Vendredi 25 novembre, le chef de la minorité républicaine Kevin McCarthy, qui se voit déjà élu Speaker de la Chambre des représentants (ce qui n’est pas encore car assuré car il lui faut la majorité absolue soit 218 voix alors que les républicains n’auront qu’une majorité de 3 ou 4 voix et que des voix dissidentes d’élus MAGA ont indiqué qu’ils ne voteront pas pour lui) a déclaré que le premier jour de la prochaine session du Congrès il ferait procéder à une lecture intégrale de la Constitution dans l’hémicycle, « quelque chose qui n’a pas été fait depuis des années », ajoutait-il.
C’est très opportun puisque Donald Trump a publié un message sur sa plate-forme Truth Social qui va encore plus loin dans la provocation et l’incongruité (dans les 15 derniers jours, il a soutenu les terroristes du 6 janvier après que la fondateur de la milice Stewart Rhodes a été condamné pour sédition et il a reçu à sa table le rapper Kanye West et l’antisémite notoire Nick Fuentes) en appelant « for the termination of all rules, regulations, and articles, even thise found in the Constitution ».
En clair, il faut jeter à la poubelle l’état de droit et la Constitution. D’ailleurs, l’a-t-il jamais lu ? On se souvient, à la Convention démocrate de 2016, du discours émouvant de Khirz Khan dont le fils avait été tué en Irak qui sortait de sa poche une petite édition de la Constitution américaine en proposant au candidat Trump de la lire : « Look for the words liberty and equal protection under the law (…) You have sacrifice nothing »
La Maison Blanche s’est cru obligée de répondre à la provocation de l’ex-président en raison de son énormité.
Une déclaration qui devrait être considérée comme une abomination par tous les Américains, sans exception, lorsque l’on sait l’adoration (allant parfois jusqu’au fétichisme) qu’ils ont, ou prétendent avoir, à ce texte sacré. Eh bien, les réactions des élus républicains, qui se disent être les seuls attachés à cet écrit, ont été pour la grande majorité inexistantes à l’exception des usuels Liz Cheney et Adam Kinzinger, et pour quelques-uns, très peu nombreux, extrêmement molles.
Maintenant, quelle est la solution pour le parti républicain de se dépêtrer dans le piège dans lequel il s’est lui-même enfermé ?
S’il soutient le propriétaire de Mar-a-Lago, il court à une nouvelle défaite, succédant à celles de 2018, 2020 et 2022.
S’il soutient un autre candidat, il aura sur sa route un Donald Trump totalement déchaîné et prêt à torpiller le parti par simple vengeance personnelle. Peu importe les conséquences. En l’attaquant de toutes les manières dont il a secret et l’expertise et en se présentant comme candidat du parti « Jusqu’auboutisme ». C’est ce que l’on pourrait appeler la « Trump nuclear option ». Le candidat hors système ne sera pas élu mais il privera le parti républicain de la victoire.
C’est là l’impasse dans laquelle se trouve aujourd’hui le GOP et dont on ne voit pas trop comment il peut sortir.