On présente souvent Ron DeSantis – le possible opposant à Donald Trump dans les primaires républicaines – comme un conservateur. Mais sans doute à tort au sens traditionnel du terme. Parmi les attributs des conservateurs traditionnels, il y a une vision d’un état minimal qui ne se même pas des affaires privées, que ce soient des particuliers ou des entreprises. Les décisions récentes du gouverneur de Floride montrent clairement qu’il s’agit d’une nouvelle version du conservatisme dans lequel un des éléments essentiels est d’utiliser le pouvoir du gouvernement pour mener des batailles sociétales : « immigrants, LGBTQ Americans, the media, reproductive rights, and education ».
Parmi les combats les plus visibles, De Santis s’est lancé à l’assaut de Disney au motif que la société avait critiqué sa loi surnommée « Don’t Say Gay ». Dans ce qui devient une véritable saga, le dernier épisode est la contre-attaque de Disney qui poursuit le gouverneur de Floride en justice pour sa « campagne implacable visant à armer le pouvoir gouvernemental » et à attaquer la liberté d’expression. La poursuite judiciaire affirme que l’attaque de DeSantis « menace maintenant les opérations commerciales de Disney, compromet son avenir économique dans la région et viole ses droits constitutionnels ».
« Depuis plus d’un demi-siècle », peut-on lire dans les documents produits par la compagnie de Mickey, Disney a eu un impact incommensurable sur la Floride et son économie, établissant le centre de la Floride comme une destination touristique mondiale de premier plan et attirant des dizaines de millions de visiteurs dans l’État chaque année. Des gens et des familles de tous les coins du monde ont voyagé à Walt Disney World », mais cette relation est maintenant en danger. « Une campagne ciblée de représailles gouvernementales – orchestrée à chaque étape par le gouverneur DeSantis comme punition pour le discours protégé de Disney – menace maintenant les opérations commerciales de Disney, compromet son avenir économique dans la région et viole ses droits constitutionnels ».
C’est là une menace hasardeuse car Disney n’est pas sans ressources et va mobiliser une armée d’avocats contre le gouverneur de Floride.
En parallèle, Ron DeSantis a lancé une croisade contre la « Wokeness et la Critical Race Theory ». Dans cette nouvelle bataille, le magazine progressiste Popular Information, Ron DeSantis a tenu une conférence de presse et publié un communiqué (Exposing the Book Ban Hoax) dont l’objectif est de« debunking the mainstream media, unions and leftist activists’ hoax of empty library bookshelves and political theater pretending that Florida’s schools cannot teach about topics like African American History, including topics like slavery ». (Leading Reading Material Requirements).
Popular Information explique que la réalité est bien différente (REVEALED: These ten books are considered pornography in Ron DeSantis’ Florida). Le 46e gouverneur du Sunshine State déclare que « of the 175 books removed across the state…153 (87%) were identified as pornographic, violent, or inappropriate for their grade level. ». Et il va plus loin en menaçant les enseignants qui utilisent des livres pornographiques d’être poursuivi pour crime (felony) : « In terms of the pornographic material. There were reports saying, oh, teachers are so worried, you know, they may end up being charged with third degree felony for having books in their classroom… longstanding Florida law says that it’s unlawful for adults to provide pornography for minors. Does anybody disagree with that?… I don’t think it’s ever been appropriate in the history of Florida for adults to be providing pornography to minors ».
Mais, selon l’association Florida Freedom to Read, l’appréciation de la pornographie par DeSantis est très large. Si certains des livres censurés peuvent apparaître comme pouvant choquer, d’autres (ci-dessous) touchés par ce critère montrent une conception spéciale de la pornographie.
Et aussi des romans comme Beloved de Toni Morrison, The Kite Runner de Khaled Hosseini, Forever de Judy Blume, Nineteen Minutes de Jodi Picoult, Dreaming in Cuban de Christina Garcia, The Perks of Being a Wallflower de Stephen Chbosky. Tous ces livres ont reçu des prix dont le prix Pulitzer pour le livre de Toni Morrison.
« All of these books contain sexual content and may not be suitable for elementary or even middle school readers. But that doesn’t make them pornography » considère Judd Legum de Popular Information.
« Un livre est un outil de liberté ». Jean Guéhéno.
« Un livre nous déplaît partout où il nous ressemble ». Jules Renard
« Dire qu’un livre est moral ou immoral n’a pas de sens, un livre est bien ou mal écrit c’est tout ». Oscar Wilde
« Un livre obscène, c’est tout simplement un livre mal écrit. Le talent n’est jamais obscène. Ni à plus forte raison immoral ». Raymond Poincaré.