Sur les 30 dernières années, les Américains penchent plutôt du côté démocrate (lean democrat) et ce quels soient les présidents, démocrates ou républicains. C’est ce qu’indique l’institut Gallup dans un note récente (U.S. Party Preferences Evenly Split in 2022 After Shift to GOP).
Les républicains ont fait jeu égal avec les démocrates, à trois reprises.
En 2002, juste après l’attaque terroriste du 11 septembre 2001 où les Américains ont été sensibles à l’effet drapeau et se sont ralliés derrière leur président.
En 2011, quelques mois après la crise des subprimes de 2007 transformée en crise financière de 2008 (George W. Bush est toujours en poste), donnant naissance au Tea Party et engendrant la déroute des midterms de 2010 où les démocrates ont perdu 68 sièges à la Chambre des représentants.
Et aujourd’hui. Quelles peuvent être les raisons ou le contexte qui fait que les Américains qui s’identifient au parti républicain sont aussi nombreux que ceux qui se sentent proches des démocrates ?
L’année la plus forte pour les républicains en 2022 s’est manifestée par la victoire de leur parti sur le contrôle de la Chambre des représentants des États-Unis. Mais une victoire très modeste. À l’échelle nationale, plus d’électeurs ont voté pour les républicains que pour les candidats démocrates à la Chambre des représentants des États-Unis l’année dernière par une marge d’environ trois points. Cependant, les républicains n’ont pas été en mesure d’obtenir une majorité au Sénat américain.
Lorsque Gallup a commencé à mener ses entrevues exclusivement par téléphone en 1988, il y avait des proportions similaires de démocrates, de républicains et d’indépendants aux États-Unis. Au début des années 1990, les indépendants ont commencé à être plus nombreux que les républicains et les démocrates, mais cet avantage s’est estompé au début des années 2000.
Cependant, depuis 2009, l’identification indépendante s’est développée et a atteint des niveaux jamais vus auparavant. Aujourd’hui, les indépendants politiques (41%) sont beaucoup plus nombreux que les républicains (28%) et les démocrates (28%).
Mais la question est de savoir ce que signifie être indépendant. Est-ce un rejet des positions affichées par les deux autres parties ? L’adoption d’idées spécifiques correspondant à un programme politique ? d’idées centristes à mi-chemin entre les deux grands partis ? Sans doute un peu tout à la fois mais une chose est sûre, il n’existe pas de parti labellisé « indépendant ». Aucun parti tiers n’a réussi à gagner la Maison Blanche ou à s’imposer au Congrès. Au Sénat, deux sénateurs se sont déclarés indépendant : Bernie Sanders, indépendant depuis longtemps et se situant à la gauche du parti démocrate, et Kyrsten Sinema qui, peu après sa réélection au poste de sénatrice démocrate de l’état d’Arizona, quitté les rangs de son parti et figure parmi les plus centristes de son parti.
Depuis 2011, pas moins de 39% des Américains se sont identifiés comme indépendants, avec un pourcentage de 40% ou plus dans toutes les années sauf les élections présidentielles de 2016 et 2020. Avant 2011, l’identification indépendante n’atteignait 39 % que deux fois : en 1995 et en 2007.
Une analyse Gallup de 2022 a révélé que l’augmentation de l’identification indépendante semble être due en grande partie à la génération X et à la génération du millénaire qui continuent de s’identifier comme indépendantes à mesure qu’elle vieillit. Dans les générations précédentes, les adultes américains sont devenus moins susceptibles de s’identifier comme indépendants à mesure qu’ils vieillissaient. Environ la moitié des milléniaux et plus de quatre sur 10 de la génération X s’identifient actuellement comme indépendants, comparativement à moins d’un tiers dans les générations plus âgées.
Cette domination globale depuis 1992 s’est traduit par le fait les républicains n’ont obtenu la majorité du voix populaire une seule fois, en 2004, aux élections présidentielles. Sauf exception dans le temps que l’on pourrait qualifier de conjoncturelle, les idées démocrates dominent dans l’opinion américaine. Et cette domination s’accentue en fonction de l’âge. En un mot, plus un Américain est jeune et plus il y a de chances qu’il soit démocrate.
« Fondamentalement, le parti républicain est désormais un parti minoritaire qui souhaite garder le contrôle par une minorité alors que la vague démographique joue irrésistiblement contre eux, explique David Rothkopf, ancien U.S. Under Secretary of Commerce for International Trade sous l’administration Clinton. C’est le grand défi auxquels ils sont confrontés. Et le seul moyen à leur disposition pour conserver le pouvoir face à une majorité d’Américains qui s’opposent à eux, est de « disconnecting the wires of democracy » (changer les règles démocratiques). Et c’est ce qu’ils dont depuis des années, petit à petit. Ce qui leur permet de mettre en place un système pour garder le pouvoir par d’autres moyens. Demographic is destiny », conclut-il.
Disconnecting the Wires of Democracy with David Rothkopf
Host Reed Galen is joined by David Rothkopf to discuss where our nation stands two years into the Biden administration, how the rest of the world no longer has an American example to dissuade them from authoritarianism, and how the longer authoritarianism is embraced the greater the irreversible damage to the democracy we hold so dear. Plus, the island nation of Taiwan’s superpower.