On allait tranquillement vers la trêve des confiseurs quand, soudainement, la Cour suprême du Colorado a décidé à 4 voix contre 3 que Donald Trump est inéligible (dans le Colorado) en application de la section 3 du 14e Amendement selon lequel un candidat ayant participé à une insurrection ne peut se présenter aux élections présidentielles. “We conclude that the foregoing evidence, the great bulk of which was undisputed at trial, established that President Trump engaged in insurrection,” explique la majorité de la Cour du Colorado. Le porte-parole de Donald Trump, Steven Cheung, a qualifié la décision de “completely flawed” et a déclaré que “We have full confidence that the Supreme Court will quickly rule in our favor and finally put an end to these un-American lawsuits,”
Un nouvel obstacle qui s’interpose entre le candidat républicain et l’élection de novembre. D’autres Etats sont engagés dans une procédure équivalente. L’affaire va donc être porter à la Cour suprême des Etats-Unis qui va devoir trancher. Rappelons que 3 des 9 Juges ont été nommé par Donald Trump. Elle devra déterminer si l’affaire du 6 janvier constitue une insurrection et si Donald Trump y a participé. La Cour suprême va donc être déterminante dans cette élection puisqu’elle a une décision à prendre concernant l’immunité du président dans l’un des procès au pénal en court. Une affaire qui a été portée par le procureur Jack Smith. Après que la juge Tanya Chutkan a rejeté la requête de Donald Trump en immunité, Jack a court-circuité le processus en faisant directement appel à la Cour suprême pour éviter que l’affaire ne s’enlise dans les méandres des procédures et que la décision ne soit pas rendu à temps pour le procès du 6 janvier qui doit commencer le 4 mars.
Dans la soirée, Donald Trump a réagi assez mollement sur le fil de son réseau social mais cela va l’occuper dans les jours qui viennent. L’argument sera répété : c’est là une interférence dans les élections présidentielles et l’on veut empêcher les électeurs d’un droit essentiel, celui de choisir leur candidat. Mais il en a profité (cela devient une habitude) pour poster un message sur site de campagne pour un appel aux dons.
Pour ceux qui avait des doutes sur la position de Mike Johnson, le Speaker de la Chambre des représentants, a apporté un soutien sans faille au candidat républicain.
C’est un peu la patate chaude qui a été renvoyée successivement à différents groupes. Il y a eu le premier impeachment dans le cadre de la controverse sur Donald Trump et l’Ukraine, les sénateurs n’ont pas saisi l’occasion d’écarter le président. Seul le sénateur de l’Utah Mitt Romney a voté le premier chef d’accusation d’obstruction au Congrès. Il y a eu surtout le second à la suite des événements du 6 janvier et l’attaque du Capitole. Là la responsabilité en revient à Mitt Romney, le chef de la minorité républicaine, qui n’a pas donné de consigne de vote espérant que Donald Trump disparaîtrait de la scène politique. Sept sénateurs seulement ont voté la condamnation du président laissant à ce dernier le champ libre pour continuer son activité politique. C’est ce qui est arrivé. Face aux complications juridiques, Donald Trump a présenté pour la troisième fois sa candidature aux élections présidentielles de 2024. Alors qu’il est devenu, et d’assez loin, le favori, le candidat républicain a beau jeu de dire qu’on veut empêcher les électeurs de voter pour le candidat de leur choix. Et les républicains anti-Trump en sont pour leurs frais, ils doivent faire avec.
Qu’un candidat se présente aux élections pour éviter une condamnation par la Justice est une idée qui aurait semblé farfelu il n’y a pas si longtemps. Et pourtant, c’est exactement ce qui est en train de se passer. Donald Trump a annoncé sa candidature inhabituellement tôt, il y a plus d’un an. Sachant que les affaires sortiraient les unes après autres. Il se trouve en position aujourd’hui de dire et de répéter que son opposant, Joe Biden, utilise l’appareil d’État pour l’attaquer.
Parallèlement à cet argument récurrent, Donald Trump se construire une nouvelle image habillant ses penchants autocratiques et velléitaires en essayant de leur donner les attributs d’autorité et de la détermination. Le magazine Politico (One year of Trump’s praise for authoritarians) a recensé les déclarations de l’ancien président qui sont plus que troublantes.
A l’occasion de son discours dans le New Hampshire, il a à nouveau déclaré que les immigrants illégaux “poisoning the blood of our country”. On connaît les références de tels propos.
– 11 avril 2023, lors d’une interview avec Tucker Carlson : “Xi is a brilliant man with the look, the brain, the whole thing; and Putin is very smart”
– 28 mai sur la plate-forme Truth Social après l’élection d’Erdogan : “Congratulations to President Recep Tayyip Erdogan on his big and well deserved victory in Turkey. I know him well, he is a friend, and have learned firsthand how much he loves his Country and the great people of Turkey, which he has lifted to a new level of prominence and respect!”
– 23 octobre, dans un meeting de campagne dans le New Hamsphire : “Viktor Orban is one of the strongest leaders anywhere in the world”, le qualifiant de leader de la Turquie.
– 11 novembre s’adressant aux anciens combattants le jour du Veterans Day : “President Xi is like central casting (…) There’s nobody in Hollywood that could play the role of President Xi – the look, the strength, the voice.” (…) “And Kim Jong Un I have a good relationship with. He’s a tough, smart guy.”
– 18 novembre dans un meeting de campagne dans l’Iowa : “Xi is smart and fierce and strong like granite”
– 5 décembre, à la question de Sean Hannity sur Fox News : “Under no circumstances, you are promising America tonight, you would never abuse power as retribution against anybody?” Donald Trump répond : “Except for day one. I want to close the border and I want to drill, drill, drill.”
– 16 décembre dans un discours de campagne dans le New Hampshire : “Even Vladimir Putin … says that Biden’s, and this is a quote, politically motivated persecution of his political rival is very good for Russia because it shows the rottenness of the American political system, which cannot pretend to teach others about democracy,”
Dans ces conditions, les résultats du sondage CAPS-Harris de Harvard (à préciser qu’il s’agit d’un sondage en ligne) qui révèlent que plus de la moitié des électeurs (56%) pensent que l’ancien président Trump agira comme un dictateur s’il est réélu, n’est pas surprenant. En fait, ce sont surtout les démocrates qui le pensent et le sondage indique également que 59% des électeurs pensent que les démocrates tentent injustement d’effrayer les électeurs au sujet de Trump en disant qu’il veut être un dictateur.
Les résultats d’un autre sondage publié par la chaîne Fox News (3 in 10 Trump voters want a president willing to break ‘rules and laws’), ne devraient surprendre personne. A la question : “Some people say things in the U.S. are so far off track that we need a president willing to break some rules and laws to set things right, while others say the president should always follow the rules and laws. Which comes closest to your view?” : 3 républicains sur 10 répondent oui et pensent que cela peut être justifié et 15 % des démocrates (c’est peut-être ce qui est surprenant).
Comment Donald Trump se positionne-t-il par rapport à ses deux principaux rivaux ; Nikki Haley et Ron DeSantis ? Comme celui qui pousse fort pour des politiques souhaitées par les républicains et peu enclins à des compromis avec les démocrates (In GOP Contest, Trump Supporters Stand Out for Dislike of Compromise).
Le site 538 a publié un article qui pousse l’idée que les primaires républicaines pourraient être bouclés d’ici un mois (The 2024 Republican presidential primary could be over in a month) : « Jamais un candidat aux primaires a perdu la nomination pour son parti en ayant une avance aussi forte dont bénéficie Donald Trump dans les sondages ». Parmi les cas de candidats qui n’étaient pas bien positionnés à ce stade des élections et ont malgré remporter les primaires, on peut citer Michael Dukakis en 1988 (11 %), John McCain en 2008 (11%) et Bill Clinton en 1992 (8 %).
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tury_oust
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