Aller au contenu Skip to footer

Moi, Charlotte Simmons

11 Tom Wolfe logoAprès Un homme, un vrai, ce deuxième livre de Tom Wolfe que je lis d’affilée fait une description d’une université américaine fictive censée représenter les meilleurs établissements privés de l’enseignement supérieur des États-Unis (les Ivy Leagues[1]). Et le tableau est plutôt sombre. Certes, les étudiants qui souhaitent tirer profit des ressources que proposent ces établissements sont  exceptionnelles – Charlotte Simmons, étudiante de première année,  peut suivre un cours de neurobiologie dispensé par un prix Nobel – mais cela ne semble pas motiver une majorité d’entre eux. Ils sont là pour s’ « éclater ».

A l’inverse, Tom Wolfe décrit la place du sport dans les universités américaines qu’il juge clairement excessive, mais aussi celle de l’alcool, de la drogue, du sexe… Charlotte qui vient de nulle part ou plutôt de la petite ville de Sparta en Caroline du Nord, mais qui a rencontré le président des États-Unis parce qu’elle a été sélectionnée dans les meilleurs lycéens du pays, est attirée, elle, par ce sommet de la culture, de la science et du savoir que représente à ses yeux, Dupont University, de l’autre côté des Montagnes bleues. Mais le livre donne l’impression qu’elle un phénomène assez rare là où la majorité des étudiants donnent le sentiment de vouloir seulement profiter de quatre années de leur vie dans un endroit qu’ils considèrent plutôt comme une sorte de Club Med.

Au passage, l’auteur se permet d’égratigner un peu les Français tout en leur accordant un certain prestige (p. 82) : « Lorsque Charlotte a remarqué que le programme des cours de français présenté dans la brochure de Dupont semblait fascinant, l’unique commentaire de Beverly a été que les Français étaient tellement remontés contre les Américains, ces derniers temps, que leur ressentiment « flottait dans l’air », ils étaient tout à fait rasoir, ces Français ».

[youtube=http://www.youtube.com/watch?v=i0h9o1XX2RA]

[youtube=http://www.youtube.com/watch?v=Zv9DoPQgmBM]

On le sait, le sport a une place prépondérante dans les universités américaines. Mais à un point encore plus important nous raconte ce livre. A Dupont University, c’est l’équipe de basket qui joue un rôle majeur autour duquel tourne toute la vie du Campus. Les meilleurs joueurs de l’équipe sont de véritables stars tout comme leur coach et sont plus connus que le président de l’université ou le professeur de Neurobiologie, pourtant prix Nobel. Une discussion entre le président de l’université, le coach de l’équipe de basket et un des joueurs accusé de plagiat traduit bien cette place exorbitante (p. 496). La question posée étant de savoir s’il faut l’expulser ou non : « (…) après que le scandale d’une éviction même temporaire de Jojo Johansen aurait de lamentables conséquences sur le « programme », bien sûr, mais aussi sur tout Dupont (…) Pourquoi une bande de crétins anaboliques comme la sélection de basket, conduite par un individu ridiculement prénommé « Buster », devait-elle est adulée dans ce temple de la science et du savoir ? (…) contrairement à l’opinion générale, les sports vedettes des universités américaines, loin de rapporter de l’argent aux établissements et de financer des activités universitaires, étaient un gouffre béant, un luxe suicidaire. Leur influence s’exerçait à long terme, en créant une aura prestigieuse autour de telle ou telle université qui attirerait alors plus de dons d’anciens élèves, plus de recettes publicitaires, plus de respect. Pourquoi ? Dieu seul le savait. »

D’ailleurs, le joueur Jojo Johansen, pourtant une vedette locale, voir même nationale, entend sortir de sa condition de sac à muscles analphabète, mais il a bien du mal et son coach ne l’entend pas du tout de cette oreille et veut pas qu’il sorte de sa condition. Sur ce point, Tom Wolfe est assez optimiste puisque son héros y réussit.

Parmi les autres sujets obligés, brossés dans ce tableau universitaire, Tom Wolfe aborde brièvement l’homosexualité (p. 579) avec une réflexion originale selon laquelle les évangiles ne mentionnent les enfants qu’à une seule reprise : « Laissez venir à moi les petits enfants car c’est à leurs pareils qu’appartient le Royaume de Dieu (Marc 10-14). Et  c’est sur cette base qu’ils nous disent que leur religion réprouve les mariages homosexuels ! Ils ne connaissent même pas leurs propres dogmes ».

Il y a une ou deux histoires qui courent dans ce roman, mais qui ne sont pas essentielles et ne font que justifier un descriptif, une ambiance, des tendances d’un monde qui doit nous intéresser tous puisque c’est celui de demain.

Leave a comment

Recevez les derniers articles directement dans votre boîte mail !

Un Jour en Amérique © 2024. Tous droits réservés. 
Consentement des cookies