« The only thing that stops a bad guy with a gun is a good guy with a gun » (le seul moyen d’arrêter un mauvais type armé est un bon type armé) tel est le slogan de Wayne LaPierre, le patron de la NRA. Interrogé à l’occasion d’un micro trottoir après la tuerie de Sutherland Springs (Texas), un passant répercutait sous une autre la même idée : « ce ne sont pas les armes qui tuent les gens, ce sont les gens ». Donald Trump, lui-même, juste après la tuerie, déclarait qu’il s’agissait-là d’un problème de santé mentale et non un problème de contrôle de la vente des armes à feu. Fermant d’emblée la discussion sur la question. Alors que dans l’attentat de New York, il s’était empressé de soulever à nouveau la question des armes à feu. Ceux qui oseraient pousser l’argument un peu plus se verrait opposer le deuxième Amendement dont la remise en cause pourrait être presque qualifiée de « unamerican ». Le président avait lui-même assoupli les règles pour l’acquisition des armes à feu.
Parmi les spécificités qui distinguent les Etats-Unis de tous les autres pays du monde, le nombre d’homicides volontaires par armes à feu et celui des tueries de masse – au moins 4 personnes – en est une, particulièrement regrettable. Et la différence est considérable. Le pays qui est en deuxième position de ce triste palmarès est le Yemen ! Entre 1966 et 2012, 31 % des meurtriers responsables des tueries de masse sont Américains selon une étude réalisée par Adam Lankford, professeur à l’unversité de l’état de l’Alabama. Le site Gun Violence Archive recense les tristes statistiques sur les homicides par armes à feu. En 2016, ce site enregistre près de 60 000 incidents référencés et plus de 15 000 morts et 383 tueries de masse. L’homicide est la cinquième cause de mortalité des femmes âgées de 18 à 44 ans selon l’institut Centers for Disease Control and Prevention (cité dans l’article Les tueries de masse aux États-Unis, une violence de genre). Et plus de la moitié de ces meurtres ont été commis par des hommes qu’elles connaissent.
En 2009, le taux d’homicide s’est élevé aux Etats-Unis à 33 décès par million d’habitants. Au Canada et en Grande-Bretagne, les chiffres sont respectivement de 5 et de 0,7 par million d’habitant. On constate donc ‘importance de l’écart. Le constat qui est fait régulièrement par les différentes études est que la criminalité n’est pas supérieure aux Etats-Unis que dans les autres pays mais elle est nettement plus léthale. Un Newyorkais n’a pas plus de chance d’être volé qu’un Londonien mais il a 54 fois plus de chance d’être tué à l’occasion de ce forfait.Le constat est posé et sans ambiguïté. Quelles peuvent être les explications ? Les Etats-Unis sont une société particulièrement violente ? Ils subissent des divisions raciales très fortes ? Il y aurait une proportion de personnes ayant des troubles mentaux ? Selon les nombreuses études faites sur ce sujet très délicat, aucune de ces raisons ne sont pas convaincantes. Il est une autre particularité qui peut être pointée : le nombre d’armes à feu en circulation. Les Américains représentent un peu moins de 5 % de la population mondiale, ils possèdent 44 % des armes à feu en circulation. Un Américain a 300 fois plus de chances d’être tué par arme à feu qu’un Japonais. Il y a 150 fois plus d’armes à feu aux Etats-Unis qu’au Japon. Ceci expliquerait-il cela ?
Cette détention des armes à feu est tout sauf régulière. Un petit quart de la population possède les 300 millions d’armes à feu. Certains Américains sont même de véritables collectionneurs, 3 % d’entre eux en possèdent plus de 17. Est-ce vraiment nécessaire d’en possédant autant. Le retraité de la tuerie de Las Vegas avait amassé un véritable arsenal de guerre. Devin Kelley, le tueur de Sutherland Springs était un ancien militaire à problème et n’avait pas été recensé comme tel et n’aurait jamais dû avoir accès aux armes qu’il détenait.
Selon le journaliste britannique Dan Hodges cité dans l’article du New York Times (What Explains U.S. Mass Shootings? International Comparisons Suggest an Answer), le massacre de Sandy Hook dans laquelle une vingtaine d’enfants avaient été tuées marquait la fin du débat sur les armes à feu : « Once America decided killing children was bearable , it was over ». Et après l’épisode de Sutherland Springs, certains ont même repris l’idée qu’il fallait avoir des vigiles armés dans certains endroits comme les églises. Donald Trump n’avait-il pas dit lui-même que la tuerie avait été circonscrite grâce à une personne armée présente sur les lieux. Ce n’est donc pas moins mais plus d’armes à feu qui permettraient de sécuriser la société américaine. Un cauchemar en devenir !
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