C’est le 1er mars que Joe Biden donnera son discours sur l’état de Union, une tradition qui remonte à la création des États-Unis. C’est George Washington qui donna le premier discours sur l’état de l’Union le 8 janvier 1790 dans la ville de New York, capitale fédérale à l’époque. En 1801, Thomas Jefferson interrompit cette pratique qu’il jugeait trop monarchique. Woodrow Wilson l’a rétabli en 1913 et elle a été repris depuis.
Cette année, la tâche de Joe Biden va être difficile. Au 1er mars, les États-Unis devraient compter près d’un million de morts du Covid, un seuil symbolique qui marquera les esprits et que certains (beaucoup ?) attribueront à Joe Biden. Une idée d’autant plus discutable que ce sont les mêmes qui ont défié en permanence les politiques sanitaires mises en œuvre par l’administration fédérale et mise en question, en particulier par des recours devant les tribunaux. Si l’on retient l’indicateur de la mortalité – le plus important – la situation des États-Unis n’était pas bonne, elle s’est encore détériorée depuis que la vague omicron a submergé le pays.
Sauf renversement improbable, elle interviendra aussi à un moment où sa popularité est assez basse avec seulement 40 % d’opinions favorables et 56 % défavorables (même si à la même époque, elle reste supérieure à celle de Donald Trump).
Ce discours intervient aussi après ces deux années d’épidémie qui semble avoir fatigué les esprits. L’institut Gallup qui a réalisé une sorte de sondage “Etat de l’Union” montre que sur presque tous les sujets (une trentaine au total), le niveau de satisfaction est moins élevé qu’il y a deux ans, moment où l’épidémie est arrivé aux États-Unis. Le seul sujet sur lequel le niveau de satisfaction s’est amélioré est l’acceptation des homosexuels.
Le niveau de satisfaction sur la qualité de vie en général a perdu 15 points même si elle reste relativement élevé à 69 %. Les deux dernières années avec leur lot de difficultés liées à la pandémie ont joué un rôle important. Il ne surprendra personne que l’appréciation soit fortement dépendante de l’appartenance partisane. Les Démocrates considèrent que leur qualité de vie global s’est améliorée (+ 15%), les républicains qu’elle s’est dégradée (- 11%).
En observant ci-dessous le tableau ci-dessous, on observe que les démocrates déclarent une satisfaction en hausse sur presque tous les sujets (en orange) alors que les républicains font part d’une satisfaction en baisse presque partout (en bleu). Sur certains sujets le basculement est étonnant. C’est chez les républicains que l’évolution négative de la satisfaction est la plus importante : – 45 % pour les politiques énergétiques, – 43% concernant le terrorisme, – 38 % pour la situation économique, – 33 % pour la préparation et la force militaire. Mouvement inverse mais de moindre ampleur chez les démocrates : + 28 % pour la situation économique, + 21 % concernant les possibilités de réussite pour quelqu’un qui travaille dur ou encore + 17 % pour le rôle des États-Unis dans les affaires du monde.
Cette baisse de la satisfaction va de pair avec celle du président et du congrès.
Ces évolutions aussi soudaines sont pour la plupart assez peu rationnelle tant la situation ne peut changer aussi rapidement sur nombre de sujet. C’est la différence bien connue entre le froid et la sensation de froid.
L’évolution de la satisfaction concernant les politiques énergétiques est sans doute fortement indexé sur les évolutions de prix à court terme. A 27 %, elle n’a jamais été aussi basse. Il est instructif de la comparer à l’évolution moyenne à long terme des prix de l’essence à la pompe, sujets à des hausses et à des baisses à court terme beaucoup plus forte aux États-Unis qu’en France. Avec une différence de prix très importante entre les deux pays : le prix moyen de l’essence est de 0,87 dollar le litre (3,28 dollars le gallon) soit 0,76 euros le litre contre 1,70 euros le litre en France.