Dans sa dernière conférence de presse spéciale coronavirus de lundi, transformée depuis longtemps en tribune politique pour préparer la prochaine élection, Donald Trump n’a pas hésité à se comparer à Abraham Lincoln et Franklin Roosevelt, considérés par les historiens comme les deux plus grands présidents de l’histoire des Etats-Unis. Avec George Washington qui fut le premier d’entre eux (Qui est le plus grand président des Etats-Unis ?). Cela tient à la fois à leur personnalité, mais aussi à la manière dont ils ont su faire à une situation historique très particulière.
George Washington parce qu’il a conduit le pays vers son indépendance. « Au comment était… George Washington. S’il est vrai que Boston, Philadelphie et New York furent les premiers lieux de la fabuleuse aventure américaine. George Washington en fut l’incarnation originelle ». (Les présidents des Etats-Unis, Histoire et portraits, Perrin). Il représenta la Virginie dans les Congrès continentaux destinés à organiser l’indépendance. Il fut ensuite nommé commandant de l’armée continentale en 1775 et quelques années plus tard, en mars 1789, il fut élu à l’unanimité par le collège électoral président des Etats-Unis, puis réélu en 1792. En 1796, il quitte le pouvoir et publié son fameux Farewell Adress dans laquelle il met en garde contre les dangers de la division.
Abraham Lincoln parce qu’il a su maintenir le pays uni dans la période la plus sombre de son histoire. Il fut le premier président appartenant au tout jeune parti Républicain. Même si à ces débuts, il était plus attaché à l’Union qu’à la lutte contre l’esclavage, il saura réunir les deux dans une seule et même cause. Il est élu en 1860 assez facilement dans une élection quadrangulaire en surclassant son principal opposant Stephen Douglas. Mais à peine entré à la Maison-Blanche, en mars 1861, la guerre civile qui grondait depuis plus années s’est déclarée avec l’attaque de positions militaires du Nord dont Fort Sumter en Caroline du Nord. Lincoln réussit donc à préserver l’Union et envoya le Général Grant à Appotamox où fut signée la capitulation par le général sudiste Lee le 9 avril. Avant la fin de la guerre, il a également réussi à faire voter le 13e amendement qui marquait la fin de l’esclavage fut voté par le Sénat le 8 avril 1864 et la Chambre des représentants le 31 janvier 1865 et ratifié le 6 décembre 1865 après que les trois quarts des États l’aient voté. Parmi les discours de Lincoln qui sont restés à la postérité, la Gettysburg Adress tient une place importante. Abraham Lincoln fut réélu facilement en 1864, mais il fut assassiné 14 avril, cinq jours seulement après la fin officielle de la guerre de Sécession.
Franklin Roosevelt parce qu’il a su apporter les réponses à la plus grave crise économique et sociale que les Etats-Unis ont connue dans leur histoire baptisée Grande Dépression qui avait ravagé les Etats-Unis. Il dût aussi faire face à l’attaque de Pearl Harbor qui conduisit les Etats-Unis à entrer dans la Seconde Guerre Mondiale. Il a été largement élu le 8 novembre 1932 face à Herbert Hoover, dans cette période sombre, Il fut réélu à trois autres reprises, devenant le seul président à avoir été élu quatre fois. A son arrivée à la Maison-Blanche, les Etats-Unis étaient au plus bas avec un taux de chômage de 25 % et un PIB réduit de près de moitié. Les investissements se sont effondrés en passant de 16 milliards de dollars 1929 à 1,4 milliard en 1933, l’indice de la production industrielle de 100 à 63. Il restera comme l’initiateur du New Deal un programme de réformes sans précédent se donnant cent jours pour réussir, mais qui changea l’Amérique pour les 40 ans à venir. La réussite ne viendra pas du jour au lendemain, mais elle sera réelle. L’économie se redresse peu à peu, le chômage tombe à 20 % même s’il reste élevé, le nombre des faillites se réduit considérablement et la production reprend. A moyen terme, les résultats sont mitigés (Histoire des Etats-Unis, Bertrand Van Rymbeke, Taillandier), il y a encore 9 millions de chômeurs en 1939 et le déficit culmine à un nouveau record. Le social prend nouvelle dimension avec le Social Security Act qui créé une assurance-chomage et d’une assurance-vieillesse, le Wealth Tax Act qui impose les plus riches et le Revenue Act qui augmente les prélèvements sur les successions. Parmi les nombreux discours de Franklin Roosevelt, on retiendra évidemment le discours des quatre libertés.
Donald Trump partagera avec ces trois présidents d’avoir traversé une crise majeure. Mais la comparaison s’arrêtera là. Contrairement à ses prédécesseurs, il ne relèvera aucun défi, laissera les gouverneurs des Etats le soin de gérer la crise et cherchera en permanence des responsables de ses propres manquements : les démocrates, la presse, l’OMS, la Chine, L’Europe, les experts, … Il a été élu dans des conditions très acrobatiques grâce à un système indirect obsolète et avec trois millions de voix populaires que son opposant. Parmi les discours qui resteront, on citera peut-être celui qu’il prononça lors de son inauguration dans lequel il parlait de l’American Carnage et qui donnait une sombre image des Etats-Unis ou son intervention en avril 2020 qui restera à la postérité lorsqu’il proposait de lancer des recherches pour savoir si l’injection de désinfectant pouvait soigner d’une maladie qui a fait plus de morts que la guerre du Vietnam.