Tout (et aussi son contraire selon le point de vue où on se place) a été sans été doute été dit à propos de la déposition de Michael Cohen devant une commission de la Chambre des représentants.
La stratégie des républicains dans cette affaire est pour le moins troublante. Ils se sont contentés, répétant à l’envi les mêmes questions, de démolir le témoin et de le rendre totalement non crédible.
« A scorned man who’s going to prison for lying to Congress . . . a narcissist, a bully who cannot tell the truth about the president or his own life. »
Mark Green, député du Tennessee
A l’inverse, dès qu’il était placé devant ses propres turpitudes, il n’a cherché à aucun moment à réfuter, expliquer, commenter, il s’est juste contenté de reconnaître la gravité ce qu’il avait fait et de rappeler le prix qu’il allait payer en allant en prison pendant trois ans.
A aucun moment, ils n’ont montré un quelconque intérêt pour les faits, documents et allégations présentés par Michael Cohen. Comme l’a déclaré Stephen Lynch, député démocrate du Massachusetts, pendant la déposition, « Je ne pense pas que mes collègues (républicains) n’ont pas peur que vous mentiez, je crois plutôt qu’ils ont peur que disiez la vérité ».
Bien sûr, Michael Cohen a triché, menti, escroqué, trafiqué pendant tout le temps qu’il a travaillé pour son patron et il l’admet sans réserve :
– I am ashamed of my own failings, and I publicly accepted responsibility for them by pleading guilty in the Southern District of New York.
– I am ashamed of my weakness and misplaced loyalty – of the things I did for Mr. Trump in an effort to protect and promote him.
– I am ashamed that I chose to take part in concealing Mr. Trump’s illicit acts rather than listening to my own conscience.
– I am ashamed because I know what Mr. Trump is.
C’est donc la démarche d’un repenti comme on en voit souvent dans les affaires mafieuses. C’est souvent la défection d’un membre de la famille qui fait tomber les autres. Et il faut bien reconnaître que par rapport à son patron, Michael Cohen est un amateur et un petit joueur.
Mais comme le faisait remarquer Chris Christie, ancien gouverneur du New Jersey, concurrent malheureux aux dernières primaires et soutien actif de Donald Trump, à aucun moment, les républicains présents à cette déposition « n’ont cherché à défendre Donald Trump sur le fond ». « Mais quelles différences entre les mensonges de Michael Cohen et ceux de Donald Trump » interroge Chris Cuomo, présentateur de CNN : « Le premier les a admis sans réserve, pas le second. Et dans notre pays, il y a ce qu’on appelle la présomption d’innocence ». Évidemment, jusqu’à quand ?
Quelle sera la suite à ce grand déballage par rapport auquel l’enquête du procureur spécial Robert Mueller semble passer au second plan ? D’abord ce n’est que le début. Tous les noms qui ont été prononcés dans l’orbite de Donald Trump cité par Michael Cohen vont être entendus par la commission de la Chambre des représentants. Ensuite, le Southern District of New York est engagé sur une enquête lourde concernant les différents business de Donald Trump.
Certains analystes considèrent que « attaqué par son ancien avocat, Donald Trump pourrait s’en trouver renforcé ». Il faut oublier l’Impeachment car les conditions ne sont pas réunies pour le mener à son terme et il serait sans doute contre-productif pour les démocrates. Il est probable que Donald Trump finisse son mandat. Mais après, il ne bénéficiera plus de l’immunité que lui confère la fonction de président. Et la scène de Michael Moore dans son film Farenheit 11/9 dans laquelle Donald Trump sort d’un bâtiment entouré d’agent du FBI n’est pas totalement irréaliste.
Et à plus long terme ? Quand tout cela va-t-il s’arrêter ? questionne Chris Cuomo. « Espérons que dans 2 ou 6 ans (en supposant que Donald Trump sera réélu), le pays sera si fatigué de tout cela, que l’on reviendra à une situation plus normale », conclut Chris Christie. Pas très enthousiasmant pour les Américains.
Cette stratégie pour les républicains pourra être lourde de conséquence car elle pourra se retourner contre eux et les discrédités pour un bon moment.
« For 10 years, I protected Mr. Trump.” And in the end, he lost it all. I can only warn people that the more people that follow Mr. Trump as I did blindly are going to suffer the consequences that I did. »