Le campus de l’université de Berkeley est l’un des dix qui constituent l’université de Californie. C’est le plus ancien (1868) et le plus prestigieux. Partout, on peut y trouver des places de parking réservées aux prix Nobel. C’est un campus relativement peu étendu par rapport à celui de la grande université concurrente rivale de Stanford environ dix fois plus grand.
L’université de Berkeley est aussi chargé d’histoire et s’est notamment illustré pendant les années de la guerre du Vietnam. Ce fut aussi un des hauts de la contestation de la jeunesse américaine de la fin des années 60.
Ce qui frappe d’abord en se promenant sur ce campus, c’est l’étonnante diversité architecturale. Aucun bâtiment ne ressemble à un autre. Certains sont récents et très modernes comme le bâtiment des sciences de la vie, d’autres sont beaucoup plus anciens ou manquent totalement de charme. Mais cette hétérogénéité donne à l’ensemble un attrait indéfinissable, l’abondante végétation dans laquelle baigne le campus joue un rôle important. Dans certains endroits, on pourrait se croire dans un véritable parc.
Une autre caractéristique est la très grande ouverture du campus : aucun mur, aucune grille ne délimite l’intérieur de l’extérieur. De la sorte que l’université fait partie intégrante de la ville dont elle constitue le cœur. D’ailleurs, pendant l’été alors que les undergraduates (étudiants jusqu’en maîtrise) sont partis en vacances, la ville semble vivre au ralentie.
Berkeley et Stanford, moteurs de la Silicon Valley
Lors du premier week-end de décembre où le championnat de football américain universitaire bat son plein, l’équipe de Stanford rencontre celle de Berkeley. Cette concurrence entre les deux universités est digne des fameuses joutes auxquelles se livrent les universités de Cambridge et d’Oxford en Angleterre.
Les deux équipes ont en effet joué leur 111e Big Game en décembre dernier. Mais la compétition entre Stanford et Berkeley n’est pas réduite au seul football américain, même s’il génère de fortes passions au sein des étudiants des deux institutions. Cela ne surprend personne qu’une fanfare vienne troubler un cours en amphithéâtre pour soutenir le moral des supporters. Le sport universitaire est une activité importante. Les sportifs de Berkeley n’ont-ils pas remporté une centaine de médailles aux Jeux Olympiques. Au-delà ce qui est un peu folklorique, la concurrence touche assez largement tous les domaines académiques couverts par les deux universités.
La concurrence entre les universités est-elle souhaitable ? En tous cas, elle existe non seulement entre les deux instituts universitaires champions de la Californie du Nord, mais aussi entre toutes les universités américaines.
Mais au-delà de la concurrence directe, les deux universités californiennes, qui sont classées parmi les meilleures du monde si l’on en croit le fameux classement de Shanghai, apportent une contribution essentielle au développement de la Silicon Valley. Dans ce domaine la liste est longue tant au niveau de la connaissance scientifique, du développement des technologies et de la création d’entreprises figurant parmi les leaders des secteurs informatiques et télécoms. L’université de Berkeley possède à son palmarès 61 prix Nobel. Pas étonnant que certaines places de parking leur soient réservées.
A la source de nombreuses technologies et d’entreprises
De nombreuses sociétés informatique qui figurent parmi les leaders du secteur ont été créés par des étudiants de Stanford, parmi celles-ci ont peut citer Sun avec Scott McNealy, Cisco (Len Bosack et Sandy Lerner), Yahoo David Filo et Jerry Yang) et bien sûr Google avec Larry Page et Sergey Brin.
De son côté Berkeley – appelée plus souvent Cal ou encore UC Berkeley – est à l’origine du développement de nombreuses technologies dans le domaine du logiciel parmi lesquelles on peut citer pêle-mêle le système d’exploitation Unix BSD, le système de nommage Internet BIND (Berkeley Internet Name Domain), le SGBD PostGreSQL, le système de messagerie Sendmail, les technologies RAID dans le stockage et les architectures Risc, le navigateur ViolaWWW dont le code a été donné à Sun et qui aurait inspiré le projet Mosaic à l’origine du navigateur de Netscape.
Parmi les différences entre les deux universités, Berkeley a la réputation d’être plus liberal au sens américain du terme, voire libertaire. On se souvient du Free Speech movement, pendant des mouvements étudiants français de la fin des années 60. L’administration et les étudiants s’étaient affrontés dans ce qui est désormais appelé le People’s Park protest sur la construction d’un stade à la place d’un parc. Plus récemment, une confrontation a opposé des activistes écologistes et l’administration sur un problème comparable. Pour empêcher l’arrachage des arbres et le début de la construction, les écologistes avaient élu domicile dans les arbres où il y sont restés plus d’un an.
Mais cela n’empêche pas ces universités de nouer des coopérations avec l’industrie. Témoin, le partenariat signé avec la compagnie pétrolière BP qui a donné 500 M$ à Berkeley et à l’université de l’Illinois de Champaign-Urbana pour un programme de recherche d’une durée de 10 ans sur les énergies végétales. Ce programme a démarré en novembre 2007. C’est le plus important contrat de ce type jamais signé.