Restaurer l’économie et améliorer le marché de l’emploi constituent pour les Américains la priorité n°1 pour Barack Obama au début de ce son second mandat. 95 % d’entre eux la considèrent comme extrêmement ou très importante selon un sondage réalisé par l’institut Gallup (il faut préciser que les 12 préoccupations ont été listées dans le questionnaire). Sur ces deux fronts, on constate une certaine amélioration. Les prévisions de croissance pour 2013 et 2014 sont encourageantes tout comme l’évolution de la situation de l’emploi. Selon les chiffres du BLS (mis en doute de manière très controversée par l’ancien patron de GE Jack Welch), le taux de chômage était de 7,9 % en octobre, un niveau élevé pour les Etats-Unis qui créé des situations individuellesdélicates dans la mesure où le filet de protection sociale est nettement moins avantageux qu’en Europe.
Ce qui n’empêche pas les Américains d’être très attachés à l’existant, en particulier la « Social Security » (système de retraite) et Medicare (système d’assurance maladie pour les plus de 65 ans). Deux systèmes mis en place sous des mandats de présidents démocrates (Roosevelt pour le Social Security Act (1935) et Johnson pour le second en 1965 – Congress created Medicare under Title XVIII of the Social Security Act)
Ces systèmes sont fragilisés par la situation économique difficile et par l’augmentation de la durée de la vie (qui est négative lorsqu’elle est présentée ainsi alors que c’est une bonne nouvelle d’autant qu’il ne s’agir de vieillir, mais de vieillir en bonne santé). Malgré le dénigrement de certains politiques républicains pour qui ces systèmes (tout comme l’Obamacare) vont à l’encontre de la responsabilité individuelle, ces systèmes de protection sociale bénéficient d’une large adhésion de la population. Cette idée avait été bien résumée par Bill O’Reilly après le résultat des élections : Barack Obama a été élu « by the people who want stuff ». Et elle s’inscrit dans la méfiance inconditionnelle qu’ils manifestent à l’égard du gouvernement fédéral.
Les trois préoccupations les moins présentes dans l’esprit des Américains sont l’augmentation des impôts pour les ménages dont les revenus dépassent 250 000 dollars par an (2 % de la population), une mesure pour laquelle Barack Obama reste inflexible dans le grand « bargain » avec les Républicains à propos de la « fiscal cliff », offrir des possibilités de régularisations pour les immigrants illégaux et réduire les dépenses militaires qui vient assez loin en dernier.
Certaines de ces préoccupations font l’objet d’un large consensus entre républicains et démocrates, par exemple, par exemple restaurer l’économie et améliorer la situation de l’emploi, simplifier le système fiscal et éliminer les niches, réduire l’indépendance énergétique ou encore empêcher l’Iran de développer l’arme nucléaire.
Sans grande surprise, d’autres divisent largement les deux camps comme augmenter les impôts pour les ménages gagnant plus de 250 000 dollars par an. D’ailleurs, ce sujet avait été un point d’opposition radicale entre Barack Obama et Mitt Romney.
Mais concernant deux autres sujets – le réchauffement climatique et le coût des études supérieures -, la différence entre les deux camps est pour le moins surprenante, voire incompréhensible. Dit d’une autre manière plus partisane, la position des Républicains est déroutante.
D’abord, le changement climatique. Ils ne sont que 20 % (les démocrates sont 79 %) à penser qu’il faut s’atteler à ce problème pourtant si préoccupant et touchant la planète entière. Peut-être considèrent-ils qu’une telle prise de position équivaut à l’interdiction de l’exploitation de nouvelle forme d’énergie comme les gaz ou le pétrole de schiste. Cela ne tient pas vraiment à l’analyse puisque les Etats-Unis ont lancé ce type d’exploitation depuis plusieurs années. Où à une remise en cause du mode de vie des Américains (George W. Bush l’avait clairement exprimé au moment du renouvellement des accords de Kyoto).
L’autre différence est encore plus étrange et concerne le coût des études supérieures : 89 % des démocrates pensent ce sujet très important contre seulement 55 % des républicains. Et pourtant, l’explosion du coût des universités met en danger ce qui constitue une force des Etats-Unis. Et le montant de la dette contractée par les jeunes diplômés a atteint des sommets et deviendra critique pour nombre d’entre eux dans plusieurs années. Sans parler des universités privées à but lucratif dont le système de prêt aux étudiants peut être comparé aux méthodes des banques avec les subprimes. « Empruntez sans vous préoccuper de savoir si un jour vous pourrez rembourser », tel est le message que certaines de ces universités essayent de faire passer.
Le montant moyen de la dette pour un jeune diplômé d’un bachelor (4 ans d’études supérieures) est de 26 500 dollars (Student-Loan Borrowers Average $26,500 in Debt). Et selon le Consumer Financial Protection Bureau (une agence mise en place suite à la loi Dobb-Franck), le montant de la dette dépasse 1 000 milliards de dollars (Report Details Woes of Student Loan Debt) dont 864 milliards de prêts gouvernementaux et 150 milliards d’institutions financières. Une véritable bombe à retardement.
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