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PRÉSIDENTIELLES 2024>S-14 Une nouvelle élection commence

L’élection de 2024 n’aura pas lieu, bienvenue à la nouvelle élection 2024 qui opposera désormais un repris de justice et une procureure. Le changement a pris du temps. Depuis le débat du 27 juin assez calamiteux pour Joe Biden, la pression de son entourage montait régulièrement pour faire comprendre à Joe Biden que, contrairement à 2020, il n’était plus en 2024 la meilleure chance pour barrer la route à Donald Trump. Le président candidat ne voulait pas l’entendre.

Jusqu’à ce samedi 20 juillet où deux de ses plus proches conseillers – Steve Richetti et Mike Donilon –  lui ont apporté les éléments assez irréfutables que Joe Biden n’était pas en mesure de contrer son adversaire et qu’il entraînait avec lui une défaite au Congrès (Le magazine Politico a publié un article assez détaillé sur la prise de décision de Joe Biden : Why Biden finally quit – The Saturday night decision that ended Biden’s reelection campaign). Les sondages, les levées de fonds, la dynamique, tous les éléments montraient au président qu’il n’y avait plus de route vers la victoire. Le dimanche, à 13h45, dans sa résidence d’été sur les plages du Delaware où il était reclus pour cause de Covid, il a annoncé à son entourage proche qu’il avait pris sa décision. Et quelques minutes plus tard, il postait son message sur X prenant tout le monde par surprise. Tout le monde le sentait venir et pourtant tout le monde a été surpris. Puis, dans un deuxième message, il apportait son soutien à Kamala Harris. Ce dimanche 21 juillet restera comme une journée qui aura tout changé.

Joe Biden s’est adressé à la nation mercredi soir pour expliquer assez sobrement les raisons de ne pas se représenter sans mentionner implicitement pour autant les raisons qui avaient poussé les élus démocrates depuis le fâcheux débat du 27 juin : l’âge ou plutôt le manque d’énergie lié à l’âge. C’est un Joe Biden empli d’humilité et de sincérité qui parlait depuis le bureau ovale. “You know, in recent weeks, it’s become clear to me that I need to unite my party in this critical endeavor. I believe my record as president, my leadership in the world, my vision for America’s future all merited a second term. But nothing, nothing can come in the way of saving our democracy. And that includes personal ambition. So I’ve decided the best way forward is to pass the torch to a new generation”

Dans sa magnanimité habituelle, Donald Trump a actionné sa plus grande finesse d’analyse pour juger ce discours : “Crooked Joe Biden’s Oval Office speech was barely understandable, and sooo bad!”.

Joe Biden n’est pas encore parti et a donné quelques idées pour les six mois de mandat qui lui restent d’ici le 20 janvier 2025. En interne, une réforme de la Cour suprême, et à l’international, le rôle que peuvent jouer les États-Unis dans les conflits entre la Russie et l’Ukraine et Israël et le Hamas.

Une nouvelle élection s’ouvre entre Donald Trump et un candidat démocrate, sans aucun doute aujourd’hui Kamala Harris, commence. Les choses se sont emballées de manière incroyable. D’abord, la vice-présidente a saisi le bâton que lui a transmis Joe Biden et s’est mise en action sans perdre une minute. Et en moins de deux jours, elle réunissait assez de soutiens de délégués pour gagner un vote virtuel qui aura lieu le 7 août, ses concurrents potentiels ont tous apporté leur soutien, les contributions financières ont afflué comme jamais dans une campagne, plus de 100 millions de dollars provenant de 1,2 million de petits donateurs, dont près de 700 000 ayant donné pour la première fois, des dizaines de milliers d’Américains se sont portés volontaires pour participer à la campagne. De telle sorte que le mardi, elle était la candidate démocrate de facto. Les démocrates vont pouvoir organiser une Convention en août prochain à Chicago dans les meilleures conditions, faisant oublier la désastreuse Convention de 1968, qui s’est tenue également à Chicago. L’histoire a parfois des détours surprenants. Parmi les derniers soutiens, et non des moindres, Barack et Michele Obama, deux des personnalités dont le taux de popularité est le plus élevé, l’ont fait sous la forme d’un coup de téléphone.

Comment l’histoire jugera Joe Biden ? Tout dépendra de l’issue finale. Si Kamala Harris gagne, il sera un véritable héros, si Donald Trump gagne, des critiques s’élèveront sans doute pour dire qu’il n’aurait jamais dû se représenter, comme il s’y était engagé. Et même après avoir succombé à la tentation de se représenter “to finish the job”, il aurait dû se rendre compte plus tôt qu’il n’était pas la même personne que quatre ans plus.

A posteriori, les sondages réalisés juste avant sa décision de se retirer montrent qu’il avait sans doute raison. La cote d’approbation était tombée à 36 %, le niveau le plus bas depuis qu’il est élu.

Ce chiffre n’est évidemment pas une preuve qu’il ne pouvait pas être réélu puisque, huit présidents ont atteint des niveaux encore inférieurs, y compris Ronald Reagan en janvier 1983. Ce qui ne l’a pas empêché de gagner haut la main l’année suivante.

Kamala Harris était-elle la meilleure candidate ? N’a-t-elle pas bénéficié du fait que la décision de Joe Biden est intervenue très tard dans la campagne et ne permettait pas d’organiser des primaires ouvertes où les délégués auraient pu choisir entre plusieurs excellents candidats ? Peut-être, mais il n’est plus temps, pour les démocrates, de se poser ce genre de questions. C’est ce qu’ils ont compris et tous se sont ralliés derrière la candidate pour faire un front commun face à Donald Trump.

D’un seul coup, la charge de la preuve de l’âge est passée dans l’autre camp. Donald Trump, qui avait fait de l’âge et des inconvénients qui vont avec, l’argument central de sa campagne, se retrouve le plus vieux candidat de l’histoire des États-Unis. Face à une candidate de près de vingt ans sa cadette, l’ex-président occupe désormais la place de l’aïeul. Et comme la candidate le faisait remarquer dans un de ses premiers discours de campagne, elle peut naturellement parler d’avenir, ce qui est beaucoup plus difficile pour Donald Trump.

Autre élément important dans ce tournant de campagne, depuis des mois, Donald Trump occupe la totalité de la scène médiatique, les journaux parlent de lui en permanence, en bien ou en mal, peu importe. “He sucks the air” comme, disent les commentateurs. Du jour au lendemain, les projecteurs sont désormais tournés sur les démocrates et le seront sans doute jusqu’à la Convention. Et jusqu’ici, les critiques, nombreuses, du camp républicain ne sont pas très originales et manquent de créativité. L’avantage dans cette situation du système électoral américain est que, dans le temps imparti assez court, la candidate va pouvoir concentrer ses efforts principalement dans les six ou sept États qui feront la différence. Inutile pour elle de faire campagne en Californie ou dans l’État de New York où elle est sûre de l’emporter, ou au Texas, où elle est certaine de perdre.

Ce dernier point, l’immigration sera certainement un élément d’attaque majeur de Donald Trump, mais l’argument se retournera contre lui puisqu’il a été le principal artisan à faire capoter le projet de loi bipartisan qui était considéré comme le plus dur jamais rédigé.

Faut-il regarder un peu en arrière ? La charge de J.D. Vance en 2021 traitant Kamala Harris de Childless Cat Lady. Mais on peut s’attendre à tout venant d’un « never Trump guy » transformé depuis en chef du fan-club du grand sorcier.

Après le quart d’heure consensuel de son discours d’acceptation lors de la Convention républicaine, Donald Trump a donc repris ses habitudes de « tirer sur tout ce qui bouge autour de lui » et pourrait s’opposer à son élection. Le discours donné à Charlotte (Caroline du Nord) est une sorte de copie des dizaines de discours de campagne précédents.  Attaquer, attaquer, cela pourra toujours être utile. Mais le plus surprenant est l’adhésion inconditionnelle de sa base au tableau sombre qu’il brosse de l’Amérique.

La ligne d’attaque contre Kamala Harris va devoir être affinée. Donald Trump la décrit comme une “radical left lunatic”, la tenant pour responsable des problèmes qui préoccupent les Américains : l’inflation, l’immigration, la criminalité… “She’s worse than him. Because he’s a fake liberal. You know, he wasn’t that liberal. He was fake,” expliquait-il. “She’s a real liberal.”

Sauf que, si elle n’est pas maîtrisée, l’inflation est revenue à un niveau plus acceptable, l’immigration illégale est moins élevée aujourd’hui que lorsque Donald Trump a quitté la Maison-Blanche et la criminalité violente est à son plus bas niveau depuis 50 ans. Mais personne n’est obligé de le croire.

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