« Is Haley a comet or a shooting star? » Telle était la question posée par le magazine Politico (Why Nikki Haley shouldn’t be counted out just yet) mentionnant la candidature de Nikki Haley (faisant référence à la bien connue comète de Halley avec deux l). « Comets have staying power because they orbit the sun, while shooting stars burn up as they crash through the Earth’s atmosphere ». Pour mémoire, la comète de halley a été vue de la Terre en 1986 et sera vue la prochaine fois en 2061. Autant dire des années-lumière en politique.
Les primaires républicaines sont véritablement lancées avec la candidature de Nikki Haley quelques semaines après celle de Donald Trump ? Jusqu’ici, il ne s’était pas passé grand-chose. Avec la présence de deux candidats et d’autres qui ne vont pas tarder se déclarer, les hostilités entre « amis » républicains sont désormais ouvertes. Et Donald Trump, fidèle à son habitude, sera le plus actif distributeur de mauvais points. Il a d’ailleurs commencé à lancer ses piques à l’ex-gouverneure de caroline du Sud sur son réseau Truth Social.
La candidature de Nikki Haley n’est pas une surprise même si elle avait bien déclaré qu’elle ne se présenterait pas si Donald Trump était candidat. Mais c’est le syndrome « Ne faites pas attention à ce que je dis » bien connu chez nombre de politiciens. En son temps, Barack Obama l’avait pratiqué. Néanmoins, cette candidature est le signe que Donald Trump a perdu de son emprise sur le parti républicain même si sa capacité de nuisance reste intact. Au pire (pour lui), s’il ne gagnait pas les primaire républicaines, il aura toujours le loisir de se présenter dans un nouveau parti créé à cette occasion, America First ou MAGA par exemple. Une telle candidature serait la défaite annoncée des républicains. Car il arrivera toujours à capter au moins 20% des votes populaires.
La position de Nikki Haley n’est pas facile. Comment doit-elle se positionner par rapport à son ancien patron. Lors d’une session de questions/réponses avec les journalistes où elle affirme qu’elle ne se présentera pas si Donald Trump est candidat, elle complimente les actions de l’ancien président, combien il a obtenu de succès lors de sa présidence, tout en minimisant ses déclarations ignobles et détestables. « il a toujours des opinions marquées » explique-t-elle.
Elle entend donc se démarquer de son concurrent tout en expliquant ses succès passés, elle veut se positionner différemment, propre sur elle, décente et convenable, sans pour autant attaquer… Une position qui ne tiendra pas longtemps. Pour l’heure, Donald Trump a juste poster deux petits messages en égratignant gentiment sa nouvelle concurrence. Mais si des sondages s’avéraient problématiques pour lui, il ne se gênera pas pour sortir la boite à ignominies et à publier de fausses informations lorsqu’elles étaient « à son service ». Il a déjà montré ce dont il était capable contre Ron DeSantis en publiant une vieille photo montrant le gouverneur lorsqu’il était enseignant avec des jeunes filles en faisant des allusions lourdes sur un comportement inapproprié. Étonnant pour quelqu’un dont la campagne avait été mis en péril à la suite de la publication de la Hollywood Tape et qui a fait l’objet de plaintes de la part de près d’une vingtaine de femmes dont certains étaient qualifiées de viols.
Donald Trump semble ne pas avoir de doutes sur sa supériorité vis-à-vis de la candidate de Caroline du Sud : « Every timeshe criticizes me, she uncriticizes me about 15 minutes later ».
Sans blâmer son ancien patron, elle a lancé une petite idée qui permet de lui régler son compte tout comme à Joe Biden : réclamer un test de compétence mentale obligatoire pour les politiciens de plus de 75 ans. Inutile de dire que cela ne passera pas mais c’est une manière habile de mettre ces deux futurs vieux concurrents dans une maison de retraite. Sur ce point, la meilleure répartie est à mettre au crédit de Ronald Reagan dans un débat face au démocrate Walter Mondale qui avait fait rire tout le monde, y compris son concurrent. C’était le temps où la civilité l’emportait encore sur la foire d’empoigne.
La question posée aujourd’hui, du côté du parti de l’éléphant, est simple : Est-il possible de faire campagne comme si l’on était avant 2015, avant que Donald Trump ne change tout, à la fois sur la forme, en transformant le bac à sable en ring de boxe, et sur le fond en faisant table rase des idées traditionnelles des républicains : sur l’immigration, le rôle de l’état, la place des Etats-Unis dans le monde, sur le libre commerce. Un des rares sujets partagés par les républicains standards et leurs cousins MAGA est celui des impôts qu’il faut toujours baisser.
A côté de Donald Trump et Nikki Haley, la liste des candidats devrait rapidement s’allonger dans les semaines à venir. Parmi les possibles têtes d’affiches, on peut mentionner : Ron DeSantis, Ted Cruz, Tim Scott, Glenn Youngkin, Greg Abott, Mike Pence, Mike Pompeo, Kristi Noem. Tous ou presque étaient des affidés de Donald Trump (A l’exception de Glenn Youngkin qui très tôt a pris ses distances). Leur position de candidat concurrent sera d’autant plus délicate.