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Les Etats-Unis sont-ils l’avenir de l’Europe ?

Rien de tel qu’un adversaire commun pour souder les énergies. Les Etats-Unis ne sont pas un adversaire de l’Europe ni des pays qui la constituent mais la nouvelle administration américaine est franchement hostile à l’Union Européenne. En tous cas, plusieurs sons de cloches se font désormais entendre générant une cacophonie dont il est désormais difficile d’entendre les harmonies.

Au sommet, Donald Trump tire sur tout ce bouge et dit ce qui lui passe par la tête. Un jour, une chose, le lendemain son contraire et le surlendemain, une nouvelle version qui contredit les deux précédentes. Des déclarations qui ne manquent pas d’inquiéter les dirigeants de nombreux pays. Et qui inquiètent aussi le camp républicain. Selon Chuck Schumer, le chef de la minorité démocrate au Sénat, ils ne sont plus isolés en privés à critiquer ouvertement le président en place mais n’ont pas encore le courage de le faire publiquement. Si les choses se continuent sur le même mode, ils pourraient être amenés à le faire d’ici quelques mois.

Unfinished European Union Flag puzzle
Unfinished European Union Flag puzzle

Dans la foulée de son site Breitbart News, Steve Bannon a lui fait clairement part de ses idées. L’agence Reuters a publié un article il y a quelques jours faisant état d’une entrevue entre Steve Bannon, le très influent conseiller de Donald Trump, et de l’ambassadeur d’Allemagne aux Etats-Unis Peter Wittig. D’abord concernant l’entrevue, la Maison Blanche a indiqué qu’elle avait duré seulement trois minutes ce que trois sources différentes ont informé affirmant qu’elle avait été beaucoup plus longue et avait sur des sujets de fond. Cela rappelle curieusement les conversations téléphoniques entre Michael Flynn et l’ambassadeur russe qui était d’abord une formalité pour aboutir à une réunion pendant laquelle le conseiller à la sécurité de Donald Trump avait assuré que les sanctions contre le Russie seraient assouplies, le même jour que Barack Obama avait décidé de nouvelles sanctions. Avec au final, la démission forcée de Michael Flynn.

Maintenant sur le fond de la conversation. Steve Bannon aurait vanté les mérites des partis et mouvements populistes et d’extrême-droite européens, clairement indiqué que « je ne crois pas dans l’Union européenne telle qu’elle aujourd’hui ». « L’Europe occidentale s’est construite sur des mouvements nationalistes forts » aurait-il expliqué poursuivant que « l’Allemagne et les partenaires européens doivent se préparer à définir une politique d’hostilité vis-à-vis des Etats-Unis ».

Mais les Etats-Unis ne voient-ils pas dans l’Europe en tant que puissance politique (encore limitée il est vrai selon la formule de Kissinger l’Europe quel numéro de téléphone ? toujours d’actualité) mais surtout politique un défi, voire une menace ?

Barack Obama n’avait pas vraiment entretenu les relations avec le Vieux continent préférant se tourner vers l’Asie. Avec Donald Trump, c’est une nette dégradation en préparation. Mais les faits sont têtus. Les Etats-Unis restent le plus grand partenaire commercial de l’Europe, le premier investisseur étranger et un partenaire constant en matière de politique étrangère depuis des décennies. Les liens transatlantiques sont toujours très étroits et intenses. Les pays européens et les Etats-Unis sont les principaux membres de l’OTAN.

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Après les déclarations tonitruantes de Donald Trump, les prises de position sans surprise de Steve Bannon, le Vice-Président Mike Pence et les membres du cabinet Trump sont un peu obligés de faire le service après-vente. C’est ce qui s’est passé à la conférence sur la sécurité qui s’est tenue la semaine dernière à Munich. Mike Pence mais aussi Jim Mattis, le ministre de la défense et Rex Tillerson, le ministre des affaires étrangères se sont essayés à faire passer le message mais sans convaincre totalement.

Donc de ces trois discours, lequel retenir : celui de Trump, de Bannon ou du cabinet ? Difficile à dire mais c’est l’occasion pour l’Union européenne de reprendre son destin en main. C’est le message qu’a véhiculé Wolfgang Ischinger, ancien ambassadeur d’Allemagne aux Etats-Unis : « Europe must now focus on itself ».

« We do need to do more to bolster our own security. While significant change is on the way, including increased integration of Europe’s armed forces, the road toward a well-functioning European defense union is long (…) Instead of waiting in fear of Trump’s next tweet, we Europeans should lay the foundations for a Europe that is strong, capable of taking action, and committed to Western values. From this position, we can assert our key interests vis-à-vis the US with confidence. That is the best response Europe can give ».

Les Etats-Unis se sont courroucés de l’implication de la Russie dans leurs élections sachant qu’on ne sait pas encore jusqu’où est allée cette manipulation. Il faut souhaiter que le Congrès mette en place une commission d’enquête et nomme un procureur indépendant. Mais les prises de position anti Union européenne et les déclarations en faveur du Brexit et des partis populistes constituent une intrusion tout aussi critiquable. Car se profilent les élections aux Pays-Bas, en France et en Allemagne.

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