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Nomination Cour Suprême ou coup d’état : Deux poids, deux mesures

A la suite de la démission de Stephen Breyer, juge de la Cour suprême, Joe Biden a indiqué qu’il souhaitait nommer à sa place une femme de couleur noire.

Tollé des observateurs républicains ultraconservateurs. « Biden’s Pledge To Nominate A Black Woman For SCOTUS Is Racist And Sexist » titre The Federalist. Le magazine américain conservateur n’en n’est pas à une outrance ou un mensonge près. Il avait publié de fausses informations à propos de la Covid et des élections de 2020.

Larges critiques des élus républicains qui mettent en avant les arguments habituels : on doit choisir les personnes sur leurs « compétences et non sur leur couleur de peau. Celui de Ted Cruz pourrait se décliner à l’infini : « Black women are, what, 6% of the U.S. population? He’s saying to 94% of Americans: I don’t give a damn about you. You are ineligible. Parmi les critiques, celles de la « modérée » Susan Collins qui essaie comme d’habitude de jouer sur les deux tableaux : critiquer pour garder les voix des ultras mais pas trop pour conserver celles des modérés.

En son temps, Ronald Reagan avait annoncé qu’il nommerait la première femme à la Cour Suprême. Cela n’avait pas déclenché de réactions particulières. Les républicains pouvaient ainsi se donner une image de modernité.

Serait-ce parce que la candidate de Joe Biden est noire ?  Serait-ce à dire que les candidates qui sont dans la short list n’ont pas le bon CV ? On peut en juger assez facilement (voir ci-dessous). Lindsay Graham est même allé jusqu’à dire qu’il était content du choix de J. Michelle Childs qui n’est pas une « Ive League Alumni » mais une ancienne étudiante de Caroline du Sud. A n’y rien comprendre. Le sénateur de Caroline du Sud préférerait-il une diplômée de Caroline du Sud qu’une ancienne étudiante de l’Ivy League ? Une forme d’Affirmation Action sans le dire ?

Les candidates de la short list

  • Ketanji Brown Jackson has known Breyer for decades. A graduate of Harvard and Harvard Law school, she was a law clerk to Breyer from 1999 to 2000.
  • Kruger, 45, has been on the California Supreme Court since 2015. She attended Harvard before getting her law degree from Yale. Like Jackson, she was a law clerk to a Supreme Court justice John Paul Stevens.
  • Michelle Childs, is a graduate of the University of South Carolina School of Law. She has a master’s degree from the school as well as a different legal degree from Duke. She was previously a state court judge and has served as a federal trial court judge since 2010.
  • Sherrilyn Ifill joined the faculty at University of Maryland School of Law, where she taught for more than 20 years. She is graduated from Vassar College and earned her law degree from New York University School of Law in 1987
  • Murray, 45, is a New York University Law professor. She is a graduate of the University of Virginia and Yale Law School. She clerked for Justice Sonia Sotomayor, who was then at the U.S. Court of Appeals for the Second Circuit.
  • Holly Thomas, 43, was just confirmed to the largest federal appeals court last week, the San Francisco-based U.S. Court of Appeals for the 9th Circuit. She is the second Black woman ever to sit on the court. She is a graduate of Stanford University and Yale Law School. She had been in the Family Law Division of the Los Angeles Superior Court since 2018.

Autant on peut s’interroger sur le bien-fondé de faire un choix sur un critère de race ou de sexe car on ne peut qu’être d’accord avec Martin Luther King qui avait un rêve « that my four little children will one day live in a nation where they will not be judged by the color of their skin, but by the content of their character », autant affirmer qu’il s’agit là d’un acte raciste est totalement déplacé. L’auteure de l’article rappelle que sa mère lui disait que « l’on ne traite pas les gens en fonction de leur couleur de peau ». Le passé lui donne tort.

Depuis que la Cour Suprême existe (1789), il y a eu 120 juges. Le premier juge noir a été nommé en 1967 et la première femme en 1981, près de deux siècles après sa création. Sandra O’Connor avait été confirmée à l’unanimité par le Sénat. Et pourtant, diplômée de l’une des meilleures écoles de droit du pays, elle avait été refusée à toutes ses demandes de premier emploi. Finalement, nommer une juge noire n’est peut-être pas si incongru que ça.

Grâce présidentielle, invalidation et appel à l’insurrection

Dans son dernier rassemblement politique Save America de Conroe dans le Texas, Donald Trump a fait un certain nombre de déclarations pour le moins dérangeantes. Le problème est qu’avec l’ancien président, on s’est habitué à ses outrances.

Il a d’abord affirmé qu’il voulait que Mike Pence invalide le résultat des élections. Puis indiqué que s’il était réélu, il pourrait accorder le pardon présidentiel à tous les vrais patriotes américains qui se sont rendus pacifiquement au Capitole le 6 janvier. A ce jour, quelque 750 personnes ont été inculpées.

Enfin, il a menacé que « If these radical, vicious racist prosecutors do anything wrong or illegal I hope we are going to have in this country the biggest protest we have ever had … in Washington DC, in New York, in Atlanta and elsewhere because our country and our elections are corrupt, ». Même appel à la violence que le matin du 6 janvier. En gros, on essaie de m’attaquer, je demande à tous mes supporters de descendre dans les rues pour protester.  Par ailleurs, il se trouve que les « vicious racist prosecutors » qui ont engagé des actions juridiques contre Donald Trump sont noirs. Il n’y a là aucun hasard mais plutôt une nouvelle confirmation de son racisme latent. On se souvient de sa remarque selon le juge Gonzalo Curiel ne pouvait pas être impartial dans la class action qui l’opposant aux étudiants de la Trump University du fait de ses origines mexicaines.

Et dans ce rassemblement, Donald Trump n’a pas oublié ses classiques puisqu’il a fait scander la foule aux cris de « Lock her up » contre Hillary Clinton alors que rien ne le commandait.

Détourner le pardon présidentiel pour son intérêt personnel, appeler ses supporters à descendre dans la rue s’il était mis en examen, invalider les élections sont là des déclarations qui ne sont pas anodines, surtout de la part d’un ex-président des Etats-Unis. Et là, les réactions des élus républicains ont été très molles (cf Lindsey Graham) voire inexistantes. Lindsey Graham a considéré la possibilité de pardonner les condamnés du 6 janvier « inappropriée ». « No, I don’t want to send any signal that it was okay to defile the Capitol. There are other groups with causes that may want to go down to the violent path that these people get pardoned. » a-t-il ajouté. Donald Trump n’a pas attendu pour réagir rapidement : « Well, Lindsey Graham’s wrong, I mean, Lindsey’s a nice guy, but he’s a RINO. Lindsey Graham doesn’t know what the hell he’s talking about if he says that ». Dans l’esprit de Donald Trump, un RINO (Republican In Name Only), est un républicain qui ne croit pas au Big Lie.

En réponse à la pression exercé par l’ex-président sur son ex-vice-président d’invalider les votes des grands électeurs, les élus démocrates ont engagés une réflexion pour changer la loi Electoral Count Act de 1887 votée pour résoudre le problème posé par les élections de 1876. Selon les promoteurs démocrates et républicains des réflexions engagées sur cette question, la loi présente certaines failles même s’il est clair que le rôle du Congrès et du Vice-président dans le comptage et la validation des votes des Grands électeurs envoyés par les états est purement formel. Contrairement à ce qu’a déclaré à de nombreuses reprises, le vice-président n’a aucun pouvoir pour changer le cours du vote. Donald Trump a évidemment saisi l’occasion pour avancer un argument assez simple (voir ci-dessous) : si des élus réfléchissent à changer la loi sur le rôle du vice-président, c’est bien la preuve qu’il avait le pouvoir d’invalider le résultat des élections. CQFD. Et comme la meilleure défense c’est l’attaque, l’ex-président considère qu’il faudrait enquêter sur le rôle du Speaker Nancy Pelosi lors des événements du 6 janvier.

Statement by Donald J. Trump, 45th President of the United States of America
01/30/22
If the Vice President (Mike Pence) had “absolutely no right” to change the Presidential Election results in the Senate, despite fraud and many other irregularities, how come the Democrats and RINO Republicans, like Wacky Susan Collins, are desperately trying to pass legislation that will not allow the Vice President to change the results of the election? Actually, what they are saying, is that Mike Pence did have the right to change the outcome, and they now want to take that right away. Unfortunately, he didn’t exercise that power, he could have overturned the Election!

Statement by Donald J. Trump, 45th President of the United States of America
02/01/22
So pathetic to watch the Unselect Committee of political hacks, liars, and traitors work so feverishly to alter the Electoral College Act so that a Vice President cannot ensure the honest results of the election, when just one year ago they said that “the Vice President has absolutely no right to ensure the true outcome or results of an election.” In other words, they lied, and the Vice President did have this right or, more pointedly, could have sent the votes back to various legislators for reassessment after so much fraud and irregularities were found. If it were sent back to the legislators, or if Nancy Pelosi, who is in charge of Capitol security, had taken my recommendation and substantially increased security, there would have been no “January 6” as we know it! Therefore, the Unselect Committee should be investigating why Nancy Pelosi did such a poor job of overseeing security and why Mike Pence did not send back the votes for recertification or approval, in that it has now been shown that he clearly had the right to do so!

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