Le documentaire de Frederick Wiseman nous plonge dans ce que l’on appelle couramment l’Amérique profonde, Monravia (baptisée en hommage au président Monroe), à un jet de pierre d’Indianapolis, une bourgade de quelque 1 000 âmes à 97 % blancs (au recensement de 2010, la ville comptait exactement 1063 âmes) qui aurait voté à 74 % pour Donald Trump. Le comté dans laquelle elle réside a voté à 75,3 % pour Donald Trump et l’Etat de l’Indiana à 56,5 %). C’est peut-être un élément qui a motivé le documentariste mais n’est absolument pas présent dans le reportage.
Il s’agit tout simplement de montrer la vie quotidienne d’une petite ville du Midwest : aux églises, à l’école, au café, au conseil municipal sur des questions de voirie ou d’adduction d’eau, à un mariage, à un enterrement, étonnement à une réunion de la loge maçonnique, à une vente aux enchères de machines agricoles, au salon de coiffure, dans le supermarché de la ville – qui n’est pas un Walmart, car la ville est trop petite -, dans une ferme qui élève des cochons, dans les champs avec des tracteurs qui retournent la terre, sème, collectent les bottes de paille, à une kermesse, chez le coiffeur (pour hommes) où rugit la tondeuse, à une réunion qui discute longuement de l’intérêt d’installer un banc devant la bibliothèque… A j’oubliais, une longue scène chez un armurier. L’une des réunions du conseil municipal porte sur l’opportunité de lancer la construction d’un nouveau quartier de 151 maisons. Et de montrer les résistances de certains membres du conseil à accueillir de nouveaux résidents qui pourraient modifier l’équilibre existant.
Indiana, des tâches bleues dans un océan rouge
A de nombreuses reprises, la caméra revient sur Main Street où l’on assiste au ballet des voitures des Moravians vaquant à leurs occupations courantes. On y apprendra les extraordinaires performances de l’équipe de basket-ball au niveau national à l’égal des plus grandes équipes… et accessoirement de l’équipe de football (américain bien sûr, on est au cœur de l’Indiana et le soccer ne semble pas encore avoir fait des convertis). Branch McCracken qui a gagné à deux reprises le championnat de basketball NCCA avec l’équipe de Indiana University Bloomington.
https://youtu.be/Xddh70XyDTw
Bref, rien de très bouleversant ou haletant mais parfois émouvant. C’est là la dimension extraordinaire des gens ordinaires.
Après plongé quelques minutes au cœur de Monravia, on s’attend à ce que le documentariste interroge les habitants sur leur vie pour qu’ils donnent leur sentiment sur la situation et l’évolution de l’Amérique, éventuellement des réactions politiques et pourquoi pas sur les affaires du monde. Eh bien non, le spectateur restera sur faim et n’en saura rien. Il restera le spectateur de vies d’Américains ordinaires.
On découvre l’importance capitale de la religion dans la vie des Monravians. Le film commence par un service religieux et le film se termine par un enterrement avec le discours d’un pasteur dans sa totalité qui retrace la vie de l’une de ses paroissiennes. Est-ce un simple hasard ou le signe selon lequel cette Amérique-là est en train de disparaître ?