Aller au contenu Skip to footer

Napoléon ne vend pas la Louisiane

Donald Trump qui souhaite annexer le Canada, le Groenland et le canal de Panama se prendrait-il pour Thomas Jefferson ou Andrew Johnson ?  Ces derniers étaient présidents quand Napoléon a vendu la Louisiane et Alexandre II a cédé l’Alaska aux Etats-Unis.

En fait, Napoléon n’a pas vendu la Louisiane. C’est le début de l’histoire que je raconte dans Et Si Napoléon s’était exilé en Amérique.

Extrait ci-dessous

(…) Le Premier consul mit fin à la conférence sans faire connaître ses intentions. Le lendemain, il convoqua le ministre qui lui avait conseillé de céder la Louisiane pour lui faire part de sa décision.

« Je comprends les raisons qui pousseraient la France à céder la Louisiane et je partage nombre d’entre elles. Mais si la raison commande d’aller dans ce sens, l’ambition et la grandeur nous imposent de la garder et de la défendre si d’aventure nos voisins anglais ou américains décidaient de nous la disputer. Vous allez rencontrer Robert Livingston pour engager les discussions avec les Américains avant même que James Monroe n’arrive en France. »

Il apparaissait déraisonnable de choisir le ministre opposé à sa décision. En fait, il faisait appel à sa qualité d’excellent négociateur doublée d’une fine connaissance de l’Amérique. D’autant qu’il connaissait l’attachement des Louisianais à la France tant que la Louisiane avait été l’objet de sa protection. Il avait en mémoire le terrible incendie qui avait ravagé La Nouvelle-Orléans et réduit ses quartiers en cendres, François Barbé de Marbois avait écrit, en tant qu’intendant de Saint-Domingue, la lettre suivante au marquis de Carondelet, administrateur espagnol de la ville : « À la nouvelle de l’incendie qui a désolé votre ville, nous n’avons pas dû nous borner à réclamer pour elle le secours de nos commerçants. L’état des magasins et chantiers de notre colonie et celui de ses finances nous permettent de faire plus promptement tout ce que vous désirez. Une frégate va faire voile : elle vous porte ce qui est le plus immédiatement nécessaire à la reconstruction de vos maisons. Des navires marchands ne tarderont pas à suivre ce premier envoi. Nous aurions assisté de même toute autre colonie affligée d’un aussi grand malheur ; mais nous éprouvons un redoublement de satisfaction en soulageant d’anciens compatriotes. »

Sa volonté d’abandonner la Louisiane était la conséquence d’une analyse froide, mais cela ne l’empêchait pas d’avoir des sentiments d’affection pour nombre de ceux qui étaient restés français, même si la contrée était devenue espagnole après ces catastrophiques accords de Paris.

Talleyrand, qui était toujours au centre du jeu, avait caché aux Américains la situation de la Louisiane. Jusqu’au 1er avril 1803, il n’avait jamais répondu aux maintes demandes de Robert Livingston quant à la position de la France. Et, les rapports avec son propre gouvernement n’étaient pas au mieux non plus. Pendant un temps, on ne savait pas si les négociations concernant le territoire allaient être menées aux États-Unis, avec le général Bernadotte, ou à Paris.

Thomas Jefferson avait une vision pour l’avenir de son pays vers l’ouest mais il avait aussi des préoccupations plus immédiates qui tenaient en deux points : la liberté de navigation tout le long du Mississippi et la liberté d’entreposer des produits en certains endroits stratégiques du fleuve, notamment à son embouchure à La Nouvelle-Orléans. Il s’en était ouvert à Pierre Samuel Dupont de Nemours avec qui il avait noué des liens d’amitié solides. Ancien président de l’Assemblée nationale constituante dont la condamnation à mort par la Terreur quelques années plus tôt n’avait pas été mise à exécution grâce à la chute de Robespierre le 9 Thermidor.

Leave a comment

Recevez les derniers articles directement dans votre boîte mail !

Un Jour en Amérique © 2025. Tous droits réservés. 
Consentement des cookies