Sears vient de se placer se déclarer en faillite en se mettant sous la protection du chapitre 11 de la loi sur les faillites. On savait que l’entreprise était mal en point, mais l’annonce résonne dans la mesure ou Sears fait partie de l’univers du consommateur américain. Sears c’est un peu une sorte de Samaritaine, mais au niveau national : on y trouve, ou plutôt ou y trouvait tout.
Sears était une des plus anciennes grandes entreprises américaines puisqu’elle a été créée au sortir de la guerre de Sécession. Sears a été intégrée l’indice du Dow Jones en 1924 et était la plus grande société de distribution dans les années 80 avant de céder cette place à Walmart. Cette dernière a logiquement fait son entrée dans le Dow Jones en 1997 alors que Sears en était retirée deux ans plus tard. Signe de la désindustrialisation, GE a été récemment déprogrammé de l’indice boursier en laissant la place à Walgreens, un autre champion de la distribution.
On a fait remarquer que Sears était une sorte d’Amazon de l’époque dans la mesure où elle s’est bâtie sur le développement du service de la poste alors que la firme de Seattle est une fille de l’Internet. Sears était un spécialiste de la vente à distance. Au plus fort de son activité, son catalogue faisait plus de 1000 pages et l’entreprise disposait d’un entrepôt basé à Chicago de plus 300 000 m². Il vendait toutes sortes de produits : vêtements, outils, chaussures, électroménager, pierres tombales, voitures, maisons… Avant Internet et Amazon, il y a eu aussi la concurrence de chaîne de distribution spécialisée comme Home Depot et du géant généraliste Walmart.
Et depuis le développement de l’Internet, Sears est sur la pente descendante. Une pente qui n’a fait que s’accentuer. Il y a dix ans, Sears et Kmart (racheté par le même investisseur) employait plus de 300 000 salariés. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 68 000.
En 2005, Sears est racheté Edward Lambert, responsable du hedge fund ESL Investments (des initiales de son nom). Et ce rachat, au lieu de sauver l’entreprise l’a sans doute fait péricliter. C’est le schéma classique, voire caricatural. L’investisseur rachète, n’investit pas dans l’entreprise, revend les parties lucratives et puis se débarrasse du reste. Il a vendu des marques et de l’immobilier. Sears était propriétaire de nombreux de ses magasins. En 2015, il a vendu des magasins pour une valeur de 2,7 milliards de dollars à l’entreprise Seritage. Edward Lambert en est un investisseur important et son chairman. Seritage convertit ses magasins en bureaux de luxe, restaurants et appartements.
Sur les 5 derniers exercices, Sears a perdu 5,8 milliards de dollars. Alors que l’action valait 120 dollars en 2007, sa cotation de vendredi dernier était de 40 cents. En se déclarant en faillite, Sears va aussi fermer 150 magasins sur les 700 qui lui restent.
On le voit, les entreprises sont mortelles. D’autres marques ont été victimes de la concurrence du numérique et de son champion Amazon. Parmi celles-ci on peut citer Sports Authority, une chaîne d’articles de sports, Payless Shoes, une chaîne de chaussures, Toy’s R Us, une chaîne de distribution de jouets, Borders, une chaîne de librairies.