Le sujet revient tous les quatre ans mais rien ne change. Les élections du président des États-Unis fondées sur le collège des grands électeurs a montré une fois de plus ses limites et surtout ses faiblesses. Et pourtant, depuis la victoire de George W. Bush face à Al Gore, une majorité des Américains souhaitent changer de système, sans discontinuer depuis une vingtaine d’années. Le niveau le plus bas était en 2017 juste après l’élection de Donald Trump où seulement 27 % des républicains y étaient favorables. Avaient-ils compris à l’époque que changer le système éloignait pour longtemps une victoire aux élections. C’est ce que rappelle le dernier sondage réalisé par Pew Research Center.
Bien sûr, la position sur ce sujet dépend fortement chez les démocrates et les républicains. Chez les premiers, ils sont environ 70 % à souhaiter un autre mode d’élection avec une assez forte stabilité. Chez les seconds, la proportion est beaucoup plus fluctuante. Cette position a même été majoritaire (54 %) en 2012, l’année où Barack Obama a été réélu. On ne voit bien quel système auraient-ils pu invoquer pour que Mitch Romney remporte les élections. En revanche, elle est tombée à son niveau le plus bas en 2017 (27 %) après l’élection de Donald Trump. Comme s’ils avaient bien compris que seul ce système indirect leur donner quelque chance de remporter les élections. Avec 3 millions de voix populaires de moins que son opposante démocrate, Donald Trump a pu remporter l’élection à la suite d’un alignement des planètes improbable.
Ceux qui y sont opposés – on vient de voir qu’il s’agit surtout des républicains – invoquent les Pères fondateurs et affirment que tout changement serait contraire à leur projet initial. Qu’il ne serait pas compatible avec le régime fédéral des États-Unis qui doit donner la primauté aux Etats. En fait, la raison est plus prosaïque : sans ce système et en l’état actuel des forces politiques et de la démographie, les républicains auraient beaucoup de mal à accéder à la Maison-Blanche.
Alors que la voix de l’Amendement est illusoire tant elle est compliquée, il en est une, beaucoup plus simple, qui est proposée par The National Popular Vote Interstate Compact. Le mécanisme est très simple : au lieu d’attribuer les voix des grands électeurs au candidat qui a remporté l’Etat (selon la règle du Winner Takes All), on les approprie au candidat qui a remporté le plus de voix au niveau national. Une modification mineure pour un changement majeur. Et ce projet avance. 16 juridictions représentant 196 electoral votes, incluant 4 petits états (Delaware, Hawaii, Rhode Island, Vermont), 8 états de taille moyenne (Colorado, Connecticut, Maryland, Massachusetts, New Jersey, New Mexico, Oregon, Washington), 3 grands états (California, Illinois, New York), et District of Columbia y a adhéré. Rappelons qu’il faut arriver à 270 voix pour que ce système puisse entrer en vigueur. C’est le Colorado qui a adhéré en dernier à ce projet par le biais du vote à la proposition 113 lors des élections du 3 novembre 2020.
Pour en savoir sur le projet The National Popular Vote Interstate Compact
National Popular Vote
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