changement démographique marquée par une poussée non démentie de l'immigration et le renforcement régulier des minorités, principalement des Hispaniques. Il faut avoir présent à l'esprit que la population américaine évolue très rapidement, beaucoup plus rapidement que celles des pays européens. En 2042, selon les projections de l'U.S. Census Bureau indiquent les Etats-Unis seront majority-minorities, c'est-à-dire que les minorités seront majoritaires.
Ce n'est pas parce que les Français ont aidé les Américains qu'ils nous considèrent comme des alliés relativement sûrs. A l'inverse, on a toujours considéré que les Anglais avaient un pied côté américain et l'autre côté européen. C'est d'ailleurs, ce qui avait motivé De Gaulle pour leur refuser un temps leur entrée dans le marché commun d'alors.
Cette idée n'est pas reçue pour une fois et correspond bien à ce que pensent les Américains. La Grande-Bretagne est considérée comme l'allié le plus sûr des Etats-Unis avec 36%, devant le Canada (29%). Remarquons d'ailleurs que les dirigeants de ces deux pays ont été les premiers à rencontrer Barack Obama, le premier au Canada et le second à domicile. Ce lien avec la Grande-Bretagne n'est finalement pas très surprenante tant notre belle Albion s'est trouvée aux côtés des Etats-Unis dans les dernières opérations militaires.
Barack Obama a choisi le Canada pour sa première visite internationale. Ce qui n'est pas anormal tant les échanges entre les Etats-Unis et les Canada sont importants : 70 % des exportations canadiennes sont destinées aux Etats-Unis et 60% de leurs importations proviennent des Etats-Unis. Mais le Canada est aussi un voisin très proche tant sur le plan géographique que sur le plan culturel. A l'exception bien sûr des Québécois qui ont su garder une très forte personnalité et entendent farouchement préserver leur langue et leur culture... qui est aussi la nôtre. Et d'ailleurs, ils nous reprochent parfois de n'être pas assez vigilants sur ce plan pour nous aider à préserver la langue de Molière.
A consommer avec modération !