Les élections présidentielles américaines s’appuient sur un mode de scrutin indirect. Les Etats se voient allouer un nombre de grands électeurs (en fonction de leur population selon le recensement effectué tous les dix ans). Les électeurs de chaque état votent pour les grands électeurs de leur état. Selon la règle du winner takes all, le candidat qui remporte la majorité des voix populaires remporte la totalité des voix des grands électeurs de l’état.
Ce mode de scrutin entraîne des distorsions dans lequel le nombre de voix de grands est en général plus important que le nombre de vote populaires (Petit rappel sur le mode de scrutin). Mais il aboutit à un paradoxe selon lequel le président élu grâce à une majorité de voix de grands électeurs ne bénéficie pas de la majorité des votes populaires. Le premier à être élu par la Chambre de Représentants alors qu’il n’avait pas la majorité des voix populaires fut John Quincy Adams en 1924. Mais le système n’était pas encore celui qu’on connaît aujourd’hui et la règle du winner takes all n’était pas appliquée dans tous les états. A noter que ce sixième président était le fils de John Adams, un des Pères Fondateurs et deuxième président des Etats-Unis. Une situation que l’on a connue récemment avec George Bush Père et Fils.
Depuis la guerre de Sécession, c’est situation est intervenue à trois reprises. En 1876 avec l’élection du républicain Rutherford B. Hayes, en 1888 avec celle du républicain Benjamin Harrison et en 2000 avec celle très discutable et entérinée par la Cour Suprême du Républicain George W. Bush. Donc 3 républicains sauf que les républicains de la fin du 19e siècle étaient plutôt le parti du progrès et largement implanté dans le Nord, les républicains de la fin du 20e et du début du 21e siècle sont devenus très conservateurs.
Les élections de 1876 ont été très controversées avec un scénario qui ressemble à celui de l’élection des années 2000. Dans un premier temps, le démocrate Samuel Tilden avait gagné 184 Voix de grands électeurs contre 165 pour Rutherford Hayes avec 20 en dispute dans trois états du Sud : Floride, Louisiane et Caroline du Sud. Ces 20 voix furent ensuite attribuées à Hayes qui gagna ainsi l’élection. Ce résultat a abouti au « Compromis de 1877 » selon lequel les armées du Nord quitteraient les états du Sud mettant un terme à la période dite de Reconstruction.
En 1988, le Républicain Benjamin Harrison fut élu avec 47,8 % contre 48,6 % à son opposant le démocrate Grover Cleveland. La fracture du pays est encore largement marquée par la Guerre de Sécession entre les Etats du Sud unanimement démocrates et conservateurs et les états du Nord progressistes et Républicains (sauf le New Jersey et le Connecticut). Le pays n’est pas encore complet avec de nombreuses régions de l’Ouest qui n’ont le statut que de Territoire et non d’Etat et donc ne participent pas au vote.
Et la troisième fois, fut l’élection de George W. Bush qui remporta en 2000 l’élection dans des conditions troubles et discutables avec un épisode de Floride pitoyable (47,9 % de voix populaires contre 48,6 % à Al Gore mais 271 voix de grands électeurs contre 266). Le décompte officiel sera de 2 912 790 pour George W. Bush contre 2 912 253 (un peu plus de 500 voix sur près de 6 millions d’électeurs) pour Al Gore donnant ainsi les 25 voix au candidat républicain. Pour se terminer par une décision de la Cour Suprême. L’intrusion de Ralph Nader comme troisième homme ne fut pas étrangère à la défaite d’Al Gore.
1 Commentaire