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Les Américains vont être abreuvés de sondage jusqu’au 7 novembre 2024, date des élections présidentielles américaines. Les équipes de campagne doivent-elles en tenir compte pour effectuer les ajustements, voire les changements nécessaires, pour améliorer la position de leur candidat ? Le sondage que vient de publier NBC News assombrit un peu plus le tableau qui avait pourtant été déjà assez obscurci la situation de Joe Biden.
La politique étrangère ne pèse pas sur l’opinion des Américains, dit-on généralement. Sauf quand il s’agit du conflit israélo-palestinien qui, comme partout dans le monde, soulève des passions élevées. Et la politique de Joe Biden sur ce sujet ne fait pas l’unanimité, loin de là, surtout chez les jeunes démocrates. Dit simplement, le taux d’approbation de Joe Biden sur cette question est inversement proportionnel à l’âge. Les jeunes Américains, à l’instar des jeunes de nombres de pays occidentaux, considèrent que leurs gouvernements sont trop pro-israélien. Et pourtant, concernant les Etats-Unis, Joe Biden a demandé à Israël d’agir avec une certaine retenue. Des chiffres qui ne font que confirmer ce que l’on a pu observer sur les campus des universités américaines. Ce qui est très problématique pour Joe Biden qui a terriblement besoin du vote des jeunes.
Résultat : Joe Biden est au niveau de popularité le plus bas dans les sondages réalisés par NBC (c’est toujours mieux de comparer les sondages du même commanditaire) avec 40 % d’opinions favorables et 57 % d’opinions défavorables. Le Proche-Orient a un impact important sur l’opinion des démocrates. Selon le sondage, 47 % des Américains considèrent qu’Israël ne fait que défendre ses intérêts dans cette guerre alors que 30 % pensent qu’Israël est allé trop loin et que son action n’est pas justifiée. Les démocrates se distinguent puisqu’ils sont 51 % à penser qu’Israël est allé trop loin et seulement 27 % que l’intervention militaire est justifiée.
Globalement, 33 % seulement des Américains approuvent la politique étrangère américaine, en baisse de 8 points par rapport à septembre et 62 % qui la désapprouve. “Joe Biden is at a uniquely low point in his presidency, and a significant part of this, especially within the Biden coalition, is due to how Americans are viewing his foreign policy actions,” explique le politologue démocrate Jeff Horwitt du cabinet Hart Research Associates qui a conduit le sondage (Poll: Biden’s standing hits new lows amid Israel-Hamas war) avec le politologue républicain Bill McInturff de l’institut Public Opinion Strategies (les deux instituts réalisent les sondages commandités par NBC News).
C’est préoccupant pour le camp démocrate. Un article de Politico présente cinq moyens que les démocrates ont définies pour faire face à ces mauvais sondages et, d’une certaine manière pour se réconforter et se dire que rien n’est perdu (5 ways Democrats are coping with Biden’s terrible polls).
Déjà en 2020, Joe Biden avait été sous-estimé. Les résultats de 2020 et aussi ceux de 2022 ont déjoué les pronostics. Il faut rappeler que Joe Biden avait plus de 7 millions de voix populaires d’avance sur son opposant. Même si le système indirect lui a donné la présidence grâce à seulement quelques milliers de voix de grands électeurs dans quelques états clés.
Des sondages aussi éloignés de l’échéance ne sont pas prédictifs. Ils montrent une photographie de l’opinion à un moment donné mais ne prédisent par vraiment comment les Américains voteront dans un an. Certains analystes politiques considèrent que les Américains les utilisent plus pour exprimer leur mécontentement ou leur fatigue que pour indiquer comment ils voteront.
Joe Biden est vieux, il vient de fêter ses 81 ans, semble fatigué et fonctionner au ralenti mais Donald Trump est presque aussi vieux et bien pire. Ses récentes bévues montrent qu’il n’est pas au mieux de sa forme. Si Joe Biden est le prince de la boulette, Donald Trump est l’empereur des énormités.
Au stade où on en est aujourd’hui, Joe Biden est la seule solution et il n’y a pas de plan B pour battre Donald Trump. Le Washington Post a rapporté que lors d’un panel politique en septembre à Aspen, dans le Colorado, un participant a soulevé des inquiétudes quant à la viabilité de Biden en tant que candidat démocrate et a demandé : Quel est le plan de secours ?
Selon le Washington Post, l’ancien chef de cabinet de Biden, Ron Klain, a rapidement réfuté : « « Le président est le candidat du parti et un candidat solide en plus. Il n’y a pas de plan de secours. Et plus le temps passe et plus un possible plan B est totalement irréaliste ».
Enfin dernier argument, quoi qu’en disent les sondages, le monde a besoin de Biden comme président. Possible, mais ce n’est pas le monde qui vote mais l’Amérique.
Le label No Labels
Parallèlement à ces sondages qui ne sont pas très favorables au camp démocrate, s’ajoute la menace d’une possible candidature d’un ticket No Labels (un parti qui ne veut donc pas porter d’étiquette) qui pourrait nuire grandement à Joe Biden en ponctionnant suffisamment de voix démocrates dans certains états-clés pour faire basculer le résultat en faveur du candidat républicain. Une fois de plus, l’élection devrait se jouer à quelques milliers de voix près dans 5 ou 6 états clés de telle sorte que tout candidat tiers pourrait modifier le résultat. L’autre risque serait qu’aucun des deux candidats n’obtienne la majorité des grands électeurs ce qui reviendrait à reporter la décision par le Congrès où la règle avantagerait les républicains. Dans ce cas, le processus est défini par la 12e amendement de la Constitution américaine. L’élection est alors renvoyée à la Chambre des représentants. Cependant, au lieu d’un vote populaire, chaque État dispose d’une seule voix. Or, les républicains sont majoritaires. Les représentants d’un État doivent donc se mettre d’accord sur le candidat qu’ils soutiennent pour la présidence.
L’ex-speaker Nancy Pelosi a rompu le silence concernant une possible candidature No Labels avec une déclaration très cinglante sur le sujet : “No Labels is perilous to our democracy, a-t-elle déclaré lors d’une réunion organisée par le groupe démocrate modéré Third Way. “I hesitate to say No Labels because they do have labels. They’re called no taxes for the rich. No child tax credit for children. They’re called let’s undo the Affordable Care Act.”.
No Labels est co-présidé par le gouverneur républicain du Maryland Larryy Hogan qui a réagi à cette critique assez vertement : “It is disheartening to see Nancy Pelosi literally make things up about No Labels to score political points. She ascribes positions to No Labels that they never took.” Pour montrer son intention de rester bipartisan et unificateur, No Labels envisagerait de présenter un ticket républicain-démocrate avec des candidats présentés comme centristes. Joe Manchin (D-W.Va) et l’ex-gouverneur républicain de l’Utah Jon Huntsman pourraient être un exemple possible.
Dans le camp des indépendants, on peut citer Robert F. Kennedy (au départ il se présente en tant que démocrate), qui ne fait que capitaliser sur le nom de Kennedy, on pourrait presque dire la marque, et Cornel West qui se présente au nom du People’s Party. L’ancien professeur des universités de Harvard (dont il a démissionné pour des positions de l’université contre les Palestiniens) et de Princeton ne peut espérer couvrir tout le territoire mais il peut bien tirer son épingle du jeu dans certains états, causant ainsi le même tort à Joe Biden que les candidats No Labels. C’est ainsi qu’il est aller faire campagne dans le Michigan (Cornel West sets his sights on a key battleground state), à Dearborn pour séduire la population arabo-musulmane présente localement et à Flint où les Noirs sont très nombreux. Une initiative type de séduction des minorités sur des causes particulières.
Pendant ce temps, Chris Christie poursuit sa croisade contre Donald Trump. Dans un discours au Hudson Institute, l’ex-gouverneur du New Jersey en profite règle leur compte à ses concurrents (« Scott is out mais il n’a jamais été in, Ramaswamy is crazy ») mais rappelle le danger que Donald Trump représente pour les Etats-Unis et le monde :
Les débats de l’élection générale
Les dates et lieux des débats de l’élection générale, c’est-à-dire la seconde partie des élections qui opposera le candidat démocrate et le candidat républicain (et éventuellement un candidat tiers s’il satisfait aux critères imposés) viennent d’être révélés par la Commission on Presidential Debates. Les débats présidentiels se tiendront du 16 septembre au 9 octobre à San Marcos, Texas; Petersburg, Virginie; et Salt Lake City, Utah; et le débat entre les candidats à la vice-présidence à Easton Pennsylvanie. Pour que les candidats tiers puissent participer à ces débats, RFK Jr, éventuellement Joe Manchin, il leur faudra atteindre le seuil de 15 % d’intention de votes dans cinq sondages organisés par des instituts que la commission indiquera plus tard. Aucun candidat tiers n’a participé à ce type de débat depuis Ross Perot en 1992. A supposer que Donald Trump soit le candidat du parti républicain, la question est de savoir s’il participera aux débats. Vraisemblablement oui, déjà pour pouvoir insulter son opposant, mais on ne sait jamais.
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