La notion de conflit d’intérêt est un sujet délicat dans la mesure où il sort assez rapidement des généralités pour aller sur le terrain des exemples et mettre en cause des personnalités, notamment du milieu politique. Martin Hirsch en a fait l’expérience lors de la publication de son livre sur le sujet.
Martin Hirsch a été vivement critiqué en septembre par les parlementaires UMP et certains de ses anciens collègues du gouvernement pour son livre sur les conflits d’intérêts, relate le magazine Le Point dans un article publié peu après la sortie du livre (pour lire l’article). Il y épinglait notamment le président du groupe UMP à l’Assemblée, Jean-François Copé, pour ses activités d’avocat d’affaires, et celui du groupe UMP au Sénat, Gérard Longuet. Dénonçant “un exercice de délation”, Jean-François Copé avait accusé Martin Hirsch d’avoir lui-même pratiqué “le plus joli conflit d’intérêt” en ayant fait voter la loi prévoyant la création de cette Agence et la rémunération de son personnel.
Cela donne l’idée du fameux « je te tiens, tu me tiens par la barbichette ».
Le premier reportage de l’émission de la chaine CBS « 60 minutes » qui existe depuis 1968 (une véritable institution dans l’univers des émissions politique) traite de ce problèmes et montre les pressions et les interactions entre les grandes entreprises via leurs lobbies et les membres du Congrès. Le passage où Steve Kroft, co-éditeur de l’émission demande à Nancy Pelosi lors d’une conférence de presse s’il n’y a pas de conflit d’intérêt entre sa fonction de leader de la minorité démocrate à la Chambre des Représentants (elle était précédemment Speaker
lorsque les démocrates étaient majoritaires) et l’offre qui lui avait été faite d’acquérir des actions à un montant préférentiel lors de l’introduction en bourse de Visa Inc en 2008 pour la moitié de ses actions. La réponse de Nancy Pelosi étonnante dans la mesure où elle fait mine de ne pas comprendre la question et oblige le journaliste de la reformuler.
Pour visualiser la totalité du reportage de l’émission 60 minutes
Tout aussi intéressant est l’interview de Jack Obramoff par David Gregory sur la chaîne MSNBC sur son expérience passée et le problème de plus en plus pressant de l’encadrement nécessaire des lobbies sans lequel la démocratie n’est plus qu’un vain mot (Jack Abramoff a été condamné à 3 ans de prison pour corruption). Et pourtant le Congrès n’a vraiment pas besoin de ça lorsque l’on regarde le taux de satisfaction des Américains sur le travail effectué par la branche législative du gouvernement : 13 %.
Pourtant, des mesures relativement simples permettraient d’assainir la situation :
– Limiter le nombre de mandats (A 2 comme c’est le cas pour le président) ;
– Aucune possibilité d’acheter des actions ou de toutes opérations financières pendant leur mandat ;
– No revolving doors, à savoir de ne pas pouvoir travailler pour les lobbies après avoir exercé un mandat politique.
Dans cette interview, Jack Abramoff met en cause Newt Gingrich sur des rémunérations suspectes : “I’m unaware of any history professor being paid that much money to give someone a history lesson.”