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PRÉSIDENTIELLES 2024>S-19 En attendant le débat

Dans l’attente du premier débat, on ne peut que dire que la compétition est très ouverte et que, à ce jour, rien n’est joué. Donald Trump avait une certaine avance dans les sondages ces derniers temps, mais il semble que celle-ci se soit un peu effritée. Il est vrai qu’il y a du grain à moudre pour les sceptiques : sa condamnation par douze jurés dans le procès de New York, ses propos incohérents lors de ces derniers meetings, ses commentaires sur la Justice américaine taxée de corruption, ses déclarations répétées sur sa victoire en 2020 et ses mises en cause de l’intégrité des prochaines élections…

Les électeurs ont beau être devenus insensibles aux éructations et autres ruminations de leur champion, ils, finissent peut-être par se poser des questions.  

Le site 538 qui s’est fait une spécialité de consolider tous les sondages qui existent, donne 51 simulations gagnantes pour Donald Trump et 48 pour Joe Biden. Simulations qui sont fondées sur les nombreuses combinaisons gagnantes qui permettent d’atteindre 270 voix de grands électeurs. Une photographie intéressante à la veille du débat du 27 juin qui, rappelons-le, n’est pas une prévision du résultat de novembre prochain et qui, en plus, en donne une projection nationale alors que la confrontation se jouera dans cinq ou six États. Ce que l’on peut qualifier « d’anomalie démocratique ». En 2016, 77 000 dans trois États (Michigan, Wisconsin, Pennsylvanie) avaient donné la victoire à Donald Trump alors qu’Hillary Clinton avait près de 3 millions de voix populaires de plus. Bis repetita en 2020, 45 000 électeurs ont donné de justesse la victoire à Joe Biden alors qu’il avait 7 millions de voix d’avance.

Il y a une initiative en cours pour corriger cette anomalie. Baptisée National Popular Vote Interstate Compact, elle vise tout simplement à donner les voix des grands électeurs de chaque État au candidat qui remporte le plus grand nombre de voix au niveau national. Une solution simple qui ne nécessite pas d’amender la Constitution et doit seulement obtenir l’approbation des États. À ce jour, elle a été votée par 17 États et Washington DC et représente 209 voix de grands électeurs. Le dernier État qui a voté cette mesure est le Maine en mai 2024. Lorsque sera atteint le seuil fatidique de 270 voix, elle s’imposera d’elle-même. Inutile de dire que tous les États qui l’ont voté sont démocrates. Les républicains ont bien compris que leur chance de gagner les élections est beaucoup plus élevée avec le système actuel. Qu’il ne soit pas vraiment démocratique est la dernière de leur préoccupation.

La grande nouvelle cette semaine est dans le camp Trump. Elle concerne le don de 50 millions de dollars au Super PAC Pro-Trump Make America Great Again. Une manne plutôt bienvenue, car les fonds de ce Super PAC étaient tombés à la fin-avril à 34 M$. C’est la plus importante contribution directe dans une campagne électorale. Et elle fait suite à un premier financement de 50 millions de dollars répartis également entre Trump et Robert Kennedy Jr. Ces dons sont désormais possibles grâce à l’arrêt Citizen United (Citizens United v. FEC) publié par la Cour Suprême en 2010 ouvrant grandes les vannes au financement des campagnes électorales. À ce jour, selon l’institut Open Secrets, les fonds récoltés par Joe Biden et Donald Trump (dons directs dans la campagne et financement extérieur des Super PAC) sont à peu près équivalents.

Timothy Mellon est un milliardaire conservateur dont la fortune est assez largement familiale et a été constituée au moment du Gilded Age dans les domaines bancaires et immobiliers. Il est le descendant de Thomas Mellon, un immigrant irlandais arrivé aux États-Unis en 1818. Dans sa famille, on trouve Andrew Mellon, Secrétaire au trésor dans les administrations des présidents Warren G. Harding, Calvin Coolidge et Herbert Hoover, puis ambassadeur des États-Unis au Royaume-Uni entre 1932 et 1933.  

Diplômé de l’Université de Yale, Timothy Mellon a créé Guilford Transportation Industries, une holding qui s’est développée dans le Nord-Est des États-Unis et jusqu’au Canada. Il a racheté trois compagnies ferroviaires régionales. Fervent amateur du pilotage aérien, il a racheté la marque Pam Am après que la compagnie a fait banqueroute. Il habite dans le Wyoming et cultive une forte discrétion qui devrait être perturbée par ces financements politiques. Sa fortune est évaluée par le magazine Forbes à 14 milliards de dollars, ce qui le place au 14e rang des milliardaires américains.

Cette possibilité de déverser des flots d’argents illimités dans les élections constitue une autre anomalie et pose un important problème démocratique. Le principe simple n’est-il pas un citoyen, une voix et c’est la majorité qui l’emporte. La capacité qu’ont certains citoyens de peser plus que d’autres sur le résultat est donc une remise en cause majeure. Lawrence Lessig, professeur de droit à l’université de Harvard et candidat malheureux dans l’élection de 2016, a fait une croisade de cette corruption de la démocratie par l’agent. La vidéo ci-dessous commence comme un cours de biologie, mais explique comment cet arrêt Citizen United de la Cour Suprême est problématique. En fait, il donne de multiples exemples sur l’influence de l’argent dans la recherche, celle financée par des fonds publics (independently funded) et celles par des fonds privés (Industry Funded).

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