La maxime latine n’est pas comprise de la même manière par tous. Selon certains, on pourrait l’interpréter directement c’est-à-dire il faut être prêt à faire la guerre, être suffisamment fort pour ne pas tenter les ennemis de se lancer dans une aventure militaire, pour précisément ne pas avoir à la faire. Pour d’autres, il faudrait la saisir comme « Si tu veux la paix ici, fais la guerre là-bas ». C’est une traduction de la pax Romana selon laquelle les Romains harcelés par les barbares, décidèrent d’aller porter leurs coups dans le camp de ces derniers, hors des frontières de l’empire.
Depuis la seconde guerre mondiale, on parle de Pax Americana selon laquelle les Etats-Unis se voient investi d’une mission sur l’ensemble du monde. Et de fait, ils n’ont eu de cesse d’intervenir militairement dans toutes les régions du monde. L’arrivée de Donald Trump pourrait marquer, si l’on en croit le nouveau président, apporter une rupture radicale et un repli des Etats-Unis à l’intérieur de ses frontières.
Les Etats-Unis constituent le premier budget militaire du monde et de très loin. A ce jour, aucun pays ne peut rivaliser sur ce plan. Son budget est équivalent aux budgets cumulés des huit pays suivants et représente 35 % du budget militaire mondial. Le fait majeur de ces 20 dernières années est la montée en puissance de la Chine. En 20 ans, le budget militaire de la Chine a été multiplié par 9, conséquence directe de l’augmentation du PIB. A l’inverse, la Russie a suivi le chemin opposé, un budget militaire largement en baisse dû à un effondrement de son économie. En 2015, le budget de la Russie était inférieur à celui de l’Arabie Saoudite et à peine supérieure à celui du Royaume Uni. Mais la Russie bénéficie encore des restes de l’URSS et reste l’une des deux grandes puissances nucléaires.
Selon le Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI), le volume des transferts internationaux d’armes est en constante augmentation depuis 2004 et il a augmenté de 8,4 % entre les périodes quinquennales 2007-11 et 2012-16. Les transferts d’armes en 2012-16 ont atteint leur plus haut volume sur une période de cinq ans depuis la fin de la guerre froide.
Sur cette période, les flux d’armes ont augmenté vers l’Asie, l’Océanie et le Moyen-Orient, tandis qu’ils diminuaient vers l’Europe, l’Amérique et l’Afrique. Cette augmentation des exportations vers d’un côté l’Asie/Pacifique et d’autre le Moyen-Orient n’est pas un hasard. Sur la première, elle traduit une inquiétude vis-à-vis de la montée hégémonique de la Chine. L’Inde est le plus grand importateur d’armes majeures en 2012-2016, comptabilisant 13 % du total. Entre les deux périodes, l’Inde a augmenté ses importations d’armes de 43 %. A l’inverse, la Chine est beaucoup plus autosuffisante en matière d’armements et n’a donc pas été contrainte à importer des équipements militaires.
Sur la seconde, c’est l’instabilité qui s’est généralisée ces dernières années sur l’ensemble de la région. Les importations d’armes par les États du Moyen-Orient ont augmenté de 86 % et représentent 29 % des importations mondiales en 2012-16. Si l’on ramenait au PIB, on aurait un rapport encore bien plus élevé. Face à un Iran de plus en plus menaçant et à un désengagement progressif des Etats-Unis, l’Arabie saoudite est devenue le deuxième importateur mondial d’armes, avec une augmentation de 212 % par rapport à 2007-11. Les importations d’armes par le Qatar ont crû de 245 %.
Les Etats-Unis représentent un tiers des exportations mondiales
Avec un tiers des exportations mondiales d’armement, les États-Unis sont le premier exportateur d’armes en 2012-16. Leurs exportations ont augmenté de 21 % par rapport à 2007-11. Près de la moitié de leurs exportations est à destination du Moyen-Orient. Dans ce classement des vendeurs d’armes, la France se situe en quatrième position. 2016 aura même été une année record avec plus de 20 milliards d’euros de commandes. Selon le général Dominique Trinquand, expert militaire et ancien chef de mission militaire à l’ONU interviewé sur RTL, ce succès traduit un climat d’insécurité général, le « niveau remarquable de la technologie française », le lien étroit entre le politique et les marchés d’armements – ce que certains pourraient appeler le complexe militaro-industriel – et enfin la présence de l’armée française sur différents les théâtres d’opérations qui démontre l’efficacité de nos matériels.