La procédure judiciaire en cours est désormais au cœur de la campagne électorale et va le rester pendant les semaines qui viennent. Jusqu’ici, Donald Trump a réussi à se sortir indemne de toutes les affaires. “I Could … Shoot Somebody, And I Wouldn’t Lose Any Voters” avait-il déclaré en janvier 2016 et jusqu’ici tout semble lui avoir donné raison. Mais en sera-t-il de même avec les douze jurés qui doivent se pencher sur cette affaire dite de “hush payment” qui en fait est une affaire d’influence sur les élections.
Donald Trump est dans une situation dont il n’a pas l’habitude : il n’a aucun contrôle sur quoi que ce soit, y compris sur le thermostat de la pièce du procès. Il semble qu’il y fasse froid. Et il va devoir écouter patiemment, sans moufeter, la parole des témoins qui vont sans doute montrer qu’il ne s’agit pas d’une affaire isolée mais d’un système mis en place par le candidat Trump pour se présenter avantageusement devant les électeurs. Au fil des témoignages, on va découvrir les turpitudes, les unes après les autres, qui caractérisent le personnage.
C’est le cas de David Pecker, éditeur du tabloïd National Enquirer, ancien ami et allié de Donald Trump qui a donné les détails sur des pratiques mis en œuvre dans l’intérêt des deux parties. L’affaire pour laquelle 34 chefs d’accusation ont été rédigés et que l’on appelle ”hush money payment” va bien au-delà d’un versement de quelques dizaines de milliers de dollars pour obtenir le silence d’une actrice du porno, c’est d’abord une affaire de violation des règles de la campagne électorale et surtout d’interférence sur les élections. Le témoignage a donné matière à des échanges qui ont de quoi surprendre. L’ancien patron de presse d’égout et de dégoût explique le procédé établit en système du « catch and kill » : acheter des informations qui pourraient nuire au candidat pour les enterrer et publier des ragots immondes et infondés sur les adversaires politiques. Donald Trump essaye de dégager du temps avant et après l’audience pour poursuivre sa campagne électorale : visite d’une bodega à Harlem, entretien à la Trump Tower avec des responsables étrangers et meetings les jours où il est libéré.
Bill Barr, ancien ministre de la Justice, réagit au procès de la cour de Manhattan
Parallèlement à ce procès, la Cour Suprême est en train d’examiner une question centrale dans le procès à venir sur l’action de Donald Trump dans l’insurrection du 6 janvier : Le président bénéficie-t-il d’une immunité totale dans le cadre de ses fonctions de président ? (Voir éditorial de cette newsletter).
Une question que les Pères fondateurs n’auraient sans doute jamais imaginé qu’elle puisse être seulement posée et prise en considération par la Cour Suprême.
That was embarrassing’: Laurence Tribe torches Trump-friendly SCOTUS justices on immunity
Trump v. US: SCOTUS Oral Argument Analysis
L’argent est le nerf de la guerre mais aussi des élections, surtout aux Etats-Unis. Sur ce point, Joe Biden domine son opposant avec un « trésor de guerre » de 215 millions de dollars contre 109 millions de dollars pour Donald Trump. C’est surtout au niveau de l’outside money (voir encadré ci-dessous) que le candidat démocrate se démarque largement. A ce jour, Joe Biden a dépensé 129 millions de dollars contre 62 millions de dollars pour Donald Trump.
Pour un candidat indépendant, n’ayant pas de soutiens considérables et ne représentant pas grand-chose – à part le nom qu’il porte -, RFK Jr a réussi à mobiliser un important montant de 73 M$.
Candidate Committee Money et Outside Money
Candidate Committee Money
Les comités de candidats sont des organisations de campagne officielles formées par des personnes qui se présentent à un poste politique (comme le président, le sénateur ou le représentant).
Ces comités sont responsables de la gestion des fonds de campagne, de l’organisation d’événements, de la publicité et d’autres activités liées à la campagne.
Les sources de financement sont les suivantes :
– Contributions directes : Il s’agit de dons directs faits par des particuliers, des comités d’action politique (PAC) et d’autres entités au comité de campagne officiel du candidat.
– Plafonds de contribution fédéraux : Il existe des limites légales au montant qu’une personne ou un PAC peut verser directement à la campagne d’un candidat.
Outside Money
L’argent extérieur désigne les dépenses politiques effectuées indépendamment du comité de campagne officiel d’un candidat et non coordonnées avec celui-ci.
Types d’argent extérieur :
– Super PAC : Il s’agit de comités de dépenses indépendants qui peuvent recueillir et dépenser des fonds illimités pour soutenir ou attaquer des candidats spécifiques. Ils ne peuvent pas se coordonner directement avec les campagnes.
– Organisations 501 (Dark Money) : Il s’agit de groupes à but non lucratif qui s’engagent dans des dépenses politiques sans divulguer leurs donateurs. Ils fonctionnent indépendamment des campagnes.
Les Super PAC et autres groupes extérieurs peuvent solliciter des dons illimités et utiliser plus tard les fonds pour soutenir ou attaquer des candidats. Ils assument souvent certaines des tâches traditionnellement gérées par une campagne, telles que la publicité et la messagerie.
Bien qu’ils ne puissent pas se coordonner avec les campagnes, ils sont souvent dirigés par des amis, d’anciens membres du personnel ou des membres de la famille du candidat qu’ils soutiennent.