La tradition veut que le président en place perde les élections de midterms qui renouvellent la Chambre des Représentants dans sa totalité et le tiers des sièges du Sénat. Parfois le recul est homéopathique, parfois il est brutal. Ce fut notamment le cas en novembre 2010 où Barack Obama dû payer auprès des électeurs sa persévérance à faire passer sa loi sur la réforme de l’assurance maladie. Depuis la guerre de Sécession, le président a perdu 35 des 38 élections midterms (92 %). Pour le Sénat, les résultats sont moins probants. Depuis 1913 et l’élection directe des sénateurs suite au 17e Amendement, le président a perdu des sièges dans 19 élections sur 26. Parmi les exceptions notoires, Bill Clinton gagna haut la main en 1998 en réaction à la procédure d’Impeachment et George W Bush fit de même en 2002 avec l’effet des événements du 11 septembre.
Comme le fait remarquer Charlie Cook, un consultant reconnu spécialiste des élections (Will the 2018 Midterms Follow Historic Patterns?), le résultat des élections prend en compte des facteurs macro, au niveau national, comme le taux de popularité du président en place, ou micro, comme la popularité, l’expérience et le bilan du candidat (s’il est en place).
Si l’on s’en tenait aux facteurs macro, poursuit Charlie Cook, lorsque le président est en-dessous de 50 % de popularité, ce qui est arrivé à 6 reprises depuis 1996, il perd au moins 2 douzaines de sièges à la Chambre des représentants. Donald Trump est en-dessous de 40 % (il est même tombé à 34 % selon l’institut Gallup) ce qui devrait encourager fortement les démocrates. Sachant que les démocrates sont face à un risque beaucoup plus élevé puisqu’ils défendent 25 des 48 sièges qu’ils détiennent au Sénat alors que les Républicains n’en défendent que 8 sur les 52 restants. C’est donc arithmétiquement le nombre maximal de sièges qu’ils peuvent perdre.
Mais les facteurs micro donnent une perspective très différente et ne devrait bénéficier aux démocrates que de manière très modérée. Si les démocrates gagnaient toutes les élections de la Chambre et du Sénat où Hillary Clinton a soit gagné soit perdu de moins de trois points, alors il obtiendrait une courte majorité à la Chambre et perdrait 5 sièges au Sénat. Un moindre mal.
Mais d’autres éléments font largement pencher la balance du côté des républicains. Dans un article publié dans le magazine conservateur The Daily Caller, le chroniqueur David Benkof (2018 Will Be A Bloodbath – For Democrats) pense lui que les démocrates ont beaucoup de souci à se faire. Non sans arguments. Le premier élément important à prendre en compte est qu’au Sénat, il parle même de bain de sang.
Pour la première dans l’histoire des Etats-Unis, aucun sénateur n’a indiqué qu’il ne se représenterait pas et seulement 18 membres de la Chambre des représentants (au 10 août). Quand on sait l’avantage des députés ou sénateurs élus, on voit que c’est là un élément important. En 2016, 97 % des membres de la Chambre des Représentants en place et 87 % des sénateurs ont été réélu. Un chiffre particulièrement élevé mais qui se reproduit assez régulièrement.
Donald Trump avait inventé les 3 millions de votes imaginaires qui lui auraient manqués pour être à parité avec Hillary Clinton. Mais la réalité est tout autre. De nombreux états rendent plus difficile la procédure pour pouvoir voter et ce souvent des Etats républicains. Par ailleurs, ces derniers se sont assez largement concentrés sur le redécoupage électoral (Gerrymandering) pour consolider leur pouvoir.
A cela, David Berkof ajoute un argument plus politique. Nombre d’électeurs – souvent des blancs cols bleus – pourraient se détourner de Donald Trump et des républicains parce qu’ils n’auraient pas tenu leur vote et en aucun cas amélioré leur situation. Mais les analystes qui font ce pari passent à côté d’un point important : le facteur culturel qui a été largement déterminant dans le choix des électeurs ayant voté pour Donald Trump. D’ailleurs, on le voit, la base des électeurs pro-Trump ne vacille pas qu’il fasse, quoi qu’il dise.
En outre, les démocrates n’ont pas fait beaucoup prendre d’un réel dynamisme depuis l’élection de Donald Trump comme s’ils avaient été sonnés par ce que l’on considéré comme un réel accident. Ils ont fait beaucoup d’anti-Trump – mais faire autrement étant donné les outrances permanentes du personnage – mais n’ont pas été très force de proposition. Ils n’ont pas vraiment tiré parti des mouvements de terrain (grassroots). Et un peu comme les socialistes en France, ils n’ont pas encore vraiment qu’elle orientation choisir : plutôt radical dans le sillage de Bernie Sanders et Elisabeth Warren ou plutôt modéré à l’instar d’Hillary Clinton.
Toutes les prévisions avaient été battues en brèche lors des élections de 2016. L’histoire pourrait bien se répéter en 2018. Et si les démocrates veulent se présenter de manière avantageuse aux présidentielles en 2020, ils feraient bien de ne pas trop attendre car face à un Trump, même largement désavoué et totalement inapte à être président, il faudra malgré tout un candidat démocrate, solide et très attrayant.
1 Commentaire
David Benkof
Ha! C’est merveilleux à voir une discussion du thème des élections de 2018 en français qui inclue mes idées. C’est évident que je parle un petit peu français. Pour moi, j’aime bien pratiquef la langue en lisant un article qui s’agit de moi! Merci, merci, merci.