Il se passe toujours quelque chose à la Maison-Blanche. Quoi de plus naturel pourrait-on penser puisqu’il s’agit du centre de décision politique du plus puissant pays du monde. Mais ce n’est pas de cela qu’il s’agit. Depuis l’entrée en fonction de la nouvelle équipe, il y a un peu plus de 13 mois, la Maison-Blanche est le théâtre d’une pièce tragi-comique qui se joue sous nos yeux. Le nombre de départs de l’équipe Trump est anormalement élevé et pour cause, car il se trouve que le patron ne semble rien faire pour assurer le fonctionnement d’une « fine-tuned machine ». Le record d’instabilité est détenu par Antony Scaramouchi, directeur de la communication, resté 11 jours en poste. Et qui depuis parade dans tous les médias – qui l’invite il faut bien le reconnaître – et fait état de ses états de service comme preuve de son expérience.
Ces derniers jours, c’est sa successeure Hope Hicks qui devrait connaître la même destinée et prendre congé de ses fonctions dans les semaines. La directrice de la communication a été entendue devant la Commission de la Chambre des Représentants pendant 8 heures. Jusqu’ici, Hope Hicks pourra prétendre avoir été la directrice de la communication la plus durable alors qu’elle tirait toute son savoir-faire dans le domaine de la politique de ses années de top model. Même après l’arrivée de John Kelly, elle avait su garder un accès très proche au président selon le New York Times. Elle avait travaillé pendant 6 ans avec Ivanka Trump quand Donald Trump décida de l’intégrer à son équipe de campagne au printemps 2015. En un an, Donald Trump aura « épuisé » autant de directeurs de communication que Barack Obama en huit.
Au-delà des controverses politiques, notamment sur l’enquête de Bob Mueller, Hope Hicks a surtout fait l’objet de l’attention des médias suite à l’affaire Rob Porter avec lequel elle avait établi une liaison. Rob Porter a dû quitter la Maison-Blanche suite à ses accusations de violences conjugales. La Maison-Blanche a déclaré que son départ n’était pas lié à son audition. Les apparences indiquent le contraire puisque le premier intervient le lendemain de la seconde.
Plus grave est le cas de Jared Kushner. D’abord, le gendre de Donald Trump qui s’était vu confier des missions de politique étrangère, mais aussi des missions de politique intérieure, sur les technologies et l’innovation ou la réforme des prisons par exemple. Pour remplir ses missions de politique étrangère, Jared Kushner avait accès aux documents les plus confidentiels, ceux marqués du sceau Top Secret alors qu’il n’avait pas eu l’accréditation du FBI. Lui comme une trentaine d’officiels de la Maison-Blanche. Les révélations de ces derniers jours par la presse, ont poussé John Kelly, le Chief of staff à les rétrograder au niveau inférieur baptisé Secret (voir les trois niveaux ci-dessous).
Peut-il dans ces conditions, assumer ses missions de conseiller de Donald Trump pour la politique extérieure ? De l’avis des spécialistes, c’est très problématique, car il ne dispose pas de toutes les informations nécessaires. Et comme le faisait remarquer un analyste, cette rétrogradation change la perception qu’auront ces interlocuteurs de ce conseiller « au rabais ». Bref, la position est difficilement tenable.
Confidential
This is the lowest level of classification. ‘Confidential’ means that the unauthorized disclosure of this information is expected to cause damage to the national security.Secret
The next level of classification is ‘Secret’ which is applied to information that executive agencies believe that their unauthorized disclosure could cause serious damage to national security.Top SecretAs its name implies, ‘Top Secret’ is the highest level of classification. ‘Top Secret’ means that the unauthorized disclosure is reasonably expected to cause exceptionally grave damage to the national security.
About 25% of all newly classified documents are labeled “confidential”, 65% will fall into the “secret” category while the remaining 10% are graded “top secret.”
Autre talon d’Achille, la situation financière très difficile de Jared Kushner. Un article du Washington Post mentionnait l’opportunité dont auraient tiré parti quatre nations sur cette position fragile (Chine, Emirats Arabes Unis, Mexique et Israël).
Le New York Times publiait un autre article qui mettait en évidence la notion de conflit d’intérêts qui est loin d’être une fiction et dont on parle depuis le début du mandat de Donald Trump : pour le président, sa fille et son gendre. Car pendant la politique, les affaires continuent. Et apparemment, les protagonistes ne s’en privent pas. Le New York Times a publié un article indiquant que Jared Kushner a organisé plusieurs réunions à la Maison-Blanche avec des responsables de fonds d’investissement et d’institutions financières, réunions qui se sont concrétisées par des prêts dont il a bien besoin pour renflouer son très mauvais investissement dans le 666 Fifth Avenue, mais pas seulement. Apollo Global Management aurait consenti un prêt de 184 M$ – le triple du prêt moyen consenti par le fonds – et Citigroup aurait prêté 325 M$. Soit un total d’un demi-milliard de dollars. En tant que fonds d’investissement, Apollo a largement bénéficié de la réforme fiscale.
Troisième épisode dans cette semaine de tous les dangers, la nouvelle attaque de Donald Trump vis-à-vis de son ministre de la Justice Jeff Sessions. Le nombre d’insultes publiques que ce dernier a dû essuyer ne se compte plus sur les doigts d’une main. Depuis qu’il s’est récusé dans l’enquête russe, Jeff Sessions est devenu la tête de Turc du président qui ne rate pas une occasion de le dénigrer. Alors qu’il avait été son premier soutien lors de la campagne 2016. Démettre Jeff Sessions permettrait d’avoir un nouveau ministre de la Justice qui, de facto, deviendrait responsable de l’enquête russe et pourrait ainsi révoquer Bob Mueller et mettre un terme à cette enquête qui l’obsède et se fait de plus en plus pressante. Mais on aurait alors une sorte de répétition du Saturday Night Massacre. Un tel renvoi serait peut-être le point de départ de la procédure d’Impeachment.