On serait tenté d’établir un parallèle entre d’un côté le parti républicain américain et la droite française et de l’autre le parti démocrate et la gauche. Et pourtant, Barack Obama suscite en France une forte adhésion qui transcende les partis. Le 7 octobre, Alain Juppé s’était déclaré en faveur du candidat président (Alain Juppé vote Obama). Ce matin, Jean-Marc Ayrault, a lui aussi déclaré à la matinale de France Inter que s’il était en mesure de voter, « il choisirait Barack Obama, même si on attend de l’audace de le part du futur président des Etats-Unis. Je vais vous donner un exemple » poursuivait le Premier ministre : « Si Barack Obama est élu, il faut absolument qu’il mettre tout en œuvre pour résoudre le conflit Israélo-Palestinien qui dure depuis trop longtemps et génère trop d’insécurité et de souffrance dans la région ».
Mais à l’évidence, le parallélisme ne fonctionne pas (A lire à ce sujet, l’intéressant article Républicains qu’un océan sépare par Roger-Pol Droit).
Que peut-on déduire de ces deux votes virtuels d’un représentant de la droite et d’un représentant de la gauche ? Que si les Français élisaient le président américain, Barack Obama renouvellerait son bail de 4 ans à la Maison Blanche avec une majorité de 60 %, peut-être plus. Cela tient sans doute à sa popularité, mais aussi à son positionnement politique. Sur le théâtre français, Barack Obama se situerait plutôt au centre (plutôt gauche que droit) mais il est resté suffisamment modéré (même si les membres du Tea Party le traite de socialiste) pour attirer à lui une partie importante de la gauche et de la droite française. On se souvient à cet égard du livre de Giscard d’Estaing : 2 Français sur 3 publié en 1984. Un objectif qu’il avait partiellement atteint en 1974 avant d’énoncer ce programme mais qu’il n’a jamais été en mesure de valider ensuite pour revenir au plus haut niveau de l’Etat.
L’élection de 1974 fut déjà une belle performance. Depuis le Centre et ses divers avatars n’ont jamais réussi à s’imposer sur la scène politique. Et La fusion-acquisition entre l’UMP et l’UDF relevait plutôt de l’annexion du second par le premier. D’ailleurs, au premier revers – l’échec de Nicolas Sarkozy – l’UDI, en troquant le F pour française de l’UDF pour le I d’indépendant en est une éclatante illustration. Opportunité ? Sans doute. Renaissance ? Vraisemblablement. Mégalomanie ? Peut-être si l’on en croit le commentaire de Jean-François Copé selon lequel la naissance de l’UDI lui fait penser à la Fable de la Fontaine « La Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le Bœuf ». Le secrétaire général de l’UMP n’a pas indiqué s’il prédisait la fin de la fable à l’UDI.
L’Astérix de la politique française, alias François Bayrou a certes réussi à capter plus de 18 % de voix en 2007 pour retomber cinq ans plus tard à un étiage inférieur aux deux chiffres. Ce qui validerait plutôt la stratégie de Jean-Louis Borloo de placer le Centre au Centre droit et se présenter comme un supplétif indépendant et de poids de l’UMP.
Le centre n’aurait donc d’existence que lorsqu’il est ancré sur l’un des deux côtés de l’échiquier politique, de préférence du côté droit, et qu’il serait arrimé à un « grand frère ». Ou alors de n’avoir qu’une existence virtuelle ou par défait, un peu à l’image des indépendants américains qui constituent le parti de ceux qui ne souhaitent pas adhérer à l’un des 2 partis majeurs. Si elle donne une certaine liberté, cette existence par défaut n’est pas enthousiasmante ni très motivante. Avec le risque de confondre Centrisme et indécision. « Ce n’est pas girouette qui tourne, c’est le vent », avait déclaré Edgard Faure.
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