Depuis le 20 janvier 2021, les démocrates contrôlent la Maison Blanche et le Congrès. Mais c’est peut-être là un contrôle très fragile et temporaire. Concernant la présidence, Donald Trump souffle un vent d’illégitimité pour élections truquées depuis le soir même de l’élection. Et peu d’élus républicains osent le contredire ouvertement sur ce point. Quant à la majorité au Sénat et à la Chambre des représentants, elle est extrêmement précaire et très limitée. Au Sénat, l’égalité 50-50 entre démocrates et républicains peut-être départagé grâce à la voix de la Vice-président Kamala Harris, également présidente de la Chambre Haute. A la Chambre des représentants, les démocrates n’ont que 222 sièges alors que la majorité est de 2018.
Alors qu’il devrait prochainement signer le vote de la loi sur les infrastructures (la loi devrait passer même si Donald Trump fait tout ce qu’il peut pour torpiller cette initiative[1], le parti démocrate n’est plus socialiste mais communiste) que l’on peut qualifier d’historique, Joe Biden va-t-il pouvoir maintenir cette très légère majorité à l’occasion des prochaines élections de mi-mandat ? Doug Sosnik, ancien conseiller de Bill Clinton vient de publier une note sur le sujet intitulée : a look ahead to the midterm elections. L’histoire politique semblerait indiquer le contraire. A l’exception de 1998 (second mandat de Bill Clinton) et de 2002 (premier mandat de George W. Bush), le parti en place à la Maison Blanche a toujours perdu cette échéance électorale. Parfois de manière très brutale comme en 1994 et en 2010, lors des premiers mandats de Bill Clinton et Barack Obama. Sur les quatre dernières élections de mi-mandat, la perte moyenne a été encore plus importante : 52 sièges à la Chambre des représentants, 4 au Sénat et 7 de gouverneurs.
Evidemment, il n’y a pas de relation causale directe entre les deux mais sans doute une demande insatiable des électeurs américains de changement, changer pour changer, ce que l’on appelait en d’autres temps et en d’autres lieux le « dégagisme ». Dans son livre à paraître The Reckoning, Mary Trump considère que l’Amérique souffre de Posttraumatic stress disorder (PTSD)[2].
Le parti qui n’est actuellement pas aux affaires, le parti républicain, pousse dans ce sens. En exploitant tous les filons possibles : la crise de la Covid causée par l’immigration. Ron DeSantis, le gouverneur de Floride, qui reporte la responsabilité de la crise Covid qu’est en train de vivre la Floride sur Joe Biden qui laisse (le sénateur du Kentucky va plus loin en expliquant qu’il le fait à dessein et Newt Gingrich encore plus loin en poussant la théorie du grand remplacement) entrer des immigrants infectés par le virus qui deviennent ainsi des vecteurs de propagation. Et peu importe que la Floride n’ait pas de frontière avec le Mexique. Avant d’arriver en Floride, les migrants doivent traverser le Texas, la Louisiane, le Mississippi et une partie de l’Alabama. La quatrième vague a débuté début juillet en Floride.
Mais, on ne le sait que trop, une élection n’est jamais jouée d’avance et toute règle peut être remise en cause à tout moment. D’autant que les démocrates ne sont pas dépourvus. D’abord, le parti républicain a une mauvaise image. Une enquête réalisée fin juillet par YouGov indique 34 % seulement des Américains ont une opinion favorable du parti républicain et 56 % une opinion défavorable. De son côté, l’institut Quinnipiac révèle que 61 % des Américains ont une opinion défavorable des élus républicains du Congrès. Par ailleurs, sur les 34 sièges du Sénat qui seront renouvelés, les démocrates n’auront à en défendre que 14 contre 20 pour les républicains. Sur ces 34 sièges, 9 seulement seront disputés : 4 pour les démocrates (NH Hassan, NV Cortez, Masto, AZ Kelly, GA Warnock) et 5 pour les républicains (NC Open, PA Open, WI Johnson, FL Rubio, OH Open). Et à la chambre des représentants, ils auront également moins de sièges à protéger en raison d’une performance très moyenne en 2020.
Mais les républicains ont aussi de nombreux points forts. D’abord, ils sont à la manœuvre dans nombre d’états à la fois pour redessiner les districts (gerrymandering) afin qu’ils leur soient plus favorables. Dans ce processus de « charcutage électoral à visée partisane », ils ont un large avantage sur les démocrates : ils contrôlent 187 circonscriptions contre 75 pour les démocrates. Quatre états à majorité républicain (gouverneur + congrès) – Texas, Floride, Géorgie et Caroline du Nord – représentent 102 sièges de la Chambre des représentants. Selon la firme TargetSmart, ils pourraient reprendre entre 6 et 13 sièges lors des prochaines élections dans ces quatre états seulement. Ensuite, ils sont en train de voter des lois pour rendre le vote plus difficile à certaines catégories affectant assez largement les démocrates.
Les élections de mi-mandat seront affectées par la gestion de la crise épidémique. Et la quatrième vague de l’épidémie de la Covid a entraîné un retournement des esprits sans pour encore convaincre les antivax à se faire vacciner en grand nombre. Et pourtant, les témoignages de personnes dont un proche non vacciné a été emporté par le Covid sont de plus en plus visibles. Mais comme dit le proverbe : « On ne saurait faire boire un âne s’il n’a pas soif. »
Alors qu’il ne devrait pas s’agir d’une question électorale, elle est largement instrumentalisée par les républicains : interdiction de l’obligation du port du masque en Floride ou en Texas (Abbott Criticized for Ban on Covid Mandates as Cases Soar in Texas – Gov. Greg Abbott joins other Republican leaders standing by their orders against mandates for masks and vaccines), remises en cause de la vaccination – témoin la vidéo de Marjorie Taylor-Greene qui se félicite que son état ait le taux de vaccination parmi les plus bas des Etats-Unis : la représentante de la Géorgie va même jusqu’à dire que contre ceux qui font la promotion du vaccin, heureusement qu’il y a le deuxième amendement, une allusion étrange-, mise en cause permanente du CDC ou de responsables médicaux comme le Dr Anthony Fauci.
Les autres facteurs qui influenceront le résultat, la reprise économique sera un élément déterminant. Jusqu’ici, les résultats sont prometteurs : la croissance est au rendez-vous, l’emploi aussi. Les républicains pointent évidemment sur ce qui est préoccupant, notamment l’inflation dont une parte est clairement temporaire mais l’autre semble plus permanente. Si les lois sur l’infrastructure, « hard » et bipartisane à 550 milliards et « soft » via le processus de réconciliation pour contourner l’écueil du filibuster (la supermajorité des 60 voix au Sénat qui nécessite 10 voix de républcains), la reprise en sera d’autant plus forte. Les républicains sont en point sur la question de l’immigration – que certains utilisent sans honte ni vergogne comme cause à la reprise épidémique -, la criminalité qui connaît une certaine résurgence et la guerre culturelle.
[1] Statement by Donald J. Trump, 45th President of the United States of America
08/08/21
This is not an infrastructure bill, this is the beginning of the Green New Deal. The bill I proposed, which Mitch McConnell couldn’t do anything with, was pure infrastructure. I want what is best for America, not what’s best for the Communist Democrat Party. This will be a big victory for the Democrats and will be used against Republicans in the upcoming elections. Schumer is using the threat of “we can do it the hard way or do it the easy way” and keeping people in town. McConnell never did that on a real infrastructure bill. Hopefully the House will be much stronger than the Senate.
Statement by Donald J. Trump, 45th President of the United States of America
08/07/21
Joe Biden’s infrastructure bill is a disgrace. If Mitch McConnell was smart, which we’ve seen no evidence of, he would use the debt ceiling card to negotiate a good infrastructure package.
This is a 2,700 page bill that no one could have possibly read – they would have needed to take speed reading courses. It is a gift to the Democrat Party, compliments of Mitch McConnell and some RINOs, who have no idea what they are doing. There is very little on infrastructure in all of those pages. Instead, they track your driving so they can tax you. It is Joe Biden’s form of a gas tax but far bigger, far higher and, mark my words, far worse. They want to track you everywhere you go and watch everything you do!
Joe Biden’s infrastructure bill will be used against the Republican Party in the upcoming elections in 2022 and 2024. It will be very hard for me to endorse anyone foolish enough to vote in favor of this deal.
The good news is that the progressive wing in the Democrat Party will lose all credibility with this approval. Additionally, Kevin McCarthy and Republican House members seem to be against the bill. If it can’t be killed in the Senate, maybe it dies in the House!
Nancy Pelosi and the Democrats understand that this is the way to get the horrendous $3.5 trillion, actually $5 trillion, Green New Deal bill done in the House. Mitch is playing right into Nancy’s hands, not to mention the fact Chuck Schumer is already going around saying this is a big victory for the Democrats. Whether it’s the House or the Senate, think twice before you approve this terrible deal. Republicans should wait until after the Midterms when they will gain all the strength they’ll need to make a good deal, but remember, you already have the card, it’s called the debt ceiling, which the Democrats threatened us with constantly.
[2] Posttraumatic stress disorder (PTSD) is a psychiatric disorder that may occur in people who have experienced or witnessed a traumatic event such as a natural disaster, a serious accident, a terrorist act, war/combat, or rape or who have been threatened with death, sexual violence or serious injury.
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