Près de neuf minutes, le genou de Derek Chauvin sur le cou de George Floyd alors que celui est allongé à terre, les mains menottées derrière le dos et qu’il ne peut plus bouger. Et pendant trois longues minutes, le policier maintient la pression alors que l’homme est devenu inerte. Derek Chauvin est un policier blanc et George Floyd est noir. Cela s’est passé la semaine dernière à Minneapolis, mais aurait pu intervenir dans n’importe quelle ville des États-Unis. Et tout comme les tueries de masse, ces altercations entre la police et les Africains-Américains qui se terminent par la mort se répètent à l’infini.
La vidéo est insoutenable, George Floyd suffoque et répète à plusieurs reprises qu’il ne peut plus respiré, Derek Chauvin semble imperturbable et non chaland, la main dans la poche, les lunettes sur le crâne, indiquant qu’il s’agit là pour lui d’une opération de routine. C’est d’autant plus étonnant qu’il doit bien savoir qu’il est filmé. Une deuxième vidéo, prise sous un autre angle montre que trois autres policiers sont également présents. Pour l’heure, on ne peut affirmer leur niveau d’implication, mais une chose est sûre, ils n’ont rien fait pour arrêter ce drame.
Quant à la très banale cause de cet événement tragique, elle ne peut que faire frémir. Lundi 25 mai vers 20 heures, un employé du magasin Cup Foods Convenience appelle la police parce qu’un client a utilisé un faux billet de 20 dollars pour acheter des cigarettes.
La vidéosurveillance du restaurant montre la rencontre initiale entre Floyd et deux officiers de police, Thomas Lane et J.A. Kueng. Lorsque la police est arrivée au magasin, Floyd et ses deux compagnons étaient toujours là, dans un SUV garé en face du magasin. Les deux policiers leur parlent, puis Floyd, dans le siège du conducteur, est arrêté et menotté. Une déclaration de la police a déclaré que c’est à ce stade que Floyd « a physiquement résisté à un officier ». En quelques mots, George Floyd a été tué pour avoir utilisé un faux billet de 20 dollars.
Cet accident à embrasé la ville plusieurs nuits de suite et conduit, telle une réaction en chaîne, à des émeutes dans plusieurs villes des États-Unis : New York, Denver, Phoenix, Columbus, puis Atlanta, San Jose, Portland, Los Angeles… Aucune région des États-Unis ne semble épargnée. Accident que l’on peut requalifier de meurtre puisque Derek Chauvin a été accusé de meurtre au troisième degré (« third-degree murder » : contrairement à ce qu’elle semble suggérer, cette qualification est moins grave qu’un first ou second degree murder) ce qui selon la loi du Minnesota indique un mort sans préméditation ni intention de la donner, mais en connaissance de cause L’Amérique Post-raciale semble encore loin.
Le gouverneur Tim Walz a déclaré l’état d’urgence dans la ville de Minneapolis-St. Paul et envoyé 500 soldats de la garde nationale sur le terrain.
Jacob Frey, le maire de Minneapolis déclarait jeudi soir que ces « protests that the demonstrations were a reflection of the black community’s anger over 400 years of inequality. What we’ve seen over the last two days and the emotion-ridden conflict over the last night is the result of so much built-up anger and sadness. ».
Donald Trump s’est contenté dans un premier temps de répondre à des questions sur le sujet en déclarant que la mort de George Floyd était un « very shocking sight » et un « very very sad event ». Mais il s’est ensuite déchaîné sur Twitter comme il sait si bien le faire. La semaine avait d’ailleurs commencé par une passe d’armes entre Donald Trump et le réseau social qui avait décidé d’ajouter une mention sur les affirmations du président sur la fraude électorale par le vote par mail renvoyant à des articles sur le sujet. Donald Trump a donc publié un message que cette fois Twitter a masqué par un avertissement indiquant que ce tweet « a enfreint les règles de Twitter relatives à la glorification de la violence. Toutefois, Twitter a déterminé que sa disponibilité peur avoir un intérêt pour le public ».
Le tweet en question contient une formule reprise par Donald Trump : « when the lootings starts, the shooting starts ». Cette formule remonte à l’époque de la conquête pour les droits civiques. Elle avait été utilisée en 1967 par le chef de la police de Miami lors d’une conférence de presse concernant un crime commis à Florida city qui avait fait trois morts. Il est donc assez peu probable que Donald Trump l’ait reprise sans savoir la charge historique qu’elle représentait.
Quelques heures plus tard, il a publié deux nouveaux tweets pour expliquant que l’utilisation de cette formulation n’était en rien un appel à la violence, mais une simple constatation. Vendredi soir, Donald Trump avait convoqué une conférence de presse pour expliquer la nouvelle politique vis-à-vis de la Chine, sujet majeur s’il en est. Est-ce là une opération de diversion ou alors l’occasion de mener une nouvelle politique à un moment où les Américains sont doublement concentrés sur l’épidémie du Coronavirus qui est loin d’être terminée et sur les émeutes raciales. En tous cas, comme expliquait une journaliste de CNN : Donald Trump craque l’allumette, met le feu et s’en va que l’incendie s’embrase. Alors que lors des événements de Charlotteville, il n’avait pas voulu porter de jugement car il voulait avoir toutes les preuves pour finir par déclarer « very fine people on both side », il n’a pas attendu si longtemps pour qualifier les Noirs en colère de « thugs ».
Tout ceci arrive parce que la vidéo nous apporte des charges accablantes. On ne peut que douter de ce qui ce serait passer si l’on ne disposait pas de ces moyens techniques. Une partie des policiers américains n’ont donc pas encore intégré le fait qu’ils peuvent être filmé à tout moment et que leur conduite doit être encore plus irréprochable.
Les mesures de social distancing imposées par l’épidémie ont totalement volé en éclat et semblent bien loin des préoccupations actuelles.
Message sur le site Black Lives Matter
Rest in Power, Beautiful
George Floyd couldn’t breathe. We can’t either.
We live in fear. Fear of walking outside. Wearing a hoodie. Going for a jog. Sleeping in our own home. Existing.
Every day, a new hashtag.
Every hour, a new injustice.
Every second, more pain.
We don’t deserve to live like this — and we continue to fight until white supremacy no longer permeates every corner of this country — until we can live full lives — freely.
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