Le premier débat – qui n’était pas vraiment un débat – entre Kamala Harris et Donald Trump était aussi la première fois que les deux candidats se rencontraient physiquement. Le score s’appuie sur deux dimensions.
D’abord la forme. On y a vu Trump, le renfrogné, qui n’a jamais regardé son opposante, et la toujours souriante Kamala, quel que soit le contexte.
Ensuite, sur le fond, alors qu’elle était sans doute la challenger, Kamala Harris s’est mise à l’attaque alors que Donald Trump était quasi en permanence sur la défensive. Quant aux arguments échangés, on est sur deux planètes différentes. Celle de Trump ou les migrants mangent les chiens et les chats dans la ville de Springfield (Ohio) et celle de Kamala qui esquisse quelques grandes lignes de la politique qu’elle entend mener.
La chaîne qui accueillait l’évènement, abc News, “First, historic, unprecedented” ne ratait pas l’occasion de se mettre en valeur tout autant que de montrer l’importance de cette confrontation. Deux séquences publicitaires, sans doute chèrement payées et justifiées par les 67 millions de téléspectateurs, ont séquencé l’événement.
Les enjeux étaient sans doute plus élevés pour Kamala Harris que pour Donald Trump, à la fois du point de vue des médias et des électeurs. Trump a fait du Trump, il n’a surpris personne. Son habitude à dire n’importe quoi, allant du complotisme aux ignominies en passant par les mensonges, joue le rôle d’un vaccin et empêche ainsi toute réaction à un nouveau bacille verbal. Quant à sa base, elle est depuis longtemps hypnotisée par le discours du candidat MAGA et peu à même de porter un quelconque jugement.
Ted Cruz haitiens
Finalement, ce ne sont pas des chats ou des chiens, mais des oies. Peut-être les oies du Capitole ?
On le sait, rarement un débat n’a d’influence sur le résultat des élections. Celui qui figurera peut-être parmi les exceptions dans la mesure où le nombre d’électeurs à convaincre pour en changer le cours est relativement faible, et ce nombre ne concerne que les 6 ou 7 états clés qui décideront de la victoire. Mais pendant le débat, la vedette Taylor Swift et ses près de 300 millions de followers sur X a annoncé – à ce moment opportun – qu’elle soutiennait Kamala Harris. On pourrait être sceptique sur le fait qu’une telle personnalité puisse avoir de l’influence sur ce scrutin, mais c’est la réalité.
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Toujours la faute des autres : « si tu ne gagnes pas, il faut blâmer l’arbitre »
Qui a gagné ? C’est la question à mille francs à laquelle chaque personne répond plus en fonction de son appartenance partisane que du débat à proprement parler. Mais dans certaines circonstances, la réponse ne fait pas de doute. Les sondages, les commentateurs politiques et les élus de presque tout bord ont vu une Kamala Harris présidentielle et optimiste et un Donald Trump acariâtre et grincheux.
Et même l’éditorial du Wall Street Journal – tout comme Fox News – qui en général n’est pas tendre avec les démocrates concède ce point :
“Ms. Harris, less well known than the former President, had the most to gain and our guess is she helped herself. She clearly won the debate, though not because she made a powerful case for her vision or the record of the last four years. Though she kept talking about her “plan” for the economy, she largely sailed along on the same unspecific promises about “the future” that she has since Democrats made her the nominee.
She won the debate because she came in with a strategy to taunt and goad Mr. Trump into diving down rabbit holes of personal grievance and vanity that left her policies and history largely untouched. He always takes the bait, and Ms. Harris set multiple traps so he spent much of the debate talking about the past, or about Joe Biden, or about immigrants eating pets, but not how he’d improve the lives of Americans in the next four years”.
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