« You sacrificied nothing » s’était exclamé Khizr Khan, le père d’un militaire d’origine pakistanaise tué lors de la guerre en Irak, lors de la Convention démocrate à Philadelphie. Il parlait de Donald Trump. Il déclencha un tonnerre d’applaudissements de la part des délégués mais déclencha aussi une vive polémique attirant vers lui un nombre important de soutiens mais suscitant l’ire du candidat républicain car il avait touché juste.
Donald Trump ne prétend pas avoir d’expérience et il en tire même un titre de gloire. Nombre d’Américains voit en lui un homme neuf, dans la politique s’entend, doublé d’un « businessman accompli ». Sur ce point, on ne saura jamais la réalité de cette affirmation puisqu’il n’a pas publié ses déclarations de revenus. Seuls ces documents pourraient accréditer ses dires, évidemment flatteurs, et surtout donner l’origine de ses revenus et de ses dettes. Connaître ainsi qui sont ses créanciers et à quel degré il leur est obligé.
Il faut dire que Donald Trump est plus proche de Gordon Gecko qui professe que « Greed is good » que de n’importe quel président des Etats-Unis, fut-il Andrew Jackson. Une comparaison souvent établie et à laquelle Donald Trump lui-même s’est hasardé lors de son dernier rallye dans le Tennessee. Certes Andrew Jackson avait un caractère autoritaire et détestait les élites mais au moins il avait servi son pays dans l’armée.
Qu’attend-on d’un homme politique, a fortiori s’il est président ? Qu’il est le goût de la chose publique, le souci de l’intérêt général, une capacité à s’intéresser aux dossiers, fussent-ils complexes, à juger des forces en présence et à accepter des compromis en s’arrêtant au seuil des compromissions. Dans le cas contraire, la réussite du projet se traduit directement sur son compte en banque.
Trump : une marque établie de longue date et qui s’est bonifiée grâce à son émission The Apprentice où il prenait un malin plaisir à déclamer : « You’re fired ». Une version moderne du pouce de César pointé vers le bas dans la Rome antique où régnaient le pain et les jeux.
La débâcle du Trumpcare montre que Donald Trump partage peu ces différentes qualités. Il n’est plus un bâtisseur depuis longtemps et s’est converti dans la gestion de la marque Trump dans tous les secteurs et dans tous les pays. Un business moins risqué car si le deal ne réussit pas, il ne gagne rien ce qui pas trop grave puisqu’il n’a rien investi. Et lorsque les affaires tournaient mal, on a vu de quoi l’homme d’affaire était capable : du pire ! D’ailleurs, il n’est jamais caché de sa théorie selon laquelle si quelqu’un lui cause du tort, il faut lui répondre dix fois plus fort (“Anybody who hits me, we’re gonna hit them ten times harder”)
Difficile de comprendre comment les cols bleus de la fameuse Rust Belt touchée directement par la mondialisation et qui ont voté pour lui puissent croire qu’il va défendre leurs intérêts ou même s’intéresser à leurs problèmes. Alors qu’il a passé toute sa vie à défendre ses propres intérêts bec et ongles.
Le Trumpcare pourrait être exemplaire de ce que pourrait bien être la présidence Trump : une préparation bâclée, un projet mené au pas de course, un ultimatum comme moyen de négociation et au final une absence totale de résultats. Et pourtant il nous avait tenu en haleine depuis son élection, nous expliquant en 140 caractères que toute allait pour le mieux.
Donald Trump se présente comme le plus achevé des hommes d’affaires. Mais alors dans quelle catégorie classer Trump Steaks, Trump University, Trump Vodka, Trump suits, Trump Fragrance line, Trump Airline ? Pour le lancement de ces produits et services, sa méthode est simple. Il ne semble pas s’intéresser aux détails et surtout de la qualité des produits ou services. L’apposition de la simple étiquette Trump devrait suffire.
Pour l’ACHA (American Care Health Act), il semble avoir adopté la même démarche. Il a mis son nom à une réforme dont, aux dires mêmes de certains républicains, il avait une connaissance plus que superficielle. Il lance le projet et laisse les autres se charger de la mise en œuvre. Le plan qui avait finalement été validé pour le vote ne respectait en rien les promesses de campagne. Peu importe le contenu du produit, seul le packaging compte. A condition qu’il se vende. Ce qui n’a pas été le cas. Dans ce cas, c’est la faute du chef de produit, de la campagne marketing, des consommateurs, du marché… bref de tout sauf du principal acteur.
Les tweets de Donald Trump sur l’Obamacare depuis l’inauguration
14 févr.
Obamacare continues to fail. Humana to pull out in 2018. Will repeal, replace & save healthcare for ALL Americans.15 févr.
Aetna CEO: Obamacare in ‘Death Spiral’ #RepealAndReplace17 févr.
Despite the long delays by the Democrats in finally approving Dr. Tom Price, the repeal and replacement of ObamaCare is moving fast!7 mars
Our wonderful new Healthcare Bill is now out for review and negotiation. ObamaCare is a complete and total disaster – is imploding fast!8 mars
I feel sure that my friend @RandPaul will come along with the new and great health care program because he knows Obamacare is a disaster!11 mars
We are making great progress with healthcare. ObamaCare is imploding and will only get worse. Republicans coming together to get job done!13 mars
ObamaCare is imploding. It is a disaster and 2017 will be the worst year yet, by far! Republicans will come together and save the day.We are taking action to #RepealANDReplace #Obamacare! Contact your Rep & tell them you support #AHCA. #PassTheBill http://45.wh.gov/Rame8F
24 mars
After seven horrible years of ObamaCare (skyrocketing premiums & deductibles, bad healthcare), this is finally your chance for a great plan!25 mars
ObamaCare will explode and we will all get together and piece together a great healthcare plan for THE PEOPLE. Do not worry!