On se souvient de la déclaration de Warren Buffet, l’une des plus grosses fortunes des Etats-Unis, qui interpellait Barack Obama pour payer plus d’impôts. « J’en paye moins que mon assistante ! » avait-il fait remarquer.
Moins d’impôts, moins de gouvernement, respect au pied de la lettre de la constitution tels sont les principaux éléments des programmes tels que les rabâchent les différents candidats conservateurs dont trois restent en lice, deux traditionnels et l’inclassable Ron Paul (son positionnement est assez singulier). Mitt Romney étant qualifié de modéré flip flop par les trois autres.
Le taux d’imposition serait-il aujourd’hui particulièrement élevé ? Ce message correspond-il au sentiment partagé par la majorité des électeurs ?
Sur le premier point, quelques indicateurs publiés par le Think tank Center for American Progress (libéral au sens américain) montrent que le niveau actuel est au pus bas depuis la deuxième guerre mondiale (Ten Charts that Prove the United States Is a Low-Tax Country).
L’impôt sur le revenu
En 2011, l’impôt sur le revenu représente 14,8 % du PIB, le niveau le plus faible depuis 1945 à l’exception de la période de 1950. A l’inverse, au sortir de la guerre et en 2000, il était au-delà de 20 %. Au début de son mandat, George W. Bush décide de baisser significativement le montant de l’imposition alors qu’en même temps il augmentait les dépenses fédérales et allait devoir financer deux guerres accentuant significativement les déficits et la dette. Barack Obama a essayé de supprimer les deux mesures de réduction d’impôts décidées par George W. Bush (Economic Growth and Tax Relief Reconciliation Act of 2001 (EGTRRA) ; Jobs and Growth Tax Relief Reconciliation Act of 2003 (JGTRRA)) mais n’a pas réussi à convaincre les républicains.
Le taux maximal d’imposition sur le revenu serait-il trop élevé, comme aime à le répéter les Américains ? Ron Paul n’hésite pas à dire que, s’il le pouvait, il diminuerait à zéro le taux d’imposition maximal sur le revenu, ce qui donne une idée du niveau d’importance du gouvernement de Washington. En fait, depuis 1945, la tranche d’imposition la plus élevée n’a jamais été aussi basse, elle aussi : 35 % aujourd’hui contre 94,0% alors. A croire que l’Oncle Sam faisait alors partie des pays socialiste !
L’impôt sur les plus-values
Sur ce chapitre des plus-values (Capital gain), là encore, la période n’a jamais été favorable aux investisseurs. Toujours depuis 1945, date de référence retenue pour cette comparaison, la taxe sur les plus-values n’a jamais été aussi faible : 15 % aujourd’hui alors qu’il était de 25 % et avait même 40 %.
Impôt sur les sociétés
A l’instar des citoyens, les entreprises sont tout aussi bien loties. La contribution des impôts collectés auprès des entreprises n’a cessé de baisser – sauf pendant une courte période au début des années 50 – pour atteindre le niveau extrêmement faible de 1,3 % du PIB , plus de 5 fois moins qu’en 1945. Les sociétés américaines sont-elles plus puissantes aujourd’hui ? Les Big Three de l’industrie automobile apportent un démenti formel à cette question. Les entreprises américaines sont moins imposées que leurs concurrentes non américaines qui du fait collectent moins de taxes et bénéficient de déductions voulues ou résultant d’une mauvaise conception (loopholes). Selon le CAP, les différentes déductions culmineraient à un total dépassant les 1000 milliards de dollars en 2010.
Qu’en pensent les Américains ?
Ce climat qui rend les impôts encore plus impopulaires qu’ils ne devraient être – quel pays pourrait vivre sans impôts ? – correspond-il aux souhaits des Américains comme le laisse entendre les candidats républicains, même à ceux de leur propre camp ? Une enquête de l’institut Gallup de septembre 2011intitulée Americans Favor Jobs Plan Proposals, Including Taxing Rich montre clairement le contraire :
– 70 % des personnes interrogées sont favorables à l’augmentation des impôts sur les sociétés grâce à l’élimination de certaines déductions ;
– Deux sur trois sont favorables à l’augmentation des impôts sur les individus gagnant plus de 200 000 dollars par an ou des familles gagnant plus de 250 000 dollars.