Qui est responsable de l’explosion épidémique actuelle ? Tout dépend à qui on pose la question. C’est ce qu’a fait le magazine en ligne Axios en partenariat avec l’institut Ipsos en sondant deux groupes d’Américains : ceux qui sont vaccinés et ceux qui ne le sont pas (Axios-Ipsos poll: The blame game).
Pour les premiers, la première cause est le groupe des personnes non vaccinés, et de très loin. Viennent en deuxième et en troisième, Donald Trump et les médias conservateurs (type Fox News, AON ou Newsmax) qui diffusent des fausses informations et/ou se rebellent contre la mise en œuvre de toutes nouvelles règles.
Les seconds sont beaucoup plus hésitants à trouver une raison principale. Ils citent en premier les étrangers qui voyagent aux Etats-Unis (37 %), devant les mainstream médias (de leur point de vue tous les médias autres que ceux cités plus haut) avec 27 %, les Américains qui vont à l’étranger (23 %), Joe Biden (21 %) et les non vaccinés, c’est-à-dire eux-mêmes (10 %).
Cette vision du monde très polarisée est assez nouvelle pour Cliff Young, président d’Ipsos U.S. Public Affairs. « Le problème a été largement politisé. Chez les non vaccinés, cela renforce un système d’explication déjà faussé (…) Nous sommes confrontés à un mur de désinformation qui brouillent encore plus la situation au groupe des non récalcitrants (…) La seule manière de traiter le problème est de décider des politiques et des règles strictes ».
Une opinion sans doute un peu rapide car elle ne prend pas en compte les initiatives que peuvent prendre ces groupes emmenés par des activistes forcenés. L’expérience des gilets jaunes en France qui est en train de se reproduire avec les anti-vax (il y a peut-être une grande intersectionnalité entre les deux groupes) montrent que le problème est un peu plus complexe à résoudre.
Heureusement, le groupe des antivax inconditionnels américains semble se réduire pour se stabiliser à 15 % de la population, une proportion qui semble assez comparable à celle de la France. Toutefois, cette proportion des anti-vax et non-vax est assez difficile à déterminer. L’institut Gallup l’évalue à un peu moins de 20 % de la population, une proportion qui n’aurait pas beaucoup variée depuis le mois de mai.
Si les raisons pour ne pas se faire vacciner sont multiples, une majorité des non-vaccinés (53 %) pensent que le risque lié au vaccin est plus élevé que celui lié à la maladie. C’est ce que révèle une enquête réalisée par la Kaiser Foundation Family (KFF COVID-19 Vaccine Monitor: July 2021). Des résultats qui ont été publiés à un moment où la vaccination semble être relancée après de multiples initiatives. Lors d’une récente intervention dans laquelle il qualifie cette nouvelle vague de pandémie des non-vaccinés (de fait, la grande majorité des hospitalisations et des décès sont liées à des personnes non vaccinées), Joe Biden résumait simplement la situation : « If you’re unvaccinated, you are much more likely to, one, get covid-19; two, get hospitalized; and, three, die if you get it. This is a tragedy. »
Parmi les différents moyens pour décider les non vaccinés, les médias américains fait parler des Américains non vaccinés qui ont perdu un membre de leur famille et qui, n’ayant que leurs yeux pour pleurer, expriment leur regret et supplie les non vaccinés de le faire au plus vite.
Et l’environnement actuel, mesures gouvernementales au niveau fédéral, des états et des municipalités et prises par les entreprises, a relancé un peu la vaccination. La ville de New York vient d’imposer le pass vaccinal pour entrer dans les restaurants et les centres de fitness. Les autres grandes métropoles devraient suivre. Et les entreprises sont de plus en plus nombreuses à imposer à leurs employés à se faire vacciner.