Barack Obama ne suscite pas beaucoup d’empathie (c’est un euphémisme) chez les Américains alors qu’il est très populaire en France. A l’inverse, Nicolas Sarkozy génère un rejet assez fort (« Casse-toi pauv’con ! ») chez les Français alors qu’il est aimé des Américains. Dans ces conditions, pourquoi ne pas les échanger d’autant qu’ils seront peut-être, tous les deux,…
Un an avant les élections : quelles chances pour un second mandat ? Tel était le thème naturel de la 10e conférence annuelle sur les Etats-Unis organisée par l'IFRI (Institut français des relations internationales). Sans donner de réponse définitive - d’ailleurs qui le pourrait - Norman Ornstein, chercheur à l’American Enterprise Institute, un think tank plutôt conservateur, et Larry Sabato, professeur de science politique à l’université de Virginie et directeur de l’ UVA Center for Politics ont donné un éclairage intéressant de la situation politique américaine en général un an avant des élections à haut risque et des primaires républicaines en particulier placée sous le signe de l’incertitude. Une situation que Jon Stewart aborde régulièrement dans son émission The Daily Show sous le titre évocateur Indecision 2012.
« Cette campagne électorale est particulière et s’inscrit dans un cadre politique très polarisé et une situation économique extrêmement difficile », introduit Norman Ornstein qui est en passe de publier un livre dont le titre ne donne pas beaucoup de place pour l’espoir : It is even Worth than you think. « Nous vivons actuellement un des plus importants dysfonctionnements depuis 40 ans », poursuit-il montrant ainsi la singularité de la période actuelle.
Norman Ornstein expose la difficulté côté républicain à faire émerger un leader en raison de la piètre qualité des candidats dans leur ensemble. A chaque fois qu’un des prétendants républicains est sorti du lot, il est retombé aussi rapidement qu’un soufflet sorti du four. A la décharge des candidats, le nombre des débats - une quinzaine à ce jour - augmente le risque de dérapage ou de manque de maîtrise ou de connaissances des dossiers. On se souvient de la réponse de Rick Perry souhaitant supprimer trois Ministères ou Agences publiques sans être capable de citer le troisième. On peut en rire. Beau joueur, le gouverneur du Texas n’a d’ailleurs pas manqué de se moquer de lui-même. Beaucoup moins drôle était l’affirmation de Michele Bachman selon laquelle l’inoculation d’un vaccin contre le papillomavirus était responsable de retard mental chez certains sujets. Le rigide formatage des débats permet juste aux candidats de répéter quelques professions de foi et d’ânonner des affirmations souvent approximatives, voire totalement fausses.
« Il y a tant de dysfonctionnements dans nos institutions et notre démocratie que je sais pas par où commencer ». La démocratie américaine serait-elle en danger comme le sous-titrait l’Ifri dans son séminaire sur le dysfonctionnement des institutions américaines ? (1) « Je crois que le danger actuel vient plus de l’Europe, notamment avec la crise grecque, poursuivait-il. »
C’est…
« Ni oui, ni non, mais ne serait-ce que poser la question à des conséquences et met en cause la crédibilité de Barack Obama chez ses alliées et, ce qui est plus grave, chez ses ennemis », telle est l’opinion de Simon Serfaty, professeur à l’université de Norfolk et titulaire de la Chaire Brzezinski au CSIS, un think tank basé à Washington, exprimé sous forme de conclusion d’une conférence co-organisée par l’IFRI et la French-American Foundation.
Neuf mois après sa prise de fonction, l’« audace » du président Obama qui s’appuie sur une rhétorique brillante semble avoir trouvé ses limites. Mais cela n’est pas trop surprenant car « tout différent de George W. Bush qu’il soit, Barack Obama est prisonnier de deux facteurs : l’héritage de son prédécesseur et le contexte international ».
Pour Simon Serfaty, ce contexte revêt trois dimensions :
- Le monde unipolaire est fini et a laissé place à un environnement multipolaire dans lequel aucun pays ne peut se passer d’alliés ;
- La mondialisation galopante a aboli le temps et l’espace et a créé un monde dans lequel le « long terme n’a plus le temps de prendre son temps » ;
- Depuis le 11 septembre 2001 (9/11), le monde est réglé par une nouvelle normalité sécurité.