Emmanuel Macron a réussi (pour combien de temps ?) le pari de Giscard d’Estaing : Deux français sur trois et à casser la division droite-gauche en créant une sorte de milieu dont la partition est le « En même temps » prétendant réconcilier les Français sur des idées communes. Il s’est d’abord attaché à briser la gauche, puis à affaisser la droite. Il faut dire que les deux camps, chacun formé de plusieurs partis, n’étaient pas en pleine forme. La stratégie avait parfaitement réussi en 2017, un peu moins bien en 2022 en raison de l’initiative de Jean-Luc Mélenchon avec la création de la NUPES qui a redonné un sursaut à la gauche (pour combien de temps ?).
La situation américaine est différente dans la mesure où la politique est organisé depuis toujours sur deux partis depuis 1850 : les républicains et les démocrates. Le parti Whig qui avait vu le jour dans les années 1830 avait été balayé deux décennies plus tard en étant incapable de trancher la question de l’esclavage. Il avait néanmoins réussi à faire élire plusieurs présidents : William Henry Harrison (mort un mois après sa prise de fonction), John Tyler (1841 – 1845), Zachary Taylor (1849-1850) et Millard Fillmore (1850 -1853). Il faut préciser que ce parti n’a pas eu beaucoup de chance. William Harrison est mort un mois après sa prise de fonction et Zachary Taylor un peu plus d’un an après son entrée à la Maison Blanche.
Vu de France, il fut un temps où l’on disait couramment que les différences entre républicains et démocrates étaient minces comparées à celles qui séparaient la droite et la gauche française, à un moment le Parti Communiste était le premier parti de France puis où il a accédé au pouvoir grâce au marché de dupes de l’Union de la gauche qui a accéléré sa quasi-disparition. Les républicains comme Eisenhower avait accepté la vision de la société américaine poussé par Franklin Roosevelt avec son New Deal. Ronald Reagan avec son slogan « l’Etat n’est pas la solution mais il est le problème » a brisé cette alliance et poussé le parti républicain vers la droite. Le Speaker News Gingrich, puis le président George W. Bush ont fait fructifier l’héritage. Et puis Donald Trump a littéralement fait exploser le parti républicain. Quelques mois avant les élections de 2016, il était loin de faire l’unanimité et puis avec la victoire dans les Primaires, puis les élections et le soutien inconditionnel d’une base totalement dévouée à sa personne, il a pris le contrôle du parti qui ne devrait plus s’appeler républicain mais « MAGAmerica First ». Les élus anti-Trump tentent d’exister mais soit ils ne se représentent pas (Adam Kinzinger), soit ils sont en difficile position. Par exemple, Liz Cheney, Vice-présidente de la Commission du 6 janvier et qui a déclaré fait tout ce qui est en son pouvoir pour que Donald Trump ne revienne pas dans le Bureau ovale, joue son avenir politique dans les primaires du Wyoming.
Ce parti MAGAmerica First a bouleversé la politique américaine en poussant les républicains vers l’extrême-droite, l’ultraconservatisme, la religiosité, le conspirationnisme et l’autoritarisme. A tel point que certains conservateurs comme Max Boot n’hésite pas à écrire : « there are two main ways to save America: Either reform the Republican Party or ensure that it never wields power again » (I used to be optimistic about America’s future. Not anymore). Bill Kristol, conservateur anti-Trump écrit dans The Bulwark : « Democrats need to be the party that defends America, while working to improve America » (Who Will Both Defend and Reform Our Democracy?).
Dans de nombreuses enquêtes d’opinion, les réponses sont organisées en trois camps (républicains, démocrates et indépendants) laissant croire qu’il existe un parti Indépendant alors qu’en fait ce label regroupe ceux qui ne se reconnaissent ni dans les démocrates ni dans les républicains, ce qui n’en fait pas pour autant un parti.
L’idée de créer un troisième parti n’est pas nouvelle mais elle vient de se matérialiser avec la fusion de trois entités, Forward Party, the Renew America Movement, and the Serve America Movement, donnant naissance au Moving Forward Party. Avec comme objectif : « We are coming together from across the political spectrum to build a new and transformational American political party ». Avec l’idée peu originale : « ni droite, ni droite ».
Et avec trois priorités :
FREE PEOPLE
Revitalize a culture that celebrates difference and individual choice, rejects hate, and removes barriers so that each of us can rise to our full potential.
THRIVING COMMUNITIES
Reinvigorate a fair, flourishing economy and open society where everyone can live a good life and is safe in the places where we learn, work, and live.
VIBRANT DEMOCRACY
Reform our republic to give Americans more choices in elections, more confidence in a government that works, and more say in our future.
Les chances de succès ? Très minimes. Pourquoi parce que comme l’indique la journaliste de CNN en posant la question : cela n’a (presque) jamais marché. Pourquoi cette fois ? Parce que nous sommes à un moment différent répond la républicaine Christine Todd Whitman.
Mais les labels (marques) démocrate et républicain ont la vie dure. Une idée pour que àa puisse fonctionne. Que le parti républicain change d’enveloppe puisqu’il a changé de contenu et qu’il s’appelle par exemple MAGA ou Trumpublican laissant le mot l’appelation au Moving Forward Party.