“We will close the border, lower costs, put tarriff on every product, lower taxes, unleash energy dominance, have the government pay for IVF, go on war on the drug cartels, stop crime, defend law and liberty” répète en boucle le candidat républicain en guise de programme. Des slogans qu’il répète à chaque nouvelle réunion de campagne. En guise de programme détaillé, il y a Project 2025, un imposant document de 920 pages, rédigé sous l’ex-responsable du think tank Heritage Foundation à laquelle ont participé quelque 140 personnes ayant travaillé dans l’administration Trump. Intitulé Mandate for Leadership, The conservative promise, ce rapport est dans la lignée du précédent Mandate for Leadership publié en janvier 1981, le même mois ou Ronald Reagan entrait à la Maison-Blanche. À la fin de la même année, explique Kevin Roberts, ex-président du très conservateur Heritage Foundation et coordinateur du rapport, explique qu’un an plus tard, 60 % des recommandations étaient entrées en vigueur par le biais de décisions politiques. « The bad news today is that our political establishment and cultural elite have once again driven America toward decline (…) Conservatives should be confident that we can rescue our kids, reclaim our culture, revive our economy, and defeat the anti-American Left – at home and abroad.
Organisé en 30 chapitres, ce rapport est orienté selon quatre grands axes :
1. Restore the family as the centerpiece of American life and protect our children.
2. Dismantle the administrative state and return self-governance to the American people.
3. Defend our nation’s sovereignty, borders, and bounty against global threats.
4. Secure our God-given individual rights to live freely – what our Constitution calls “the Blessings of Liberty.”
Ce programme est si radical que lorsque les journalistes interrogent Donald Trump, qui ne l’a évidemment pas lu, prend ses distances et tente d’expliquer qu’il n’est en rien engagé par ce rapport.
Entre des slogans d’un côté et un épais catalogue de mesures radicales de l’autre, Donald Trump essaie de naviguer à vue, tant bien que mal. La position sur l’IVG et l’IVF est exemplaire. Alors qu’il s’était félicité d’avoir fait invalider l’arrêt Roe V. Wade grâce à la nomination de trois juges conservateurs, il comprend maintenant que cette décision lui coûtera des voix et peut-être même l’élection. Du coup, il essaie de faire machine arrière et de proposer un discours moins radical sur la question en proposant de rembourser l’IVF par le gouvernement ou les assurances privées. Sauf que sur cette question, les évangélistes sont intransigeants et ils en demandent toujours plus. Et Donald Trump dépend beaucoup de ce groupe d’électeurs.
Mais il n’est pas trop gêné puisqu’il est capable de dire une chose un jour, son contraire le lendemain, et affirmer le jour suivant que les Fake News journalists n’ont pas bien compris ce qu’il voulait dire et proposer une troisième proposition qui contredit les deux premières. Fort de cet alibi de programme politique, les républicains MAGA, que relaient les médias traditionnels, exigent que Kamala Harris fournisse elle aussi un programme détaillé.
Donald Trump donne des interviews à répétition à des chaînes bienveillantes et il agonise Kamala Harris de ne pas faire de même en expliquant qu’elle est « dumb » et incapable de sortir du téléprompteur. Après l’interview qu’elle a donnée sur CNN, les critiques sur la forme ont immédiatement fusé, son look, le fait qu’elle l’ait donné avec son colistier (une pratique courante) ou encore d’être derrière une table. Sur le fond, la critique est que Kamala est une communiste, voire une marxiste – d’ailleurs Donald Trump la surnomme Komrade Kamala – et qu’elle a changé d’avis sur tous les sujets.
Depuis qu’il a annoncé sa candidature, Donald Trump avait axé sa campagne sur le fait que son possible puis réel opposant était trop vieux, sénile et incapable de diriger le pays. Les médias traditionnels ont relayé cette information et informé leurs lecteurs, auditeurs ou téléspectateurs que les Américains n’avaient pas envie d’une revanche Trump-Biden. Mais depuis que Joe Biden a retiré sa candidature, Donald Trump est privé de son meilleur argument qui se retourne contre lui comme un boomerang. Alors qu’il faisait campagne en autopilote, quasiment assuré de gagner les élections de 2024, tout à changé. Et les perspectives de victoire assurée se sont transformées en fortes possibilités de défaite. Cette situation a entraîné une réaction quasi épidermique et généré un comportement encore plus erratique du candidat avec des propos parfois incohérents et des messages postés sur compte Truth Social dont la publication (directe ou indirecte) par n’importe quel employé de McDonald entraînerait son licenciement immédiat et serait présentée comme provenant d’un esprit dérangé. La plus vulgaire et la plus dégradante étant celle montrant Hillary Clinton et Kamala Harris avec la mention : “Funny how blowjobs impacted their carreer différently”. La défense de Donald Trump J.D. Vance étant assez pitoyable.
Il fut un temps ou les républicains insistaient beaucoup sur le caractère du ou de la candidate. Avec Donald Trump qui a franchi toutes les limites de la décence et de la correction, les républicains sont devenus totalement aphones sur cette question et pardonnent tous les excès de leur champion en cherchant des excuses. Dernier en date de cette suite de dérapages, l’épisode du cimetière d’Arlington est exemplaire du comportement du candidat.
Lors d’une visite au cimetière national d’Arlington Donald Trump est venu à titre privé honorer les 13 militaires tués lors du retrait d’Afghanistan et surtout critiquer Joe Biden pour cette opération, le personnel de campagne du candidat a pris des photos et des vidéos dans la section 60, le cimetière des anciens combattants récents, malgré les fortes objections des responsables du cimetière.
Le cimetière national d’Arlington a été établi sur l’ancienne propriété du général Robert E. Lee en 1864, le chef des forces confédérées, après que la famille Lee n’a pas payé ses impôts fonciers. Le cimetière est l’un des deux cimetières des États-Unis qui sont sous la juridiction de l’armée américaine.
Une déclaration du cimetière national d’Arlington indique que « La loi fédérale interdit les campagnes politiques ou les activités liées aux élections dans les cimetières militaires nationaux de l’armée, y compris les photographes, les créateurs de contenu ou toute autre personne participant à des fins ou en soutien direct à la campagne d’un candidat politique partisan. Le cimetière national d’Arlington a renforcé et largement partagé cette loi et ses interdictions avec tous les participants. Un membre du personnel est venu le signifier au groupe présent. Les responsables de campagne n’ont pas voulu obtempérer et continuer leur pseudo-cérémonie. S’en est suivi une altercation.
Le candidat républicain à la vice-présidence, le sénateur J.D. Vance de l’Ohio, a d’abord déclaré qu’il y avait un « petit désaccord » au cimetière, il a tenté aujourd’hui de transformer l’incident en une attaque contre Harris. « Elle veut crier sur Donald Trump parce qu’il est venu ? » a déclaré Vance. « Elle peut aller en enfer. » VoteVets, une organisation progressiste qui s’efforce d’élire d’anciens combattants, a qualifié l’épisode d’Arlington d’« écœurant ».
L’U.S. Army a publié un communiqué déclarant qu’un employé du cimetière “who attempted to ensure adherence to these rules was abruptly pushed aside…. This incident was unfortunate, and it is also unfortunate that the… employee and her professionalism has been unfairly attacked. [Arlington National Cemetery] is a national shrine to the honored dead of the Armed Forces, and its dedicated staff will continue to ensure public ceremonies are conducted with the dignity and respect the nation’s fallen deserve.”
Sur la chaîne MSNBC, la journaliste Dasha Burns interpella Donald Trump sur ce sujet : “Should your campaign have put out those videos and photos?”
Trump répondit en essayant de noyer le poisson : “Well, we have a lot of people. You know, we have people, TikTok people, you know we’re leading the Internet. That was the other thing. We’re so far above her on the Internet….”
Burns interrompit le candidat : “But on that hallowed ground, should they have put out the images…?”
Trump répondit à nouveau : “Well I don’t know what the rules and regulations are, I don’t know who did it, and, I, it could have been them. It could have been the parents. It could have been somebody….”
Burns interrompit à nouveau : “It was your campaign’s TikTok that put out the video.”
Trump se justifia en affirmant : “I really don’t know anything about it. All I do is I stood there and I said, ‘If you’d like to have a picture, we can have a picture.’ If somebody did it; this was a setup by the people in the administration that, ‘Oh, Trump is coming to Arlington, that looks so bad for us.’”
Bref, un épisode très regrettable, qui n’aurait dû se dérouler, qui n’apporte strictement rien à une campagne politique aussi importante mais qui dessine bien les contours de la personnalité du candidat. Après la tentative d’assassinat sur sa personne, Donald Trump l’avait bien dit lors de son premier discours après le retrait de Joe Biden et l’arrivée de Kamala Harris : “You know, I was supposed to be nice. They say, something happened to me when I got shot – I became nice. And when you’re dealing with these people—they’re very dangerous people—when you’re dealing with them, you can’t be too nice. You really can’t be. So if you don’t mind, I’m not going to be nice. Is that ok?”
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